Y-T-IL EU TENTATIVE DE CORRUPTION AUTOUR D’UN MARCHE DE 10 MILLIARDS DE FRANCS BU ?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 13 avril 2006

La politique burundaise est dominée actuellement par des histoires de corruption concernant des cadres du CNDD-FDD. Un a  démissionné, d’autres restent sous surveillance à l’intérieur du parti. Celui qui a démissionné a lancé des accusations qui sont réfutées par le même parti. Dans tous les cas, ces histoires laissent les Burundais perplexes. Comment un système de corruption s’est-il installé au Burundi dans un laps de temps par des membres d’un parti au pouvoir depuis moins de 10 mois ?

Nos articles antérieures ont suscité certaines interrogations quant à notre neutralité. Cependant, nous avons précisé que notre soutien à ceux qui veulent lutter contre la corruption n’est pas un chèque en blanc. Notre contribution ne se résume pas en soutien à ce combat s’il est sincère, mais surtout dans la révélation des cas de corruption qui concernent les cadres de ce parti. Nous commençons par cette tentative de corruption autour d’un marché de 10 milliards de francs bu concernant un marché de haricots, huile et autres nourritures pour les rapatriés. Nous aborderons prochainement les cas de corruption sur des marchés des haricots et de l’huile à la police nationale.

Au départ, la ministre de la solidarité nationale, de la réhabilitation et de la réinsertion des réfugiés était chargée de gérer ce dossier de passation de marché et elle est toujours  présidente du comité de gestion. L’enveloppe est passée  d’un  milliard à 10 milliards à moins d’une semaine. Ainsi, la quantité passait de 500 tonnes à 5 000 tonnes. Cette décision a été prise par une autre instance sans que le comité de gestion de ce marché soit au courant. L’huile industrielle chère a été refusée par le ministre de la solidarité nationale, Madame Françoise Ngendahayo, qui est en même temps présidente du comité de gestion. Le marché était probablement déjà attribué à une société de la place.

Incorruptible, la ministre de la solidarité nationale  est apparue comme un obstacle à ceux qui voulaient avoir des commissions occultes. Il avait été décidé en son absence de faire une offre restreinte à 5 commerçants déjà identifiés en un seul lot. Certains soupçonnent ces commerçants d'être proches du parti CNDD-FDD.  Or, un seul lot de 5 000 tonnes à livrer une fois est lourd à gérer et facilement périssable. Cela supposait aussi que certains commerçants soient déjà au courant des manœuvres pour gagner le marché. Les haricots devaient provenir de l’extérieur du pays  pour ne pas affoler le marché national. Le délai prévu était de 2 semaines ; ce qui ne permettait pas aux commerçants non avertis de respecter les délais.

Pour « couronner le dossier » en l’absence de la ministre de la solidarité nationale, le ministre des finances a signé le cahier des charges à la place de son collègues avec un PO. 

De retour au Burundi, la ministre a constaté que le procès verbal n’a pas été  respecté au niveau du cahier des charges. Le cahier des charges signé PO au nom de la ministre de la solidarité nationale a été contesté par la même ministre. Intraitable, elle a décidé de ne pas ouvrir les enveloppes sans donner un délai pour modifier le cahier des charges et laisser le marché ouvert à tous les commerçants. Selon des sources proches du ministère, les 10 milliards de francs Bu seraient scindés en plusieurs lots et le délai serait prolongé.

Colère de la part de ceux qui avaient « gagné » le marché avant l’ouverture des enveloppes. Le commerçant Ndayizamba, qui avait corrompu certains cadres du CNDD-FDD pour gagner le marché des haricots de la police nationale, était le pressenti pour gagner ce marché. Son lobbying était intense. Des pressions ont été signalées. D’où venaient -elles? Difficile d’y répondre. Une rumeur à Bujumbura dit que des camions remplis des haricots attendent à la frontière du Burundi alors que les enveloppes sont fermées.

Pourquoi ce commerçant Ndayizamba se retrouve –t-il dans tous les marchés de haricots truqués où il y a la corruption ? Pourquoi certaines autorités du Burundi, membres du CNDD-FDD, sont-elles pressées de construire deux, trois ou quatre maisons à n’importe quel prix ? L’enrichissement illicite est devenu un mot d’ordre chez certains cadres de ce parti. Le parti est condamné à balayer dans sa maison sous peine d’être remercié par le peuple dans quatre ans. La lutte contre la corruption doit sévir contre tous les corrompus quelques soient les places occupées.

Le Burundi a besoin des citoyens honnêtes, intègres comme ceux qui ont fait avorter cette tentative de corruption sur les 10 milliards de francs Bu.