LE MINISTERE DE LA BONNE GOUVERNANCE,  ETAIT-IL DEVENU LE MINISTERE DE LA BONNE CORRUPTION ?

 

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 27 octobre 2005

Les ministères de la Bonne Gouvernance existent en Afrique, on les trouve nulle part dans les pays développés. La création de ces ministères part du constat qu’il y a une mauvaise gouvernance. Pour lutter contre la corruption, la désorganisation des services de l’Etat et la bonne marche de la chose publique, certains pays créent ces ministères. Dans certains pays, ces ministères deviennent des garants de la bonne marche des services publics, de l’absence de corruption.

Au Burundi, le ministère de la Bonne Gouvernance et de l’Inspection de l’Etat a été plus un ministère politique que technique. Il fallait trouver un ministère d’Etat pour le CNDD-FDD en l’absence d’une vice-Présidence.

Depuis l’accession de Pierre Nkurunziza à la Présidence, un élément important a changé sans attirer l’attention des gens et surtout du locataire du ministère. Le ministère est devenu un simple ministère, comme les autres ministères. Il n’est plus un ministère d’Etat. Il ne peut donc pas donner des ordres aux autres ministères.

J’avais publié un dossier concernant la part du ministre de la Bonne Gouvernance actuel dans la corruption qui a entouré le marché des haricots de la Police. Joseph Ntakarutimana, ancien directeur de cabinet de ce ministère, avait eu sa part dans les 465 millions de francs qu’il a partagé avec un député du CNDD-FDD. Le dossier avait suscité des réactions positives de la part des internautes et des membres du CNDD-FDD. Les intéressés, bénéficiaires de 465 millions  sont à la recherche de l’origine de la fuite. C’est le cas de ce député qui jurait de se venger contre celui qui a donné les informations à Rukindikiza.

Mon objectif n’était pas de déstabiliser mon ami Joseph Ntakirutimana. Je devais informer pour que ces actes cessent. Je devais rendre service au parti CNDD-FDD que j’ai soutenu lors des élections. Le fait de l’avoir soutenu me pousse à ne pas tolérer les écarts de ceux qui veulent salir ce parti et surtout contre les intérêts du peuple. Il appartient au parti de savoir corriger les écarts de ses membres. Ce n’est pas mon devoir d’autant plus que je ne suis pas membre de ce parti.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le ministère de la Bonne Gouvernance est devenu le ministère de la Bonne Corruption. Un commerçant m’a expliqué que le ministère est connu dans le monde des affaires. Le ministre est capable d’arranger des situations à coup de centaines de millions de francs bu. La situation est devenue catastrophique. Au lieu de combattre la corruption, le ministre est en phase d’être le champion de la corruption de l’équipe gouvernementale. Est-ce que l’ancien Président Ndayizeye avait raison de refuser la nomination de Joseph Ntakirutimana au ministère de l’intérieur ? Les événements risquent de lui donner raison.

A Ngozi et à Bujumbura, la dernière nouvelle est celle de ce commerçant pétrolier d’origine arabe du nom de Khalfan. Il a construit une station d’essence à côté d’une route sans autorisation, presque ! Il avait trouvé un moyen de contourner la loi pour éviter que sa station soit détruite. Il est entré en contact avec le ministre de la Bonne Gouvernance actuel Joseph Ntakarutimana et un député CNDD-FDD de Ngozi pour chiffrer le montant à leur donner pour contourner l’administration. Le ministre et son ami député ont été gourmands car ils ont exigé 145 millions de francs Bu. Khalfan, le commerçant, a jugé excessif ce montant et a refusé de payer. Le ministre a alors promis que la station serait alors démolie. A défaut de payer les 145 millions, la station sera bientôt rasée.

A la  Regideso, un appel d’offre a été lancé pour la fourniture des poteaux. Une ouverture des offres a eu lieu le 27/09/2005. Le futur perdant a fait un pourvoi en « cassation » au ministère de la Bonne Gouvernance, probablement à coup de promesse de rémunération de services rendus. Le ministre a suspendu la procédure pour exiger une modification du dossier d’appel d’offre afin de privilégier le perdant. Le ministre de la Bonne Gouvernance, diplômé de l’Institut Pédagogique du Burundi, se croit compétent pour dire qu’ un poteau traité à 100 % de son volume est traité de la même façon que celui traité à 30%. Ce n’est pas mon domaine les mathématiques, mais je crois savoir que celui qui a 100% n’a pas la même note que celui qui a 30%. Pourtant, le ministre veut inverser la compréhension des mathématiques. Pour éviter des recherches inutiles, l’information provient des services de la Regideso.

La bonne gouvernance n’est pas une chose facile  au Burundi. Si elle manque au ministère de la Bonne Gouvernance, autant supprimer le ministère la Bonne Gouvernance ou changer de ministre. S’il faut fermer les yeux et pratiquer la politique de l’autruche, le peuple n’aura que les yeux pour pleurer sa victoire volée.

Les cas de corruptions deviennent de plus en plus inquiétants de la part d’un ministre chargé de la Bonne Gouvernance. L’exemple a été donné. Nous allons assister dans les mois qui suivent à une explosion de corruption si une solution n’est pas trouvée.

Faudra-t-il s’inquiéter que les caisses de l’Etat soient vides ou que les fonctionnaires ne soient pas payés ?