Burundi news, le 22/01/2008
Québec city,
Pierre Claver Niyonkuru
Le critère ethnique ne peut plus tout expliquer dans le conflit burundo-burundais
Depuis plusieurs semaines, dans l’espace cybernétique burundais, surgissent des personnes qui veulent tout expliquer par les ethnies, comme si notre appartenance ethnique était ce qu’on avait de plus important. En réalité, ces personnes veulent désorienter le débat, sans doute, ont-elles un agenda caché.
En effet, à lire les arguments de ces fossoyeurs de la stabilité burundaise, le message est clair : les Tutsis ont volé, alors laissez les Hutus voler. Les Tutsis ont tué, alors laissez les Hutus tuer ou, comme les Tutsis ont volé et tué, ce n’est pas grave si les Hutus font pareil. «What a shame».
Nous croyons sincèrement que ce genre de propos est dépassé, les Burundais méritent bien mieux que des dirigeants qui ne pensent qu’à eux, des dirigeants qui n’arrêtent pas de massacrer et d’humilier ceux qu’ils sont censés protéger.
Si notre patrie a dû sacrifier tant de ses filles et ses fils pour lutter en faveur d’un État de droit, il faudrait bien qu’un jour cet État de droit se concrétise. Les reproches faits à l’endroit de l’actuel régime sont quasi les mêmes que ceux que ces anciens rebelles faisaient à l’endroit des anciens régimes. En réalité, la meilleure façon de minimiser les critiques est de bien travailler pour le peuple, si non, les Burundais ont la responsabilité légitime de revendiquer leur dignité.
Si l’administration Nkurunziza parvient à arrêter ou tout au moins réduire la corruption qui a atteint son niveau le plus élevé au Burundi, désarmer la population civile pour diminuer ces victimes innocentes que nous pleurons quotidiennement, augmenter la production dans le pays, accroître le niveau de vie des Burundais ; nous nous lèverons tous ensemble, comme un seul homme, pour l’acclamer et 2010 sera un rendez-vous pour lui donner un autre mandat. Par contre si cette administration continue à voler, tuer, emprisonner des innocents, ne pas mettre en application les accords signés, ne pas tenir ses promesses, … rien n’empêche les Burundais à la critiquer.
Il est certain que diriger un pays comme le Burundi n’est pas chose facile mais nous avons peur que le régime actuel, au lieu d’essayer de résoudre les problèmes déjà trop nombreux, il en crée d’autres.
Pour ceux qui veulent ethniser tout le débat inter-burundais, voici un clin d’œil : un dirigeant Tutsi qui vole empêche la population (jusqu'à la preuve du contraire la population burundaise est composée des Hutus, des Tutsis, des Twas et des étrangers) à accéder aux soins de santé, à l’eau potable, à une bonne instruction, …. Il en est de même pour un dirigeant Hutu qui vole.
Un militaire ou un policier Tutsi qui tue un Hutu ou un Tutsi, il ôte la vie d’un frère, d’un Burundais, d’un être humain. Il en est de même pour un militaire ou un policier Hutu qui tue un Tutsi ou un hutu.
Un voleur est un voleur, qu’il soit Hutu ou Tutsi, qu’il soit de la mouvance présidentielle ou de l’opposition, au lieu d’être défendu, il devrait être puni. Un assassin est un assassin quelque soit son ethnie ou son parti politique.
Nous voulons des dirigeants qui oeuvrent pour apaiser la misère de la population qui souffre tant. Si non, les Burundais ne sont pas dupes comme certains le pensent, ils l’ont prouvé à plusieurs reprises et ils vont le refaire.
Vouloir expliquer ce qui se passe aux uns et aux autres par la simple appartenance ethnique est une grave erreur d’analyse et une aberration idéologique. Des propos qui veulent tout expliquer par l’appartenance ethnique sont des charabias, ils sont dépassés. Tout change, tout évolue, le problème burundo-burundais a évolué. Maintenant, il faudrait chercher la solution dans la lutte contre la pauvreté au lieu de passer du temps en entretenant des discours ethnistes, nous savons déjà vers où ils mènent!
Les Burundais, Hutus et Tutsis, ont tous le même ennemi : la pauvreté. Nous méritons donc des dirigeants qui nous aident à sortir de cette pauvreté sans nom, les belles paroles, nous les entendons depuis longtemps et nous en avons marre. Maintenant nous voulons des actes concrets.
C’est sûr qu’il n’y a pas one best way pour remédier la pauvreté au Burundi mais nous croyons fermement qu’un ensemble d’arrangements structuraux peut y arriver, à condition qu’il y ait la volonté politique.