Burundi news, le 23/07/2009

 
CONFERENCE DE PRESSE ANIMEE CONJOINTEMENT PAR LES PARTIS POLITIQUES PARLEMENTAIRES SUR LE CADRE LEGAL DES ELECTIONS



Mesdames, Messieurs les Journalistes,

Distingués Invités,

Mesdames, Messieurs,


Pour la toute première fois, nous animons ensemble cette conférence de presse comme partis politiques parlementaires pour des raisons que nous voudrions mettre en exergue dès l’entrée du jeu.

Premièrement, il est une question ces derniers jours qui domine les débats aussi bien dans la rue comme dans les média de tous ordres, mais surtout qui reste préoccupante pour nous en tant qu’acteurs politiques : il s’agit du projet du cadre légal des élections en particulier le code électoral qui oppose le parti au pouvoir et les autres partis politiques.

Deuxièmement, la volonté du gouvernement de faire cavalier seul dans un processus électoral qui appelle la participation de tous les citoyens répartis dans les partis politiques agréés au Burundi ne peut manquer d’inquiéter.

Mesdames Messieurs les Journalistes,

Distingués Invités,

Mesdames, Messieurs,

Vous vous en souviendrez que tous les partenaires nationaux et internationaux, y compris les Nations Unies, le Gouvernement du Burundi, la Société civile burundaise ainsi que les partis politiques, avaient organisé ensemble au cours de ces derniers mois, de vastes consultations à travers notamment le Projet « Cadre de dialogue » dont les Nations Unies et le Burundi sont partenaires. C’est ainsi qu’une table ronde regroupant tous les Partis politiques, y compris le parti au pouvoir, la société civile, le clergé, les anciens Chefs d’Etat, les experts nationaux et internationaux sur le thème de la transparence et de l’intégrité du processus électoral, a été organisée récemment à Bujumbura.

A l’issue de toutes ces consultations de haut niveau, des recommandations convergentes ont été faites et ont abouti à la confection d’un document synthèse qui donne les principales orientations de ce que devrait être le contenu du code électoral burundais pour les élections prochaines. Tous ces partenaires avaient exprimé une grande satisfaction à l’endroit de ces conclusions.

A la grande surprise de tous ces partenaires nationaux et internationaux, le projet de code électoral, qui vient d’être présenté au Conseil des Ministres en date du jeudi 09 juillet 2009 par le Président de la République du Burundi s’écarte complètement de l’esprit et de la lettre du document produit au terme de la table ronde susmentionnée.

Pour ne mentionner que quelques-uns, ces écarts préjudiciables touchent notamment dans les dispositions suivantes : Articles 55, 96, 103.

1. Contrairement à ce que prévoit la Constitution de la République du Burundi dans ses articles 96 et 103 qui fixent les mandats des Institutions électives de la République et déterminant de facto les périodes électorales de ces Institutions, le Projet de code électoral présenté au Conseil des Ministres déclare dans son exposé des motifs que l’ordre des élections est inversé par rapport à ce qu’avait prévu la Constitution. Au terme de cette proposition du Président de la République du Burundi et de son parti politique le CNDD-FDD, les prochaines élections au Burundi devraient commencer par les élections présidentielles, quitte à ce que les autres scrutins suivent.

Sur cette question, nous rappelons que nous légiférons non pas sur base des élucubrations et des intérêts politiques d’un parti politique, mais sur base des intérêts de tout un peuple, et dans le strict respect de la loi fondamentale du Burundi. Autrement dit, chercher à changer l’ordre des scrutins relève d’une volonté coupable d’imposer aux Burundais un point de vue visant à chambarder et détourner le processus électoral au profit du seul Parti au pouvoir. Nous rappelons que les mandats vont se terminer dans l’ordre suivant :

Les conseillers communaux ;

Les députés ;

Le sénat ;

Le Président de la République.

Par conséquent, c’est dans cet ordre que les institutions de la République doivent être pourvues et non l’inverse.

Il n’existe donc aucune justification valable de changer cet ordre en dehors de la volonté du Parti au pouvoir d’imposer le cadre de direction du pays du sommet à la base.

2. Quant au type de bulletin, ledit projet de loi en son article 55 réintroduit l’usage des bulletins de vote multiples alors que tous les acteurs politiques, la société civile ainsi que la communauté internationale ont clairement recommandé l’usage d’un bulletin de vote unique pour mettre fin à l’usage du terrorisme et de la force sur les électeurs qui ont été constatés au cours des élections de 2005.

