LES CONSEQUENCES DE LA LUTTE INTERNE AU CNDD-FDD

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 13/07/2008

Tout commence par une arrogance, un refus de dialogue, un mépris du Président de la République et la machine se referme sur celui qui se croit plus patron que le patron. Au CNDD-FDD, l'histoire se répète et personne n'arrive à en tirer une leçon. Le Président Nkurunziza, fier de sa stratégie d'escargot, laisse faire et laisse aussi la situation pourrir pour secouer les cocotiers au moment où les fruits sont mûrs.

Une coalition contre le Président Nkurunziza

Les griots zélés ne manqueront pas de répliquer sous des pseudonymes, mais la vérité est une et elle finit par apparaître au grand jour. Au CNDD-FDD, quelque chose se trame contre le Président de la République. Il reste à savoir s'il s'agit d'une destitution par le Parlement réunis ou une autre forme. Mais une lutte au sommet a des revers de la médaille. Ceux qui se croient plus malins se retrouvent pris au piège.

Le président du Sénat, le président de l'Assemblée sous tutelle du président du CNDD-FDD, le président du CNDD-FDD, le 2 è vice-Président de la République soutenus par l'un ou l'autre cadre du parti et deux généraux sont convaincus que les choses vont mal et veulent les changer. Si les choses vont mal, le président du CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana est en grande partie responsable car il y contribue énormément. Pourtant, son groupe n'hésite pas à raconter dans les salons de Bujumbura que le Président de la République est un incompétent. Rien de nouveau.

De l'autre côté, le Président de la République est au courant de tout, grâce à ce général qui joue dans les deux camps. Selon les informations en provenance de la Présidence de la République, le limogeage de Jérémie Ngendakumana est une question de mois. Il peut se faire en douceur en le nommant à un poste ministériel ou sous une autre forme. Pour les deux présidents des chambres du Parlement, leurs déplacements à l'étranger sont déjà limités. C'est ainsi que le président du Sénat n'a pas pu se rendre au Canada faute de visa. Certains cadres de la Présidence affirment sous couvert d'anonymat que la Présidence y est pour quelque chose. Quant à Gabriel Ntisezerana, il est assis sur un siège éjectable. Il devra faire attention avec le dossier Interpétrole.

Dossier Interpétrole au milieu de la guéguerre interne au CNDD-FDD

Un signe qui ne trompe pas. Le site Abarundi, proche de Gabriel Ntisezerana, 2 è vice-Président de la République et Jérémie Ngendakumana, vient de republier l'avis de recherche d'Interpol de Denise Sinankwa. Le rappel de cette information cache un malaise et porte le cachet de Ntisezerana dont son service de la communication gère ce site. Gabriel Ntisezerana a de quoi être mécontent mais pas contre Denise Sinankwa qui est devenue très silencieuse.

La colère de Ntisezerana s'appelle le règlement à l'amiable du dossier Interpetrole. En effet, le patron d'Interpetrole Taruk est rentré comme un prince au Burundi. Il a été accueilli par des personnalités de la Présidence de la République et un ambassadeur d'un pays voisin à sa descente de l'avion. Son arrivée à Bujumbura était attendue d'autant plus qu'il avait commencé à livrer le carburant plus de 2 mois avant. Il est arrivé au moment où le groupe EINGEN et son complice Ntisezerana commençaient à mettre la pression sur les prix de carburant. Ntisezerana avait fait tout pour évincer Interpétrole et faire limoger Denise Sinankwa au ministère des finances.

Interpétrole travaille au grand jour, une convention a été signée entre la Présidence et Interpétrole, il est difficile de comprendre pourquoi Isaac reste en prison sans procès, ni dossier et Denise Sinankwa est toujours fichée chez Interpol. Un seul dossier a été dépénalisé pour un coaccusé et reste pénal pour deux autres. S'il n' y a pas eu de double paiement comme nous l'avions affirmé, Isaac Bizimana  et Denise Sinankwa devraient être libres de leurs mouvements à l'étranger ou au Burundi. S'il y a eu double paiement, qu'est-ce qui empêche la justice de montrer le dossier aux avocats des concernés?

Le retour de Taruk signifie aussi la relance de ce marché pétrolier et la fin du quasi monopole du commerce de pétrole. Les facilités d'approvisionnement des stations de Gabriel Ntisezerana vont disparaître. Il aura à affronter le marché comme tout pétrolier. Ce retour est aussi l'échec du groupe Ntisezerana-Jérémie Ngendakumana car Taruk a négocié uniquement avec la Présidence de la République. Ntisezerana a été écarté de ce dossier. Pire, il a été accusé d'avoir instrumentaliser le dossier au détriment des intérêts du Burundi.

Et si le départ de  Jérémie Ngendakumana était souhaité par plusieurs cadres du CNDD-FDD?

Certains cadres du CNDD-FDD disent ouvertement qu'ils souhaitent le départ de la présidence du CNDD-FDD. Certains l'accusent d'être corrompus et des malversations au sein du CNDD-FDD seraient monnaie courante.

Comme du temps de Radjabu, c'est au moment où la fin s'approche qu'on se dit qu'on a beaucoup de pouvoir. Jérémie Ngendakumana est dans une phase de bras de fer avec le Président Nkurunziza sur plusieurs dossiers.