La Conférence de presse du FRODEBU,

Source www.frodebu.be

03-03-2008

MOT LIMINAIRE D’UNE CONFERENCE DE PRESSE ORGANISEE PAR LE PARTI SAHWANYA-FRODEBU SUR LE NOUVEAU BLOCAGE DES INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI

Bujumbura 03 mars 2008

Mesdames ;
Messieurs les journalistes ;
Distinguées invités ;

Par la présente conférence de presse, le Parti Sahwanya-FRODEBU voudrait éclairer et tranquilliser l’opinion publique sur l’éventuelle crise au sein de l’Assemblée Nationale. Les compromis sont en voie d’être trouvés. C’est un exercice auquel les burundais sont habitués.

D’aucuns, y compris les médias, s’interroge sur le « nouveau blocage des institutions de la République du Burundi » en particulier le blocage des activités de l’Assemblée Nationale.
Quoi de plus normal quand on sait que dès la mise en place du Parlement et du Gouvernement juste après les élections de Juin-Août 2005, aucune des deux institutions n’a fonctionné conformément à la constitution de la République du Burundi et à la loi !

Vous vous souviendrez qu’un gouvernement conforme à la constitution a été mis en place le 28/11/2007 à la suite de nombreuses pressions de la population burundaise dans toutes ses composantes et à celle de la communauté internationale.
Quant au Bureau de l’Assemblée Nationale, elle a toujours fait recours à l’usage de la force pour faire voter certains projets de loi et pour certaines nominations en témoignent les nombreuses saisines de la Cour Constitutionnelle par des députés qui étaient opposés à l’usage de la force et à la violation de la Constitution par le Bureau de l’Assemblée nationale.

En toute logique, ce qui se passe à l’Assemblée Nationale ne devrait surprendre personne. Cela s’inscrit dans le prolongement des crises institutionnelles provoquées par le Parti CNDD-FDD dans son expérimentation dans la gestion des affaires de l’Etat ; dans la confusion entretenue des rôles entre les Pouvoirs du Parti et les Pouvoirs d’Etat ; dans la confusion entre la Constitution du pays et les statuts du Parti CNDD-FDD.

Vous vous souviendrez également qu’à moins de 2 ans seulement, entre la gestion d’un maquis et la gestion d’un Etat moderne, le Gouvernement a subi plusieurs remaniements dont deux Premier-vices et trois deuxième Vice-présidents de la République, 3 Ministres des Finances, 4 Ministres du commerce et de l’Industrie, 4 Ministres de la planification et 4 Gouverneurs de la Banque de la République du Burundi. Ajouter à cela deux Présidents de l’Assemblée Nationale et deux Premier Vice Présidents de la même Institution. Ne perdez pas de vue que l’Assemblée Nationale a passé presque toute l’année 2007 dans un état de paralysie totale et les nombreuses déstabilisations des Administrateurs Communaux et les blocages des Conseils Communaux.

Nos échanges vont porter sur la nature et les mobiles de cette crise sur son évolution les entraves ainsi que les alternatives de solutions.

Quelle est, maintenant la nature de la crise au sein de l’Assemblée Nationale ?
Un Bureau de l’Assemblée Nationale déstabilisé irrégulièrement par le CNDD-FDD, et incapable de tenir une séance plénière régulière.

Quels en sont les mobiles ? Tout ce passe exactement comme si le Parti CNDD-FDD veut créer et entretenir le chaos et l’anarchie dans le pays de peur de perdre les élections de 2010.

Quelle est l’évolution de cette crise ? Vers la fin du mois de janvier 2008, le CNDD-FDD exclu de ses rangs l’Honorable Alice NZOMUKUNDA et voudrait que cette décision soit exécutoire à l’Assemblée Nationale sans aucun débat, ce qui est paradoxal. Une décision d’un Parti Politique, soit-il le CNDD-FDD ne peut pas être imposé à l’Assemblée Nationale sans débat. Depuis le 4 février 2008, le Président de l’Assemblée Nationale, au lieu de chercher des compromis politiques pour mettre un terme à cette soi-disant crise, il se perd dans l’organisation des séances plénières irrégulières en violation du Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale qui stipule, en son article 19, que : « le bureau de l’Assemblée Nationale est composé d’un Président et autant des Vice-présidents qu’il y a des groupes parlementaires, en respectant les équilibres ethniques et de genre.»