Nous revenons avec insistance à cette question d’autant plus que sur terrain nous constatons que les opérateurs à la solde du parti au pouvoir donnent déjà des consignes aux citoyens de rentrer des isoloirs électoraux avec les bulletins de vote des autres partis pour montrer que les électeurs ont bel et bien voté CNDD-FDD.

Si nous avons utilisé les symboles des partis en 1961 lorsque nous avions moins d’instruits il devrait être plus aisé de les utiliser en 2010. De même, si au KENYA, au CONGO, en AFRIQUE DU SUD et ailleurs, l’on utilise le bulletin unique, pour quoi ne pas utiliser au Burundi où le taux d’alphabétisation rivaliser avec les pays sus-mentionnés.

De surcroît, le bulletin unique reste économique, exige moins de manœuvres pour l’électeur et occasionne moins de fraudes. Autant l’on ne se trompe pas avec les billets de banque qui ne sont que signes autant l’on ne saurait se tromper avec des symboles de leurs partis politiques qui vont leur être enseignés.

3. Revenant sur l’arbitrage des élections, l’article 3 du même texte propose que les missions, la composition, le mandat, l’organisation et le fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante soient déterminés par un décret présidentiel alors que la table ronde et tous les autres partenaires politiques susmentionnés avaient recommandé que cette importante Commission soit gérée par une loi pour éviter que la commission soit à la merci des pressions diverses du Gouvernement au pouvoir.

4. Le même projet de code électoral introduit une majoration de 500% de la caution des candidats présidents de la République. Celle-ci passe de trois millions à quinze millions de francs burundais. Cette majoration n’a jamais été évoquée nulle part au cours de ces nombreuses consultations ; elle cache mal une démarche d’exclusion des candidats potentiels, compte tenu de l’état de délabrement de l’économie nationale et de l’amenuisement des revenus des contribuables n’ayant pas puisé impunément des caisses de l’Etat.

Aussi, ce projet de code électoral introduit-il de nouvelles règles de répartition de sièges des Députés et de cooptation qui visiblement s’écartent de l’esprit inclusif prôné par l’Accord d’Arusha.

C’est pourquoi nous dénonçons publiquement ces manœuvres frauduleuses et cette violation systématique de la constitution, en même temps qu’il choisit délibérément de passer outre la volonté du peuple et des partenaires tant nationaux qu’internationaux clairement exprimés à travers les consultations susmentionnées.

Convaincus que les prochaines échéances électorales constituent une étape décisive dans la consolidation de la démocratie, la stabilisation des institutions, de la paix et la sécurité dans le pays, nous en appelons à toutes les forces vives de ce pays à ne pas tolérer pareille escroquerie, mais à rester vigilantes, dans le calme et sérénité, et à refuser énergiquement ce diktat du parti au pouvoir.

Au gouvernement du Burundi, et au parti au pouvoir, principalement à l’endroit du Chef de l’Etat garant du respect des lois en générale et de la constitution en premier lieu, nous disons que le moment n’est pas au bricolage des lois, et qu’ils seront les seuls comptables à tout désordre pré ou post électoral qui en résulterait.

A la communauté internationale, spécialement aux pays et institutions qui ont accompagné notre cher pays dans sa difficile et longue sortie de crise, nous réitérons nos remerciements et les exhortons à donner des signes clairs au gouvernement du Burundi contre cette dérive, et à redoubler de soutien à l’endroit des forces politiques et de la société civile déterminées à refuser que le parti au pouvoir replonge le Burundi dans l’instabilité et le chaos politique.

Enfin, aux militants et sympathisants de nos partis politiques respectifs, nous adressons nos vifs remerciements pour la détermination, l’esprit de concorde national et participation citoyenne dont ils ne cessent de faire, et les exhortons à travailler de concert face aux usurpateurs des acquis démocratiques.

En conclusion, nous, partis politiques parlementaires, déclarons que nous sommes farouchement opposés à un projet de loi si biaisé, si truqué et qui, de toute évidence, va replonger le pays dans l’insécurité et l’instabilité politique, dans l’anarchie et le chaos hypothéquant ainsi ce que les burundais ont construit, avec le concours de la Communauté Internationale quinze ans durant.




Fait à Bujumbura, le 22 Juillet 2009


Les partis animateurs de la conférence


Pour le parti Sahwanya-FRODEBU :


Pour le parti UPRONA :


Pour le parti CNDD :


Pour le parti MRC RURENZANGEMERO :