L’ADMINISTRATION NKURUNZIZA N’A PAS TENU SES PROMESSES  

 Burundi news, le 26 janvier 2007

Par Pierre Claver Niyonkuru

Je suis parmi ceux qui suivent avec grand intérêt l’actualité burundaise. Pour deux raisons principales, d’abord parce que j’aime mon pays, ce qui fait que je cherche à savoir son évolution. Ensuite, parce que je veux toujours rester près des miens, même si loin.

Cependant, je ne m’intéresse  aucunement à l’actualité de ce pays de mille et une collines parce que je fais la politique ou voudrais la faire un jour. Par ailleurs, je ne suis membre, ni du parti au pouvoir, ni de l’opposition, mon vrai parti politique est le pain, la paix, la démocratie et le bonheur pour tous les burundais. Je ne suis pas catholique, je ne suis pas musulman, je ne suis ni bouddhiste ni orthodoxe, ma vraie religion est le pain, la paix, la démocratie et le bonheur pour tous les burundais.

Comme beaucoup d’autres Burundais, j’avais, en Août 2006 accueilli à bras ouvert le pouvoir du CNDD-FDD parce que, vu son l’histoire de ce mouvement, j’avais cru qu’il oeuvrera pour le peuple afin que ce dernier dise au revoir à tous les malheurs qu’il avait endurés plusieurs décennies durant. Aujourd’hui tous mes espoirs sont quasiment tombés dans l’eau, car l’actuel gouvernement n’a pas fait ce dont les burundais avaient vraiment besoin, il n’a pas tenu ses promesses.

Le CNDD-FDD et son gouvernement ont menti au peuple burundais.

Pour ce qui est des mensonges du parti au pouvoir, je vais me limiter au seul exemple du montage du putsch qui est devenu un secret de polichinelle. Je sais qu’aujourd’hui, le nom de Radjabu fait couler beaucoup d’encre et de salive que ce soit au Burundi ou à l’étranger. Ceux qui veulent son départ lui attribuent toutes les fautes commises depuis la prise du pouvoir par le CNDD-FDD. Néanmoins, je suis convaincu que Radjabu n’a pas travaillé seul, il y a certainement eu un réseau mafieux qui l’épaulait dans ses sales besognes et un autre groupe de gens qui a été complice en ne dénonçant pas les erreurs pour ne pas perdre certains privilèges leur accordés par le système Radjabu. On se rappellera que plusieurs fois le président de la République a affirmé que son gouvernement détenait des preuves d’un complot contre les institutions démocratiquement élues. Des ministres comme celui de la communication et porte parole du gouvernement ainsi que le procureur général de la République feront la même chose. De passage à Bruxelles, le 08 janvier 2007, je n’ai pas assisté à la rencontre de Radjabu et les militants de son parti mais en discutant avec ceux qui y ont pris part, ils m’ont dit que Radjabu avait affirmé une fois de plus que les preuves étaient bel et bien là. Quand on lui a posé la question de savoir pourquoi les journalistes avaient été acquittés, il a répondu que les juges aveint été manipulés. Quelle drôle de manipulation !

On nous disait, depuis le début de cette histoire de coup d’Etat monté, qu’il fallait laisser la justice faire son travail. Aujourd’hui que la justice a donné raison aux journalistes et différentes organisations qui n’ont pas cessé de dire que ce putsch était un pur montage, l’observation que j’en fais est que c’était réellement une machination destinée à faire taire l’opposition et tous ceux qui osaient dénoncer les différents manquements du pouvoir en place. Dieu merci les burundais ont pu déchiffrer ce plan macabre. Le CNDD-FDD, voulait-il une démocratie sans opposition ? En principe, si le Burundi était un pays réellement démocratique, après ce scandale, l’actuel gouvernement aurait dû démissionner. Tenez ! Le président de la République ayant lui-même affirmé à haute voix que le putsch était réel, je crois, du moins démocratiquement parlant, qu’il y a deux possibilités :

1. Que les fausses informations qu’il a communiquées aux Burundais et à la communauté internationale lui ont été fournies par ses services de renseignement, ce qui signifie qu’il doit courageusement démettre de leurs fonctions les auteurs de ces informations et faire un bon ménage dans son entourage.

2. S’il fait lui-même partie du montage, eh bien, au nom du respect qu’il doit au peuple qui lui a porté au pouvoir ;  il devrait démissionner et laisser place à des nouvelles élections. Ce n’est pas politiquement correct qu’un peuple continue à être dirigé par des menteurs. Disons le, le CNDD-FDD, dans son état actuel n’a plus d’autorité morale de diriger le Burundi car plusieurs de ses dirigeants sont de loin ou de près impliqués dans ce montage sans oublier plusieurs actes de corruption.

