LE COUP DE POCKER MENTEUR DE LA POLICE

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 06/06/2009

Jamais une enquête de la police burundaise n'avait eu autant de publicité. Cette enquête ne concerne pas un dossier de meurtre alors que ces dossiers ne manquent pas. Les assassins d'Ernest Manirumva courent toujours. Ce n'est pas ce dossier qui préoccupe les Burundais, surtout la société civile, qui préoccupe le directeur général de la police nationale. Son souci principal est surtout d'exécuter les ordres de ses supérieurs sans même penser aux conséquences pour le pays. Il sait bien que le poste qu'il occupe est une chaise éjectable. Ce ne sont pas ses compétences ou ses réalisations qui le maintiendraient à sa place s'il y avait un pouvoir qui veut améliorer les prestations de cette police.

La fin de la pièce de théâtre  de vandalisme des assurances

Quand des acteurs sont payés pour jouer un acte qui a le début et la fin, il s'agit d'une pièce de théâtre. Ceux qui ont vandalisé les assurances étaient en réalité des gens payés par les services de sécurité pour faire ce qui est prévu, ni moins ni plus en leur garantissant la sécurité. Le premier acte de vandalisme chez BICOR était le début de la saga. Le vandalisme de la SOCABU avait un symbole double. En s'attaquant à la société dirigée par le porte parole du CNDD-FDD, parti au pouvoir, les organisateurs voulaient montrer que les sociétés visées n'avaient pas été choisies pour des raisons politiques. En plus, ils se réservaient le droit d'accuser certains politiciens de l'opposition et probablement le directeur général Onésime Nduwimana, en raison des problèmes internes au parti au pouvoir. Certains proches du pouvoir n'ont pas hésité de propager des rumeurs d'un acte de sabotage fait par ce directeur général lui-même.

Pour couronner tout, la police s'est réservée le morceau du flagrant délit. Ce qui est très étonnant,  malgré les critiques de la presse,  la police n'a pas voulu protéger les autres assurances. Les planificateurs de ces sabotages ont eu usage de peu d'intelligence. Ils ont fait entrer encore une fois un homme qui a attendu le matin pour faire du tapage vers le matin pour se faire arrêter. Il aurait pu s'échapper s'il n'était pas acteur car les vigiles ont appelé la police et le comédien a attendu tranquillement qu'il soit arrêté. La police en a profité pour faire venir la population afin qu'elle assiste en direct à l'arrestation. Elle a dû attendre une heure avant de l'arrêter. Il était seul mais la police a affirmé que d'autres ont pu s'échapper. Par où? Personne ne le sait d'autant plus que les spectateurs n'ont vu personne d'autres sortir de l'immeuble.

En opérant cette arrestation, le directeur général de la police nationale recevait lui aussi son rôle dans cette pièce de théâtre.

La comédie ridicule et honteuse du directeur général de la police nationale

Son rôle était de convoquer les médias et les diplomates pour montrer et interroger en direct l'acteur principal de la pièce de théâtre. L'acteur était très à l'aise comme tout comédien. Il était souriant et affirmait tranquillement qu'il a participé dans ces vandalismes. Du déjà vu dans l'affaire Kadege-Ndayizeye de faux putsch. Le soi disant malfaiteur a affirmé qu'il y a derrière des politiciens. Tout le monde avait compris que c'est un coup politique de la part des mauvais joueurs et futurs mauvais perdants.

Le comédien n'a pas été choisi par hasard. Il était connu pour les jeux de hasard. Il venait de perdre sa moto dans un jeu de hasard et avait besoin d'argent. Il est tombé ainsi dans les filets des services de renseignement pour jouer ce rôle. Certains disent qu'ils étaient accompagnés de policiers lors de ses méfaits. Ainsi, les vigiles ne pouvaient pas les dénoncer sans risquer. Il est difficile de dire aux enquêteurs policiers envoyés par le pouvoir que les malfaiteurs sont des policiers en mission.

Après la conférence de presse, le directeur général de la police s'est mis aux confidences en présence des diplomates et des conseillers de la Présidence. Il a dit que les commanditaires sont les dirigeants du MSD. Très fort Ndayishimiye, alias Joke! La réplique a été sévère. Les diplomates lui ont dit clairement qu'ils ne vont pas jouer ce jeu et qu'il est inadmissible. Le directeur général de la police nationale a compris que son jeu vient de tomber à l'eau. Qui va-t-il convaincre? Eventuellement ses chefs pour leur expliquer que tout est démasqué et que cette pièce n'intéresse personne. La police vient d'arrêter un cadre de la Socabu. Le comédien est revenu à la Socabu où on lui a présenté les cadres de la Socabu pour qu'il désigne son complice.

Le chef de la Documentation, service de renseignement, a saisi l'occasion de cette fameuse porte ouverte, en réaction des critiques de ces derniers jours des assassinats orchestrés par ce service, pour lancer des menaces à l'égard des politiciens de l'opposition. Il a dit qu'ils sont en train de jouer avec le feu. Il n' y a pas plusieurs pays au monde où faire l'opposition ou demander l'agrément d'un parti est jouer avec le feu.

L'accusation lancée contre le MSD d'être derrière ces actes montre à quel point le pouvoir a peur de ce nouveau parti. Le pouvoir a tout fait pour ne pas l'agréer. Le Président Nkurunziza lui-même a donné un ordre formel pour ne pas l'agréer. Ceux qui ont reçu cet ordre en ont parlé car ils n'ont plus d'argument. Cette peur est symbole de l'appréhension d'une défaite électorale. Le pouvoir tient à renvoyer le président du MSD en prison. Il a usé de la corruption pour des plaintes insensées où une personne affirme détenir des preuves et produit ses écrits comme preuves irréfutables.

Jusqu'où ira le pouvoir pour éviter la défaite? Jusqu'à brûler le pays?