Par Solange Nzomwita.
Ceci est le troisième chapitre du célèbre feuilleton « Dossier Falcon 50 » qui nous réserve encore de rebondissements dans les semaines et les mois à venir. Pour tous ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de suivre les épisodes passés publiés sur le site www.burundibwacu.org que je remercie en passant ; le premier chapitre publié le 01 octobre 2006 s’intitulait « Dossier de la vente du Falcon 50 : le crash annoncé » , le deuxième chapitre publié le 22 janvier 2007 s’intitulait « Dossier Falcon 50, Le crash était annoncé et il se produira ».Ce dossier aura j’en suis certain une suite et je vous promets de le suivre de près.
Voici les derniers secondes du crash….
La fumée était de plus en plus épaisse, le cockpit commençait à prendre le feu, tous les voyants étaient rouges, le système d’alarme s’était mis en marche, une voix robotique s’était mis à hurler « Danger imminent, veillez évacuer, Danger imminent, veillez évacuer ». Le pilote « El dictator » continua à s’entêter, pensa qu’il pouvait redresser la trajectoire, que tout allait rentrer dans l’ordre. Le dernier griot « kabuto » continuait à chanter son chef dans le cyberespace, croyant comme fer que le pilote « le bismark d’Afrique » allait réussir à retourner la situation ; que tout ce qui arrivait était de toutes les façons la faute des Hima. La chaleur devenant de plus en plus insupportable, la carlingue commença à se fissurer et la voix robotique hurla de plus en plus « Danger imminent, veillez évacuer, Danger imminent veillez évacuer » Parmi les 7 ministres les plus fidèles jadis soudés derrière le pilote comme les sept mercenaires, un doute commença à s’installa : et si le pilote n’arrivait pas à redresser l’avion on se crachera tous ?Les plus malins, deux des sept comprirent à temps qu’il fallait sauter dans le train vers Ngozi, ce qu’ils furent aussitôt. Mais les 5 autres, comme des fidèles sous l’emprise d’un gourou, préfèrent un suicide collectif. A midi, l’équipe de secours arriva sur les lieux, l’avion s’était bel et bien craché, mais les occupants étaient encore en vie . A son bord, le pilote « el dictator » et ses fidèles lieutenants ayant tous refusé de prendre leurs parachutes et de sauter dans le train vers Ngozi. Les lieutenants étaient tous déçus, les traits tirés, la gueule de bois, les yeux hagars . La seule question en tête, comment se sont fait-ils avoir jusque là, comment n’ont-ils pas compris à temps que le pilote les menait à la catastrophe et surtout comment ont-ils pu accepter de se suicider avec lui ? A ce moment là, tout leur revient en tête et ils comprirent avec amertume comment et combien ils ont été manipulés. Mais il était peut être trop tard, peut être trop tard. ! A Ngozi, le cndd-fdd décida à l’unanimité de retirer sur le champ la licence au « pilote » . Le lendemain le dernier griot tira sa révérence et arrêta pour de bon de chanter, car trop dur pour lui est de chanter pour le nouveau roi.
Le crash s’est produit ce 07 février à Ngozi
Ce mercredi 07 comme attendu, le CNDD-FDD a donc limogé son président « Rajabu » et l’a remplacé par un autre « Jérémie Ngendakumana ». Même si on essayé de laver le linge sale en famille et de garder le secret sur les vrais raisons de ce changement, c’était devenu un secret de polichinelle au Burundi. Officiellement Rajabu devait partir car il était le responsable des erreurs du gouvernements et plus précisément les « erreurs du gouvernement » pour ne citer que les meilleurs :
Corruption
et malversations (Dossier sucre, Route Bujumbura Rumonge, Huile et
haricots de la police, livres scolaires, etc…)
Non respect de la
constitution,
Dossier « montage du
putsch »
Emprisonnement des
journalistes,
Etc..
Et surtout « La Vente
illégale de l’avion présidentiel Falcon 50 »
Contrairement à d’autres dossiers, la Vente illégale de l’avion présidentiel Falcon 50 aura le plus été fatal à Rajabu, car le rapport exigé par la banque mondiale a été désastreuse pour le gouvernement Nkurunziza et les responsables devrait être punis. Ajouté à cela, le dossier « putsch » avec les tortures sur base de fausses preuves promis par Rajabu. Je crois que même dans son cas, certains ne pouvaient plus accepter un suicide collectif, il fallait se débarrasser « du responsable des erreurs du gouvernement » ce qui est chose faite maintenant.
Une petite leçon d’histoire des dictateurs
Comme tous les dictateurs, les mégalomanes et individus politiques sans scrupules qui ont tant saigné, pillé et endeuillé l’Afrique ; la fin fût hélas moins glorieuse et voire pour la plupart dramatique. Ceci est le commun des dictateurs. Un vécu faste, une cour d’admirateurs et de lèches bottes mais une fin lamentable et solitaire. Après, ils ont vécu en exil et loin des leurs avant de s’éteindre dans l’anonymat et l’indifférence générale. Ceci est arrivé à Idi Amin, à Mubutu et d’autres pour ne citer que ceux qui nous sont proches et encore dans nos mémoires. Pour certains ce fût la fin dans la misère la plus noire comme Bokassa. Car comme dit l’adage « Bien mal acquis ne profite jamais ». Et pourtant, des exemples ne manquaient pas. Mais les nouveaux dictateurs comme Rajabu continuèrent à s’entêter ; à aller contre-courant comme si l’histoire des dictateurs ne lui a rien apprit. Malgré les mise en garde, les écrits des journalistes courageux, de la communauté internationale, rien ne vint, aucun changement. A croire qu’il n’allait jamais sur internet ! La sagesse burundaise nous dit ceci « Akataretse kaba gasema » encore « Agasozi kari amarere kahiye abagobo babona »
Tout a une fin enfin et Dieu merci
Tout a une fin, Rajabu est tombé et le système Rajabu tombera aussi aussi. Merci à tous les compatriotes courageux du pays qui ont tout fait pour que ce cauchemar s’arrête. Je pense ici en premier à Madame Nzomukunda pour avoir démissionné et dénoncé en même temps les dérives dictatoriales et brutales et la corruption de Rajabu. Son geste a permit à beaucoup d’autres de se poser les bonnes questions et de prendre leur courage à deux mains et faire le bon choix le moment venu. Ici le peuple burundais remercie tous, sans exception aucune , ceux qui font tout, au niveau du CNDD-FDD, au niveau de l’armée et de la police, au niveau du gouvernement pour que la chute de Rajabu n’emporte que lui seul et sa clique de corrompus , de partisans et de griots. Tout est fini enfin, parce qu’il y a des hommes et des femmes qui ont osé dire, non. L’histoire se rappellera de vous mesdames et messieurs.
