Tribune libre

LES COMMISSIONS À LA MANIÈRE DE M. NKANGANYI

 Par Déogratias Nkunzimana

Vendredi, le 20 juillet 2007, Monsieur Jean-Charles NKANGANYI a publié un article intitulé «De l’usage des Commissions d’enquêtes Présidentielles et/ou Parlementaires pour résoudre la crise politique actuelle ( dysfonction au parlement, parlementaires pro-Radjabu, affaire Falcon, affaire Putsch, etc.) : vérité et réconciliation. Je l’ai lu attentivement et c’est le moment de donner ma réaction.

 

À mon avis, M. Nkanganyi semble nous mettre sur une piste qui ne mène nulle part pour les gens habitués à la politique burundaise. Vous vous souvenez qu’au moment de la grave crise et à la période très dure où beaucoup de gens subissaient les foudres de l’Armée monoethnique tusie, Son Excellence le Président de la République d’alors, Monsieur Sylvestre NTIBANTUNGANYA, utilisait ce soi-disant moyen de Commissions d’enquêtes. Celles-ci n’ont pas donné des résultats intéressants pour la population. Jusqu’à présent, j’affirme que les résultats sont inconnus par la majorité de burundais.

 

Qu’il me soit permis de mentionner que ce qui intéresse la population de nos collines sont des projets concrets, observables, mesurables ou quantifiables. Bien que je ne sois pas contre ces Commissions souhaitées par M. Nkanganyi, rien ne peut m’empêcher de douter de leurs résultats. Les dirigeants devraient se soucier surtout des intérêts réels de la population.

 

En outre, Monsieur Nkanganyi semble mêler les cartes en ne séparant pas le travail des Parlementaires et celui de la Présidence. Il va même jusqu’à revenir sur « l’affaire du Putsch » comme il l’appelle, au moment où le Tribunal a déjà rendu sa décision. De plus, il cherche ce qu’il appelle « la vérité » en oubliant que ce concept est simplement idéaliste et non réaliste. Je dirais humblement à M. Nkanganyi que les hommes de la loi dont les avocats lui diront que la vérité n’existe pas. En simplifiant les choses, j’ajouterais que ce que M. Nkanganyi appelle « vérité »pourrait se concrétiser lors des « négociations ou consultations ».

 

Là où je suis en parfait désaccord avec mon frère Nkanganyi, c’est quand il mentionne que le début de ses travaux souhaités commencerait sur les crimes de 2005. M.Nkanganyi fait abstraction du projet de la Commission Vérité et Réconciliation qui devrait tenir compte des crimes commis dès 1962. Personnellement, je considère qu’un crime est un crime. Qu’il soit commis en 1962 ou en 2005, l’important est que les auteurs soient traduits en justice. Heureusement que le plan d’action sera celui des autorités compétentes en la matière et non celui que M.Nkanganyi et moi écrivons sur les sites.

 

Comme M.Nkanganyi a beaucoup parlé de la vérité et la réconciliation, je profite de cette occasion pour lui rappeler simplement que le Parti au Pouvoir devrait normalement prêcher par l’exemple pour être plus crédible. C’est ainsi que beaucoup de gens ont fort admiré le courage et la détermination de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Pierre NKURUNZIZA. En nommant Madame Immaculée NAHAYO et M.KARENGA aux fonctions de Ministres, il a prouvé qu’il croit en réconciliation. Celle-ci est possible et chaque chose a ses débuts. Puissions-nous donc espérer que c’est le commencement de la réconciliation au sein du Parti CNDD-FDD qui pourra même alimenter la Commission Vérité et Réconciliation? Oui, moi j’y crois car, comme disent les sages burundais, « Umwera uva i bukuru ugakwira hose ».

 

 

 

Par Déogratias NKUNZIMANA