Au lieu de développer le pays, le pouvoir en place l’a ruiné davantage.

Avec ce putsch monté de toutes pièces, le gouvernement vient, une fois de plus de ruiner le pays qui se trouve déjà en pleine faillite. Songeons, à tous les moyens qui ont été débloqués pour ce pseudo procès et les éventuelles indemnités qui devront être versées aux faux putschistes. Ce sont des sommes colossales que le contribuable Burundais devra payer alors qu’il meurt de faim. Je signale en passant les quelques millions de dollars que les Burundais ont perdu dans la vente illégale de l’avion présidentiel.

Alexis Sinduhije, un grand Homme à honorer.

Je voudrais rendre un vibrant hommage à Alexis Sinduhije et à tous les journalistes qui n’ont pas cessé, malgré les intimidations, à informer le public. Monsieur Sinduhije a  non seulement créé une Radio qui fait vivre plusieurs familles actuellement, mais il a toujours informé les burundais surtout et il n’a jamais eu peur de dénoncer tous les abus dont se rendent coupables les différents dirigeants. Je sais que quelques individus, probablement proches du parti au pouvoir et visiblement non informés, ont cherché à salir cet Homme dont le courage est impressionnant. Je ne connais pas sa vie privée, d’ailleurs elle intéresse peu les Burundais mais je respecte son professionnalisme et son courage hors du commun. C’est un journaliste au vrai sens du terme. « Naho woba wanka agakwavu, uremera ko kazi kwiruka ».

Quand le gouvernement ‘élu’, qui a donc droit de donner, même gratuitement, l’avion des Burundais, se permettait de vendre l’avion présidentiel à un prix affreux, Alexis Sinduhije n’a jamais cessé de chercher une information fiable pour la livrer au public. Quand les dirigeants mentaient au peuple Burundais qu’il y avait un coup d’Etat en pleine préparation, Alexis Sinduhije a fait ses investigations, par des moyens, certes difficiles, et a affirmé haut et fort que ce faux putsch n’était qu’un pur montage du pouvoir en place. Dans les deux cas ci haut cités et dans bien d’autres, l’histoire n’a pas tardé à lui donner raison. Quelques soient nos appartenances politiques ou religieuses, ne devons- nous pas respect à un tel Homme ? J’espère qu’il se trouvera sur la liste des personnes que le président va honorer la prochaine fois….

Les problèmes internes au sein du parti au pouvoir.

N’étant pas membre du CNDD-FDD, je ne connais pas grand-chose sur les problèmes internes à cette formation politique mais ce qui est sûr, les problèmes sont là. En tant que citoyen burundais, je vais rappeler aux militants de ce parti qu’ils ont la charge de gérer tout un pays et aux prochaines élections, ils auront des comptes à rendre au peuple qui lui a confié cette mission. J’espère surtout que les militants du CNDD-FDD sauront mettre à leurs places, tous ces malhonnêtes qui ont trempé dans des dossiers louches.

Je propose également au parlement et au sénat burundais d’entreprendre des enquêtes sur toutes les affaires qui ont marqué l’actualité ces derniers temps : les tueries à Kinama et à Muyinga, le montage du putsch, la vente de l’avion présidentiel,… sans oublier la levée d’immunité des députés Léonard Nyangoma et Mathias Basabose, qui, à mon avis n’ont pas respecté les principes démocratiques. Entre temps, les Burundais et la communauté internationale attendent impatiemment les résultats de ces enquêtes.

Si le CNDD-FDD s’est battu pour la démocratie et le respect des droits de l’homme, je tiens à souligner que depuis son accession au pouvoir en Août 2006, il y a eu des burundais qui ont été forcés de partir en exil par les intimidations et la terreur qui leur ont été infligées par certains dirigeants, parce qu’ils avaient justement dénoncé ce qui n’allait pas.

 Chers dirigeants, croyez- vous vraiment dans une paix et une démocratie durables quand des citoyens fuient leurs pays parce que leurs vies sont menacées ? Ne trouvez-vous pas opportun d’établir une politique qui tranquillise toutes les filles et les fils du Burundi ?

A mon humble avis, je pense que nous avons besoin des autorités qui aiment le pays et nous qui sommes à l’étranger, avons besoin de rentrer donner notre coup de main dans la reconstruction de notre chère patrie tant meurtrie. Rappelez-vous que les Burundais ont faim, c’est ça le grand problème auquel nous devons nous attaquer. N’avez-vous pas des remords quand vous dormez paisiblement dans les belles villas de Bujumbura alors que vos électeurs agonisent à Cendajuru à cause de la faim ?