QUAND UN COUP D'ETAT APPELLE UN AUTRE

 Burundi news, le 18/05/2015

Par Gratien Rukindikiza

On dit que l'appétit vient en mangeant. Que le pouvoir est attirant! Tout le monde se bouscule pour y aller. Personne ne veut sortir. Nous avons écrit un article sur le coup d'Etat manqué. Il a été très partagé et il a permis aux Burundais et à ceux qui suivent l'actualité burundaise de comprendre ce qui s'est passé réellement. L'histoire n'est pas terminée. Dans les enquêtes, burundinews s'est rendu compte d'une autre tentative de coup d'Etat en cette nuit du 13 mai 2015. Incroyable mais vrai, il nous a pris du temps pour être sûrs de l'information.

Pourquoi pas notre coup d'Etat?

Dans la journée du 13 mai 2015, le général major Niyombare a annoncé son coup d'Etat à la radio Isanganiro. Les militaires et blindés ont défilé en pleine ville à côté des manifestants qui ont pu arriver en centre ville pour la première fois. Nous n'y reviendrons pas. Vers 18 hrs, le ministre de la défense Gaciyubwenge et le chef d'Etat major Prime Niyongabo ont fait une réunion. Cette réunion devait préparer un autre coup d'Etat pour évincer Niyombare et aussi le Président Nkurunziza.

Les deux généraux major ont considéré que le général Niyombare ne pouvait pas prendre le pouvoir alors qu'il ne commande pas de troupes. Les deux qui devaient informer le Président Nkurunziza ont fini par le lâcher cette nuit. Il était clairement évoqué un coup d'Etat. Selon des journalistes de la RTNB, une équipe était déjà sur place au ministère de la défense.

Qui sera le chef? La question qui a tué le coup d'Etat

Les deux généraux avaient des troupes car ils commandaient l'armée. Pourtant, ils n'ont pas pu aller jusqu'au bout. Tous les officiers savaient qu'il y avait une guéguerre entre les deux chefs de l'armée. Le ministre de la défense ne pouvait pas accepter que le chef d'Etat major prenne le pouvoir. Ainsi, un troisième homme est apparu. Le ministre de la sécurité publique surnommé Tibia est allé rencontrer le ministre de la défense vers 13 hrs au ministère de la défense pour évoquer cette question. Pour le ministre de la défense, la présidence devait revenir au ministre de la sécurité publique Nizigama. Pour le chef d'Etat major, il était hors de question de l'accepter. Faute d'un consensus sur le futur chef, leur putsch a avorté.

Après cet échec, le chef d'Etat major a rejoint l'Etat major d'Adolphe Iwabonabantu pour monter qu'il soutient le Président Nkurunziza. En une journée, Prime Niyongabo et Gaciyubwenge ont trahi tour à tour Niyombare, Nkurunziza et eux-mêmes car ils se sont mis en danger.

Ce jour, le ministre de la défense est limogé et est remplacé par Emmanuel Ntahomvukiye, un civil de Gitega de l'ethnie tutsi comme le veut les accords d'Arusha. Willy Nyamitwe, l'homme qui a beaucoup exploité les conséquences de la tentative de putsch, vient de placer son grand frère Alain Nyamitwe au ministère des affaires étrangères et aussi Irina Inantore, très proche de Nyamitwe, au ministère du commerce.

Le Président Nkurunziza peut compter ses vrais fidèles. Il n'a besoin que les doigts d'une main.

Cher Nkurunziza, les signes d'un perdant sont là. Il suffira d'ouvrir les yeux pour vous rendre compte de la réalité.