POURQUOI CES COUPURES D'ELECTRICITE AU BURUNDI
Burundi news, le 14/08/2011
Par Gratien Rukindikiza
L'économie burundaise est à l'image de la politique de ses dirigeants. La politique boite et aussi l'économie. Les Burundais le disent bien, un aveugle ne montre pas le chemin à un autre aveugle. La priorité de la "politique économique" burundaise reste la corruption. La corruption est devenue la seule matière dans laquelle le Burundi est parmi les cinq premiers.
Pourquoi les coupures en ce moment?
Le Burundi avait signé un contrat de 6 mois avec la société Interpetrole après un appel d'offre public. Le marché a été régulièrement gagné en raison de la bonne position de cette société qui dispose du grand stock de carburant au Burundi. La société s'engageait à fournir 10 MW tous les soirs de 18 hrs à 22 hrs, heures de pic au niveau de la consommation électrique. La ville de Bujumbura a pu éviter des coupures régulières comme ces derniers mois.
Après 6 mois, un autre appel a été lancé. Le gagnant a été une société nommée PIVOTECH, enregistrée en Tanzanie. Cette société s'engageait à fournir l'électricité au prix de 50 % de celui du carburant. Or, l'électricité produite se fait par les moteurs consommant le carburant. Il est pratiquement impossible de vendre l'électricité avec des in puts (Matières premières pour produire) ayant coûté le double du prix de vente. Les services de la Regideso n'ont pas compris que cette société s'engageait à faire l'impossible. Ils auraient au moins vérifié l'activité principale de cette société. En plus, le contrat a été signé pour 25 ans.
La stratégie de PIVOTECH
Cette société tanzanienne est spécialisée dans les installations des poteaux métalliques pour les antennes. La fourniture de l'électricité devrait être sous traitée. Cette société sous traitante compte installer une raffinerie pour produire un carburant moins cher. Or, ce n'est pas une raffinerie naissante au Burundi qui va produire moins cher le carburant pour le sortir à 50 % du prix du marché.
L'électricité fournie par cette société se fait attendre. Entre temps, Bujumbura manque d'électricité. Pire, Bujumbura manque plus de 10 MW qui étaient fournis avant. La Regideso retenait dans les bassins des barrages beaucoup d'eau. Après l'arrêt de la livraison des 10 MW, la Regideso a voulu combler en lâchant les réserves d'eau. Aujourd'hui, elle se retrouve avec un niveau faible d'eau; d'où une baisse spectaculaire de la quantité d'électricité.
La situation risque de durer longtemps d'autant plus que la société aura des difficultés à livrer l'électricité au prix convenu. Faudra-t-il casser le contrat pour revoir les prix et relancer l'appel d'offres? Les Burundais devront être patients. La Regideso a refusé des solutions alternatives et écologiques pour produire l'électricité pour des raisons de corruption. Le peuple sera servi après les dirigeants; d'où le problème de l'électricité au Burundi.