LE CONSEIL DE SECURITE ET L'UNION AFRICAINE DANS LE DOSSIER BURUNDAIS

 Burundi news, le 22/10/2015

Par Gratien Rukindikiza

Difficile de décrire ce qui se passe au Burundi. Le troisième mandat d'un homme pris dans sa folie meurtrière est en train de faire un carnage au Burundi. Nkurunziza qui se prétend à tort chef d'Etat burundais a mis en place une machine, une machine à commettre un génocide. Ce génocide burundais a déjà commencé. Il est différent de celui qui s'est passé au Rwanda car il est sur le long terme au Burundi. Les tueries se passent tous les jours, par dizaine. C'est un véritable génocide. Il y a ceux qui l'exécutent, ceux qui le planifient et d'autres qui incitent au génocide.

Nkurunziza et sa clique tuent impunément. Personne ne pouvait s'imaginer qu'il y a des Burundais aussi sauvages qui pouvaient ouvrir le corps d'un mort et sortir son cœur. Des barbares sont au pouvoir du Burundi et personne n'aurait pensé que des barbares, des sauvages pourraient être à la tête de l' Etat Burundais.

Pourquoi une telle sauvagerie? Sont-ils confiants en eux-mêmes?

Le conseil de sécurité au chevet de Nkurunziza

Aujourd'hui, la guerre froide n'est plus d'actualité. Pourtant, les Russes et Chinois d'un côté sont opposés aux Américains et Européens sur plusieurs dossiers à savoir l'Ukraine, la Syrie et d'autres. Au conseil de sécurité de l'ONU, les Américains et Russes s'affrontent et chacun des deux agite son droit de veto en cas de besoin. Ces divergences à l'ONU profitent à Nkurunziza. Aucune décision ne peut être prise car les Russes et Chinois bloquent. Ils bloquent non pas parce qu'ils ont des intérêts ou sont des amis avec les Burundais. Ils le font seulement pour s'opposer aux Américains. Aucune résolution sur le Burundi ne peut sortir de l'ONU. Le machin devient finalement le protecteur de Nkurunziza via les vetos des Russes et des Chinois.

La position de la France semble la plus ambiguë. Soutiendrait-elle Nkurunziza ou est-ce une stratégie de dialogue continu? Lors de l'investiture de Nkurunziza, il y avait trois diplomates à savoir un diplomate russe, un diplomate égyptien et un diplomate français. La France se retrouve au dernier rang des pays occidentaux influents au Burundi pour faire pression à Nkurunziza. Elle agit comme si elle voulait soutenir le pouvoir sanguinaire de Nkurunziza et en même temps cacher son jeu pour ne pas être en contradiction avec les autres pays européens. La politique française en Afrique souffre d'une tare. C'est qu'elle est dirigée par le ministère de la défense à la place du ministère des affaires étrangères. Ce ministère n'est pas en odeur de sainteté avec le gouvernement de Kagamé à la suite de l'arrivée au pouvoir du FPR  en 1994. Cette position française par rapport au Burundi tient à ces relations difficiles avec le Rwanda. L'ennemi de mon ennemi devient mon ami selon l'adage connu.

L'Union africaine durcit le ton contre Nkurunziza

Mieux vaut tard que jamais. L'Union africaine avait donné une impression d'immobilisme face à la situation qui prévaut au Burundi. Un diplomate français me disait que la France adoptera la décision de l'Union Africaine et que tant cette décision ne sera pas prise, elle ne pourra pas faire beaucoup de choses.

L'Union Africaine remet en cause les élections car elles n'ont pas été ni  crédibles, ni transparentes, ni régulières et ni libres. Cela signifie que l'Union Africaine ne reconnaît pas le résultat des urnes. Elle enfonce en plus le clou en affirmant qu'il y a des actes de tortures au Burundi, des exécutions  extrajudiciaires et des atteintes aux droits de l'homme.

Le Burundi se retrouve sur les bancs des accusés. Le fondement des  manquements de Nkurunziza est l'Accord d'Arusha. Or, l'Union Africaine lui rappelle qu'il ne peut pas remettre en cause les acquis considérables enregistrés grâce à l'Accord d'Arusha.

Le sinistre conseiller Nyamitwe vient d'affirmer que les négociations se font en interne, pratiquement avec ceux qui sont dans le gouvernement. L'Union Africaine  leur demande de négocier avec tous les acteurs politiques. Nyamitwe se moque du monde. Il fait le même jeu que son frère Alain, ministre nommé par Nyamitwe Willy, qui ne se prive pas de traiter de tous les noms les diplomates étrangers.

Et les Burundais?

Le conseil de sécurité, l'Union africaine ne pourront jamais se substituer aux Burundais. Ce sont les Burundais acteurs de la politique burundaise. Si la question du 3 è mandat a suscité beaucoup d'attention au niveau international, c'est qu'il y a eu des manifestations. Aujourd'hui, le monde s'intéresse très modérément du Burundi parce qu'il y a du sang. C'est regrettable de le dire, c'est ce sang qui attire la curiosité et ce sang aussi qui maintient le Burundi dans l'œil de la communauté internationale. Un fonctionnaire de l'ONU me disait que la question du Burundi n'est pas encore au point de susciter toute l'attention du conseil de sécurité. Il m'a demandé combien de morts et j'ai dit plus de 2 000 et il m'a répondu que ce n'est pas assez. Voilà la réalité. Un otage occidental mort est à la une des journaux pendant une semaine. 2 000 morts burundais et on nous dit que tout est terminé car les médias n'en parlent pas.

La pression maintenue sur le pouvoir de  Nkurunziza quelque soit sa forme aboutira à une négociation inclusive et pourra faire arrêter la violence. Par ailleurs, si les Burundais se rendent tous à la messe pour implorer Dieu de ramener la paix au Burundi, ils se rendront compte finalement que Dieu ne dispose pas de régiments de militaires. Si non, compte tenu des sollicitations des Burundais, il aurait déjà envoyé une mission militaire d'attaque et de pacification.

Les négociations pourront commencer à Kampala ou en Ethiopie. Le pouvoir de Bujumbura serait suicidaire s'il refusait ces négociations.