LA NOUVELLE FORME DE CORRUPTION AU BURUNDI

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 07 avril 2006

Tout régime crie haut et fort qu’il va combattre la corruption. Certains ont commencé par mettre en prison les dignitaires des anciens régimes en les accusant de corruption. La volonté de s’enrichir, la malhonnêteté et la tricherie ne sont pas propres à un seul régime. Le plus souvent, ce sont les grandes gueules ou les tacticiens qui anticipent les changements pour être dans le prochain bateau. Animés de mauvaises intentions, le régime part avec un handicap. La chasse aux sorciers ne sert qu’à voiler la face et tromper le peuple.

Depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, le peuple a cru que la corruption serait du passé. L’équipe dirigeante a changé mais les défauts n’ont pas disparu. Certains cadres du parti avaient misé sur la corruption pour s’enrichir. La corruption a continué mais elle a changé de forme. Pour la première fois dans l’histoire du Burundi, la corruption au haut niveau s’est organisée en une sorte de centralisme. Une couverture est aujourd’hui demandée ou suggérée pour bien détourner. Certains cadres du parti sont devenus des professionnels en corruption. Ils bénissent les détournements moyennant un pourcentage. Ils affirment qu’avec leur protection, aucun dirigeant ne les inquiétera. La corruption autour des haricots de la Police Nationale a eu cette bénédiction. La deuxième corruption autour du marché du deuxième lot que nous n’avons pas encore développée a eu aussi la même bénédiction.

Certains malins, bien positionnés au CNDD-FDD, affirment qu’ils sont des envoyés de Radjabu, président du parti CNDD-FDD. Ils collectent de l’argent, soi-disant pour le parti, qu’ils mettent dans leurs poches sans que Radjabu soit au courant. Plusieurs cas sont signalés comme celui qui prétend maintenir un directeur général ou un autre haut fonctionnaire à son poste moyennant 5 à 10 millions de francs bu. Certains ont même payé et ont perdu leurs postes. Certains hauts fonctionnaires ont eu des demandes de « cotisations » pour avoir un rendez-vous avec Radjabu, le président du CNDD-FDD.

Aujourd’hui, la corruption est combattue par le régime en place. Le Président de la République et Radjabu, patron du parti au pouvoir sont connus pour être des hommes intègres. Par ailleurs, certains cadres du parti, estimant qu’ils ont bien milité ou beaucoup cotisé, se comportent en hors-la loi. Ils font croire qu’ils contrôlent tout ce qui se fait à l’Armée, à la Police, dans les ministères etc… Ils rendent  un mauvais service au parti et donnent une mauvaise image du parti.

Les commerçants qui veulent avoir les marchés publics se bousculent pour avoir la carte du parti CNDD-FDD. Ils croient ou ils ont entendu dire que, à défaut de la carte du parti, ils auront du mal à avoir les marchés de la Police, de l’Armée etc….

Le Burundi a besoin d’une justice sociale. Le détournement de 40 milliards de francs bu par an prive le pays d’une somme importante pour développer le pays. Si une couverture de certains cadres du parti soustrait un corrompu de la justice, ce parti risque de perdre son soutien populaire. Il appartient aux chefs de ce parti de sanctionner ces fautifs pour montrer qu’ils ne sont pas solidaires. La force d’un pouvoir ou d’une organisation réside dans sa capacité de faire respecter la loi et l’organisation surtout par rapport à ceux qui ont le pouvoir de décision ou d’influencer. Un régime est fort quand même les ministres ont peur de détourner par peur de la loi et des sanctions. Les citoyens sont égaux. Une même violation de la loi doit être punie quelque soit la personnalité qui l’a faite. Un cadre du CNDD-FDD n’est en aucun cas différent par rapport à l’Etat du paysan de Cankuzo ou de l’ouvrier de la Brarudi. Ils sont tenus par la même loi, égaux devant la loi.