LES CREDITS DE L'AMISOM FONT LES DEPOTS DES GENERAUX

 Burundi news, le 14/01/2017

Par Gratien Rukindikiza

Au royaume du CNDD-FDD, on aura tout inventé. L'ancien Président Mobutu disait que la chèvre broute là où elle est attachée. L'adage vaut aussi pour quelques généraux et colonels ex-FDD. Ils mangent les autres, pourquoi pas eux? Les officiers ont constaté que les politiciens du CNDD-FDD sont dans la corruption et que les officiers ex FDD manquent d'assiette corrompue. Il fallait la créer. L'enfant tête le sein de sa mère. Quand le papa tête le sein de son enfant, c'est le monde à l'envers. C'est ce qui est en train d'arriver à quelques généraux et colonels  ex-FDD.

Les nouveaux banquiers généraux et colonels ex-FDD usuraires

Lavoisier l'a bien dit. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le principe n'est pas seulement valable en chimie mais aussi dans la vie. L'enrichissement illicite de certains crée la pauvreté des autres. L'Union Européenne est en retard dans le versement des indemnités destinées aux militaires en mission AMISOM. Même quand cet argent était versé à temps, il restait bloqué à la BRB pour des raisons que chacun d'entre nous ignorait. Cet argent produisait des intérêts jamais égalés dans le monde. Un taux de 300 %! Qui dit mieux!

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cet argent produit les intérêts avant même le départ en mission AMISOM. C'est le calvaire des militaires.

Le calvaire s'appelle Mudubugu ou plus communément "Kumenamaso"

Les militaires burundais ont trouvé un terme qui convient. Kumenamaso ou trouer les yeux est un terme qui désigne des prêts d'un autre genre. Les banquiers sont des commissionnaires civils et militaires mais qui travaillent pour des généraux notamment le chef d'Etat Major Prime Niyongabo. Les bureaux de banque sont dans la nature ou dans des restaurants de Mudubugu.

Mudubugu est connu comme Gihungwe pour les ex-FAB. Mudubugu est une localité située à 20 km de Bujumbura qui sert à l'entrainement des militaires en préparation de la mission AMISOM. Ce sont des militaires européens et américains qui les forment. Tous les bataillons doivent passer par ces formations avant d'avoir le label international pour la mission AMISOM.

C'est un lieu rude, sous le soleil. Les entrainements sont intensifs et les militaires doivent bien manger pour tenir. Ah la bière aussi ne l'oublions pas. Cependant, exceptionnellement, la logistique fait souvent défaut. Il manque souvent soit le riz, soit la viande, soit le haricot. Cerise sur le gâteau, il peut manquer Ikizuku (le charbon terre des militaires). En ce cas, ils ne peuvent pas cuisiner.

Tout est prévu. Ces problèmes de logistique ont été anticipés ou créés pour favoriser les affaires des restaurants qui font du business sur le dos des militaires affamés. Ces militaires qui se retrouvent en entrainement à Mudubugu viennent souvent des camps militaires de l'intérieur du Burundi. Leurs salaires ne leur permettent pas d'acheter de quoi manger dans des restaurants. Ils ne peuvent pas demander des crédits dans les cantines car ils sont hors de leurs camps. Face à cette détresse, un "banquier sauveur" intervient. Une sorte de maffia. Ce sont des caporaux, sergents et aussi civils qui sillonnent Mudubugu et qui ont la complicité des officiers responsables de Mudubugu. Ils proposent à ces militaires affamés des crédits de quelques centaines de milliers et même des millions pour certains. Certains militaires en ont besoin pour manger et boire de la bière. D'autres pour acheter des terrains pour construire au retour de la mission AMISOM.

Ces prêts sont très chers. Un million de franc bu est remboursé deux, voire trois millions de francs bu. Les prêteurs bénéficient d'une grande complicité de leurs employeurs à savoir quelques généraux et colonels qui commandent l'armée. Ces militaires ne peuvent pas échapper à leurs créanciers. Ils doivent rembourser avec ces taux de 200 ou 300 %.

Le calvaire du retour de mission

L'argent facile est toujours dangereux car il renferme un virus qui vous ronge de l'intérieur dans le futur. Au retour de la mission AMISOM, certains militaires se retrouvent dépouillés. Les intérêts s'accumulent avec les retards de versement des salaires. Certains sont obligés de rembourser les dettes avec presque la moitié de leurs indemnités de l'AMISOM.

Par ailleurs, les caporaux et sergents commissionnaires des généraux ex-FDD amassent de l'argent et n'ont plus besoin d'aller en mission AMISOM. Ce système créé par ces généraux gangrènent l'armée est en train de créer des militaires frustrés.

On peut détruire l'armée de plusieurs façons mais créer des mécontents financiers peut aller dans le sens inverse de celui qui veut détruire une armée.