VERS UN CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION BURUNDAISE

Burundi news, le 13/10/2013

Par Gratien Rukindikiza

Le Burundi est dans une phase d'attente, attente des élections qui se passeront dans plus d'un an et 8 mois. Les élections de 2015 ne sont pas comme les autres. Elles diffèrent de celles de 1993 car le Président Buyoya en place en ce moment était disposé à quitter le pouvoir et à assurer des élections dans la démocratie et la transparence. Celles de 2005 étaient dans la volonté du changement. Le peuple voulait en finir avec le couple Frodebu-Uprona. En 2010, l'opposition ne s'attendait pas à de telles tricheries et a eu un coup de fouet. Elle a laissé le Président Nkurunziza jouer seul pour asseoir sa dictature.

Un conseil des ministres pour applaudir le Président qui veut changer la constitution

Peut-on dire que tous les ministres présents autour du Président au conseil des ministres qui a duré deux jours du 09 au 10 octobre 2013 étaient de l'avis du Président pour de tels changements? Il est clairement indiqué qu'il y aura après un seul vice-Président et un premier ministre. Est-ce que les deux vice-Présidents étaient d'accord pour perdre leurs places?

Au conseil des ministres, il y a aussi des membres de l'Uprona. Je peux parier que l'Uprona ne sera pas enthousiaste à cette modification de la constitution, à moins de descendre en enfer comme ce parti en a l'habitude dans ces jours.

Qu'est ce qui va changer?

Dans toute annonce politique, il y a la façade qui est présentée pour cacher le fond qui fait peur. La proposition de changer le poste de vice-Président pour le remplacer par celui d'un premier ministre ne nécessite pas une précipitation à moins de deux ans des élections. Un vice-Président et un premier ministre pour épauler le Président, voilà une nouveauté burundaise. Est-ce que le vice-Président sera d'honneur comme les affaires du gouvernement seront du ressort du premier ministre qui rend compte au Président? Ce poste de vice-Président est un trompe l'œil qui sera réservé à l'Uprona pour s'allier au CNDD-FDD pendant les élections. Après tout, l'Uprona n'a jamais dénoncé les tueries ou la spoliation du pays par l'équipe dirigeante. L'Uprona participe aussi au pouvoir et aussi responsable des massacres des militants du FNL, de la corruption érigée en mode de gouvernement.

Le non dit de cette modification de la constitution est aussi le changement du mandat présidentiel qui sera porté à 7 ans au lieu de 5 ans. Il sera mentionné aussi  que les durées de mandats courent à partir de la promulgation de cette nouvelle constitution. Les Burundais devront se préparer au pire, Nkurunziza Président à vie, 7 ans renouvelables suivis d'une autre modification de la constitution pour retirer la notion de deux mandats par Président.

La volonté est de faire comme l'East Africa. Sauf que, à part le Rwandais Kagamé, aucun autre Président n'a été élu pour un mandat de 7 ans.

Il sera question aussi d'enterrer Arusha pour un pouvoir du seul CNDD-FDD qui aura le loisir d'être élu ex quo avec le ZANU PF de Mugabe les premiers partis dictatoriaux en Afrique. Mugabe et Nkurunziza seront consacrés les pires des Présidents de l'Afrique. Enterrer Arusha dans un climat de tension actuelle revient à refaire naître une insécurité; voire des troubles.

Nkurunziza ne pouvait pas briguer un 3 è mandat

Ne pouvant briguer un 3 è mandat, en changeant carrément la constitution, le Président Nkurunziza sera candidat en se basant sur cette nouvelle constitution qui sera votée lors d'un référendum basé sur un bourrage des urnes.

Son troisième mandat était déjà compromis car plusieurs pays occidentaux lui avaient déjà signifié qu'il ne pouvait pas briguer un 3 è mandat sans une entente avec l'opposition. Or, c'est le dialogue qu'il refuse.

Le CNDD-FDD convaincu de ne pas gagner les élections en toute transparence

En football, une équipe de football sûre de gagner ne cherche pas à corrompre l'arbitre et n'intimide pas les concurrents. Toute équipe qui commence avant le match et même pendant le match à brutaliser l'équipe adverse est une équipe convaincue de sa faiblesse. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec le CNDD-FDD. Prenons le CNDD-FDD convaincu de sa prochaine victoire. Il laisserait les opposants faire leurs réunions tranquillement, il n'aurait pas recours aux milices imbonerakure pour intimider les opposants et arracher les drapeaux des autres partis, il ne ferait pas recours à la police et aux services de renseignement pour museler l'opposition. Convaincu de la victoire, il accepterait le changement de la composition de l'équipe de la CENI que l'opposition reproche d'avoir triché au profit du même CNDD-FDD pour mettre des gens reconnus indépendants.

Le comportement actuel du CNDD-FDD ressemble à toutes les dictatures haïes par les peuples. Elles ont peur d'une gifle électorale et se munissent des outils de répression pour un coup d'Etat électoral.

En réalité, le CNDD-FDD a déjà compris qu'il ne peut pas gagner les élections. Son comportement le montre clairement. Si le CNDD-FDD se dit confiant en la victoire, il lui appartient de le démontrer par les actes de confiance.