Ne nous trompons de combat
Il est permis à quiconque de se tromper mais pas de se tromper de combat. Le combat du peuple burundais est la démocratie et le développement. Ceux qui promettent autre chose sont des menteurs qu’il faut bouter dehors. Ni les religions, ni le pétrole ni l’or ni le nickel ne nous sauveront de la pauvreté . Seuls nous-même, avec nos têtes, nos bras, nous nous sortirons de la misère. Méfiez-vous des prédicateurs qui promettent monts et merveilles. Jugez par vous même entre le possible et l’impossible, le réel et l’irréel.
La fin d’un « mythe »
« Uburundi ntibwigeze burwa mw’isanganya »,Disaient nos ancêtres. Ceci est encore vrai aujourd’hui. Certes longtemps meurtri, mais le Burundi s’est toujours relevé grâce à ses filles et fils courageux. Souvent des aventuriers, des meurtriers et autres dictateurs ont tenté de museler le peuple mais en vain. Le système Rajabu était un mythe, fait de quelques admirateurs profiteurs du système, de quelques brutaux pour le sale besogne et de quelques cireurs de pompes chargés de caresser le roi dans le sens du poil à longueurs de journées ; pour lui dire qu’il était le plus beau, le plus fort et le plus intelligent. C’était un monstre aux pieds d’argiles. Dans cet exercice périlleux, il y en a qui se sont mis à la tache avec sérieux. Ils ont allé même loin jusqu’ à comparer Rajabu à Napoléon, à Bismark etc...D’autres ont remercié Dieu d’avoir donné au Burundi un homme comme Rajabu. « Le ridicule ne tue pas ».
Sans vouloir tirer sur l’ambulance, le Burundi ne perd rien avec le limogeage de Rajabu. Il vient plutôt de gagner encore un combat dans la guerre pour la démocratie et contre la médiocrité politique.
Le triste sort des griots
Le triste sort des griots et de retourner dans l’anonymat dans lequel le potentat les avait tiré jadis, avec en plus la honte d’avoir prostitué leurs consciences au service du mal. Ils ont déformé la vérité, chanté le mensonge. Ils auront toute leur vie durant l’amer sentiment d’être pointé du doigt, l’amer sensation du traître et tenteront à chaque fois de justifier l’injustifiable. Le peuple se rappellera d’eux comme des hommes toujours prêts à vendre leur honneur pour un peut de sous, un peu de gloire éphémère. Chapeau à kabuto qui a préféré se faire « harakiri » pour montrer son amour au chef, mais quel loyauté ! Au moins lui, il reste constant, même dans l’erreur. De toutes les façons il n’avait plus de choix car il s’était déjà suicidé politiquement.
Quel gâchis ?
Après une année gâchée, à admirer la danse des partisans sur la musique des griots dans la cour du roi des corrompus, le peuple burundais en a marre et veut tourner la page de l’ère Rajabu et veut des dirigeants irréprochables . Il temps de taper un coup de pied dans la fourmière, de remplacer les corrompus par des hommes et femme honnêtes et intègres.
Après l’exil et les emprisonnements de tous ceux ou celles qui ont osé dénoncer la corruption, les montages des coups d’état, les assassinats, la paralysie de tout l’appareil d’état de la présidence jusqu’à la colline qui sont l’œuvre du système Rajabu, le président libéré des chaînes de Rajabu devrait avoir des coudés franches pour s’atteler à son boulot premier : gouverner pour tous. Il devrait s’entourer des patriotes travailleurs, honnêtes et loyaux. Parmi les ministres qui ont signé la lettre de soutien à Rajabu, le président devrait étudier de près s’ils ont signé pour sauver Rajabu par loyauté ou pour sauver leur tête dans les dossiers de corruption dans lesquels ils auraient trempé avec Rajabu.
La suite de dossiers
Il ne suffit pas de limoger des responsables des malversations pour arrêter la corruption. Il faudra s’attaquer de front au système qui a permis et a facilité que ça soit possible. Des ministres, des hauts fonctionnaires jusqu’au petit fonctionnaire ont permis à ce que cette machine de corruption tourne. Il faudra que la cour anti-corruption s’en occupe et surtout il faudra recouvrer les avoirs volés jusqu’au dernier centime. Des responsables politiques coupables de malversations et corruptions devraient être condamnés d’inéligibilité.
Rétablir la confiance
C’est seulement quand les responsables de tous ces malversations seront connus et punis que le gouvernement Nkurunziza recouvrira sa confiance cassée entre lui et le citoyen.