LES CORROMPUS BURUNDAIS ET LA BANQUE MONDIALE

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 12/04/2009

Le Burundi est un pays pauvre et il a besoin du financement de la Banque Mondiale. Certains projets financés par la Banque Mondiale sont sous surveillance de ce bailleur de fonds. Certains Burundais ne l'ont pas bien compris. Ils ont cru que le pouvoir peut les protéger pour piller les fonds de la Banque Mondiale.

Deux cas nous intéressent pour le moment. Il s'agit du financement de la démobilisation des combattants et des militaires, la DDR et l'Office des Routes pour la construction de la route Rumonge.

Le général Silas Ntigurirwa est accusé d'avoir détourné plusieurs centaines de millions à la DDR et reste tranquille

Le dossier de la DDR est né d'une visite de la Banque Mondiale au Burundi et votre site vous l'avez relaté. Il avait essayé de faire peur aux conseillers de la Banque Mondiale qui l'accusaient de détournement. La Banque Mondiale avait exigé du Burundi de changer la direction de la DDR. Après le rapport de la Banque Mondiale, plus de 3 ans ont passé avant que le Président Nkurunziza accepte de lâcher le général Ntigurirwa. Un rapport de l'Inspection générale de l'Etat a permis le limogeage de ce général. Toutefois, il bénéficie d'une certaine immunité du Président Nkurunziza. Le général est  au ministère de la défense, son ministère d'origine.

La justice burundaise ne peut pas prendre en main son dossier car il contient des secrets d'Etat. Le pillage de la DDR est une affaire présidentielle. Selon une source proche des enquêteurs de la Banque Mondiale, les fonds de la DDR ont financé en grande partie la fondation Ubuntu appartenant à la Madame Nkurunziza. Les pièces à conviction existeraient et un rapport confidentiel a été déjà transmis à qui de droit. Silas Ntigurirwa est alors protégé pour éviter qu'il déballe dans la rue les secrets de la DDR. S'il a détourné, il a profité de ce système corrompu au sommet. Il n'est pas le seul coupable. Les victimes sont ceux qui auraient dû bénéficier de ces fonds, à savoir les démobilisés.

La route Rumonge et la condamnation de l'ancien directeur de l'office des routes

Le procès de Jean de Dieu Hatungimana, ancien directeur général des routes, est arrivé à sa phase finale. Il vient d'être condamné à 15 ans de prisons et à 250 millions de francs bu. Le procès avait commencé il y a plus de deux ans.  Il s'agissait de la reconstruction de la route de Bujumbura vers Rumonge. Dès le départ, ce fut lamentable. La société était incapable de construire la route et entre temps, des centaines de millions étaient détournés.

La Banque Mondiale avait constaté que le directeur général de ce moment avait détourné beaucoup de centaines de millions de francs Bu. Elle avait exigé du pouvoir de limoger Jean de Dieu Hatungimana. Elle a fini par avoir gain de cause.  A la grande surprise de tout le monde, il a été nommé Directeur général de la SIP(Société Immobilière Publique).

Politiquement, Jean de Dieu Hatungimana qui vivait en France et qui dirigeait la section du CNDD-FDD en France, a choisi le chemin du retour au Burundi. Il était proche de Radjabu jusqu'au moment où il a constaté que la chute de Radjabu était inéluctable pour qu'il se range parmi les plus actifs. Dans la fameuse histoire des soi disants Barimiro ou groupe de Gitega, Jean de Dieu Hatungimana, originaire de Gitega, a joué la carte du Président et en s'opposant ouvertement aux cadres ressortissants de Gitega.

La relance de son procès lui paraît incompréhensible. Il est étonnant de constater que l'emprisonnement d'Alexis Sinduhije pour des raisons politiques apparaissent à certains comme normal alors que une peine prononcée à l'encontre de celui qui aurait détourné des fonds de l'Etat devient un scandale. Membres du CNDD-FDD, certains se croient à l'abri de la justice. Quand elle frappe, la cause est ailleurs. C'est ainsi que Jean de Dieu Hatungimana affirme que la relance de son procès est l'œuvre d'Onésime Nduwimana, directeur général de la Socabu comme s'il était le ministre de la justice ou serait en bonne position avec le pouvoir pour le faire; ce qui n'est pas le cas.

Il semble alors que les cadres du CNDD-FDD sont au courant que la justice n'est pas indépendante, qu'elle est téléguidée. Dans ces batailles internes au sein du CNDD-FDD, la vérité finira par sortir de ces combats.

En réalité, si le Président de la République a laissé le jugement de Hatungimana, c'est qu'il l'a lâché car il a constaté que le mythe des gens de Kirimiro ne tient pas. Il peut se passer de gens encombrants qui promettaient de les combattre. Tout ce qu'on peut souhaiter est que la justice triomphe. Si Jean de Dieu Hatungimana est innocent, que la Banque Mondiale s'est trompée, il faut que le justice l'innocente. Si il a détourné des centaines des millions pour construire son immeuble dont les photos sont dans les dossiers de la Banque Mondiale, que la justice maintienne sa sentence. Rien à faire. La place des coupables, c'est en prison, celle des innocents en liberté.