LA CORRUPTION EST RESPONSABLE DE LA STAGFLATION AU BURUNDI
Burundi news, le 12/03/2011
Par Gratien Rukindikiza
La corruption est pire que tous autres maux dans un pays. Elle ramène la guerre, la pauvreté, les maladies, l'ignorance etc...
La corruption est le fruit d'une maladie de haine de son peuple du Président, qu'il soit celui d'aujourd'hui ou ceux d'avant. Celui qui aime son enfant ne mange pas sa nourriture pour le laisser mourir de faim. Le corrompu tue plus qu'une arme à feu. La corruption devait être classée parmi les crimes de sang.
Pas de développement dans un pays corrompu
Un pays corrompu est condamné à s'appauvrir quelque soit sa richesse. Nous avons vu le Congo de Mobutu sombrer dans la pauvreté sans précédent alors que ses richesses minières étaient inégalées en Afrique. La corruption décourage les investisseurs, réduit la richesse du pays.
Si le Burundi a pris un essor important dans son développement du temps de Bagaza, c'est que son régime a été synonyme de bonne gouvernance, de discipline au travail. Depuis la chute de Bagaza, le Burundi a plutôt détruit ce qui a été construit. Si Buyoya I n'était pas corrompu, la politique d'unité nationale a occasionné un laisser- aller qui n'a pas permis de combattre la corruption. Depuis Buyoya II, la corruption a été le leitmotiv des pouvoirs. Le pire est en cours aujourd'hui.
La corruption au service de la stagflation au Burundi
Il y a deux sortes de corrompus : Ceux qui investissent dans le pays pour produire et faire fructifier son argent sale et ceux qui placent à l'étranger ou cachent l'argent dans une structure non productive.
Au Burundi, les corrompus n'investissent pas. L'argent du budget destiné à financer des investissements publics ou des achats aux fournisseurs burundais est détourné et placé à l'étranger. D'autres placent dans l'immobilier. Cet argent placé à l'étranger correspond à une masse monétaire qui sort du circuit de production ou de consommation. Comme les investissements manquent, la production devient rare et les produits chers; d'où l'inflation. Il suffit de détourner les fonds destinés à soutenir la production du riz par exemple pour que la production reste constante ou baisse au moment où les consommateurs augmentent. Les prix doivent monter nécessairement dans un marché libre.
Le manque de liquidité diminue la production car l'argent détourné cause un préjudice au projet prévu en soi mais aussi à l'économie. Une masse monétaire est retirée de la circulation en raison des devises sorties des caisses de la banque pour être placées à l'étranger. C'est la règle des agrégats économiques. Cette masse monétaire avait été créée à la suite de la rentrée des devises au pays, il est normal qu'elle soit détruite quand ces devises sortent du pays. Cette diminution de la masse monétaire est aussi un manque de financement de l'économie. L'économie recule et c'est la stagnation. Les prix montent au moment où l'économie stagne. C'est ce qui est appelé stagflation en terme économique.
Plus la corruption va augmenter au Burundi, plus l'économie va stagner et les prix vont augmenter.
Le prix de la corruption a connu aussi l'inflation. Corrompre est une affaire de centaines de milliers pour de petits dossiers et de dizaine de millions pour des dossiers intermédiaires et des centaines de millions pour de gros dossiers. Les prix ont été multipliés par 10 depuis l'arrivée du CNDD-FDD au pouvoir. Il est difficile d'avoir un service sans corruption. En plus, la corruption a connu l'inflation. S'il vous plaît les corrompus, baissez les prix de la corruption au moins pour soulager ce peuple!
Sauvons le corrompu Nkurunziza
Le Président Nkurunziza veut appliquer la tolérance zéro au niveau de la corruption. Une rumeur court à Bujumbura à propos de cette annonce de tolérance zéro. Certains généraux auraient été reçus par le Président à leur demande. Ils lui auraient demandé à qui s'appliquera la tolérance zéro comme ils ont les premiers corrompus. Il les aurait rassurés qu'ils ne seront pas concernés.
Si le Président Nkurunziza veut combattre la corruption, il devra d'abord demander au citoyen Pierre Nkurunziza de donner un exemple en arrêtant sa propre corruption. Il devra traduire en justice ce citoyen pour plusieurs cas de corruption à savoir les exploitations minières, Falcon 50, les cahiers ougandais, le pétrole nigérian, le fonds destiné aux militaires burundais en Somalie, les passeports, les immatriculations des véhicules etc... Il est difficile qu'un voleur attrape les autres voleurs dont il est complice. Un véritable cercle vicieux. Nkurunziza a bien piégé le Président Nkurunziza et le premier coulera le deuxième.
La corruption liée aux passeports burundais est le triple de son prix
La société indienne qui fournira les passeports burundais voulait les vendre à 80 000frs bu. Le passeport sera à 325 000 frs, prix de vente aux Burundais. Pourquoi cette augmentation de prix?
Le général Bunyoni, ministre de la sécurité publique et le président du CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana qui est dans tous les dossiers, ont négocié avec le fournisseur pour augmenter les prix afin de leur reverser une partie de la marge. Cela revient à demander à chaque Burundais qui achète un passeport de passer au guichet de l'Etat pour verser 80 000 frs bu et de passer au guichet commun privé Bunyoni-Ngandakumana pour verser 155 000 frs bu. Qu'est-ce qu'ils sont gourmands? Ils veulent prendre deux fois plus que le fournisseur. Voilà la vraie question de l'augmentation de ces passeports. Renonceront-ils à cet "argent facile et sale"?
Demain, les Burundais seront appelés à payer l'impôt de la corruption. Un guichet unique et rapide au profit de certains dignitaires du CNDD-FDD sera installé. Tout citoyen devra payer pour éviter que ces rapaces s'accaparent de l'argent de l'Etat. Le citoyen s'appauvrira mais ces nantis s'enrichiront. C'est la loi de la force. Tant que le peuple ne se révoltera pas pour reprendre le pouvoir, il devra payer. C'est le butin de la guerre. Celui qui s'installe par force dans votre maison, a le loisir de la piller jusqu'au moment vous trouverez la force de le chasser ou de trouver un ami qui vous aidera à le chasser.
Le colonisateur pillait la richesse et ne l'investissait pas au Burundi. Aujourd'hui, ce sont des Burundais qui pillent la richesse et n'investissent pas au Burundi. Quelle est la différence? La couleur de la peau? Ce n'est pas un problème. Ils sont de la même classe, les pilleurs du Burundi. Ce ne sont pas les miettes laissées au peuple sous la forme des bonnes oeuvres du Président qui changent la nature du corrompu. Quelqu'un qui vous vole 1000 frs et vous laisse une pièce d'un franc est un voleur comme tant d'autres.
L'élection de Nkurunziza a été contestée. Il a la même légitimité que ceux qui arrivaient au pouvoir par la force. La légitimité d'un autre pouvoir demain ou après demain viendra du respect du peuple, de la bonne gouvernance, de l'organisation des élections dans un délai de quelques mois. C'est le peuple qui ne fera que reprendre ce qu'on lui a volé. C'est le droit absolu du peuple, en Tunisie, en Egypte, en Libye comme au Burundi.