Quelles sont les entraves à la résolution de cette crise ? Le manque de consensus sur l’ordre du jour de la première séance plénière et la qualité du Bureau de l’Assemblée Nationale face aux défis en perspectives.

La confusion et entretenue entre les Ministres et les Vice-ministres par manque de texte réglementaire sur le fonctionnement du Gouvernement. Le Bureau de l’Assemblée Nationale élargi aux présidents des Commissions, seul organe habilité à proposer un ordre du jour à la séance plénière n’est pas encore mis sur pieds, faute d’un Bureau régulier.

En effet, les Députés ne se sont pas fait encore inscrire dans les Commissions Permanentes pour élire de nouveaux Présidents et Bureaux des Commissions Permanentes alors que c’est le 1ère activité que doit réaliser l’Assemblée Nationale au début de la session du mois de Février. Le problème réside dans le refus du Président de l’Assemblée Nationale à se conformer à la Constitution et au Règlement Intérieur en matière de procédure législative.

Face à cette situation d’impasse, le parti Sahwanya-FRODEBU, comme il l’a toujours fait, va s’investir pour que des compromis acceptables soient trouvés rapidement à ces entraves.

Le Parti Sahwanya-FRODEBU va s’investir parce que :

1. La pseudo crise devient quand même de plus en plus profonde et inquiétante ;
2. Le système institutionnel burundais est bloqué ;
3. La persistance de cette crise peut conduire à des décisions qui compliqueraient davantage la résolution du conflit de celle-ci.

En effet, si la crise s’aggravait :

• L’assemblée Nationale peut être divisée jusqu’à l’arrêt total de ses activités entraînant par là l’arrêt des activités du Sénat et celles du gouvernement déjà en difficulté de fonctionnement ;
• Le Président de la République peut être tenté de faire recours à l’article 115 de la constitution avec toutes conséquences qui peuvent s’en suivre ;
• Dans un pays ou le réflexe militaire reste encore prépondérant, la tentative d’un putsch militaire ne serait pas à exclure ;
• Dans un pays ou le réflexe de la dictature est encore d’usage, des répressions aveugles y compris des assassinats des leaders politiques, sociaux et moraux opposés à cette dictature n’est pas à écarter.

Dans chacun de ces cas, la principale victime est le Peuple burundais car les fonds promis au Burundi ne seront pas décaissés, aucun des programmes sociaux et économiques annoncés ne sera pas réalisé. Les projets et les propositions de lois ne seront pas votés.

Face à une telle situation, de nième blocage institutionnel, comment peut on expliquer l’inaction ou le silence du Président de la République garant du bon fonctionnement des institutions du pays ?
Il est donc du devoir du Parti Sahwanya-FRODEBU, de tout citoyen honnête et même de la Communauté Internationale de dénoncer et décourager ces manœuvres politiciennes du Parti au Pouvoir qui ne peuvent mener que dans la paralysie totale du pays et dans l’abîme.

Le Parti Sahwanya-FRODEBU propose le schéma ci-après afin de résoudre cette crise dans le calme et la sérénité :

• L’arrêt de la tenue des séances plénières forcées et irrégulières qui risquent de conduire à des solutions irréfléchies ;

• La reprise des consultations entre le Président de l’Assemblée Nationale et les Honorables Députés sur la régularisation du Bureau élargi de l’Assemblée Nationale, sur la mise en place de la Commission Spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’assurer le suivi du processus de paix entre le Gouvernement du Burundi et le Mouvement PALIPEHUTU-FNL d’Agathon RWASA, et sur l’élection des Députés de l’Assemblée Législative de la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Le Parti Sahwanya-FRODEBU réaffirme son engagement fermer à œuvrer pour que des compromis acceptables soient trouver afin de mettre un terme à cette crise politico-institutionnelle et ainsi donner plus de chance à la conclusion d’un accord applicable entre le Gouvernement et le PALIPEHUTU-FNL d’Agathon RWASA, à la préparation et à l’organisation des élections de 2010 ainsi qu’à la relance de l’économie nationale et à la réconciliation nationale.

Le parti Sahwanya-FRODEBU demande à toute personne physique ou morale, à la communauté internationale de tout mettre en œuvre pour que le Burundi ne sombre pas dans une catastrophe humanitaire.

Je vous remercie.

 

La Rédaction