CRITIQUE DU  MEMORANDUM DU COLONEL VITAL BANGIRINAMA

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 22/01/2008

En critique historique, les étudiants apprennent à différencier ce qui est réellement vrai de ce qui peut donner l'illusion de la vérité. Celui qui construit un mensonge essaie de se rapprocher  de la vérité. Certains éléments échappent à la vigilance du menteur et de ses complices.

Le mémorandum du colonel Vital Bangirinama ne tient pas en compte de certaines réalités de l'armée burundaise. Le ministre de la Défense Nationale ne donne jamais des ordres aux commandants de régions militaires. Il s'adresse directement au chef d'Etat Major général qui donne l'ordre et suit l'exécution. Le moyen de communiquer les ordres par téléphone est prohibé à l'armée car ils savent que les téléphones peuvent être sur écoute.

Les ordres confidentiels sont envoyés par radio militaire après codage. Même les techniciens des télécommunications envoient des messages dont ils ignorent le contenu. Seuls les commandants des camps ont les codes pour déchiffrer. Ce message est déchiré juste après le décodage et aucune trace ne reste s'il est hautement confidentiel. Si le ministre de la Défense Nationale avait décidé de faire tuer les 31 membres du Palipehutu-FNL, il aurait procédé de cette façon ou il aurait envoyé le G 3 ou le G2 pour transmettre le message verbalement sur place. Ceux qui ont été à l'armée en septembre 1987 savent qu'il y a eu un hélicoptère qui a sillonné les camps militaires pour transmettre le message de putsch contre Bagaza.

Le colonel Vital Bangirinama affirme qu'il a fait vérifier l'information au chef d'Etat Major général et le chef d'Etat major interarmes, tous anciens FAB. Or, il oublie de parler du chef d'Etat Major adjoint, ancien FDD. Il y a une pratique au sein de l'armée de vérifier ce genre d'ordre chez les chefs anciens FDD quand on est officier supérieur de l'armée. On voit bien que l'omission de ce général de brigade Godefroid Niyombare n'est pas dû au hasard. Le colonel Bangirinama était en contact avec le chef d'Etat Major adjoint. Il n'aurait pas manqué l'occasion de lui en parler et de lui demander son avis. Ce qui est étonnant, quand il a été convoqué par l'auditeur militaire, il se présentait chez le chef  d'Etat major adjoint ou à la Documentation chez le général major Adolphe Nshimirimana et non à l'auditorat. S'il savait que c'est le ministre qui lui avait donné l'ordre, il n'aurait pas refusé de répondre au convocation de l'auditeur militaire. Signalons qu'il a répondu à deux invitations de l'auditeur militaire et a refusé de répondre aux autres convocations.

Dans ce mémorandum, un élément attire aussi l'attention. Le commandant d'une région militaire donne des ordres au S1 et à un sergent. En général, aucune autorité militaire ne peut donner les ordres directement à un subalterne de son subalterne. Pourquoi a-t-il donné des ordres au S1 et non au commandant de camp de Mukoni? En sachant que le S1 est le chef du personnel d'un bataillon, il n'est pas chargé des opérations. C'est le S2 ou S3 qui aurait eu la mission. Pourquoi s'est-il adressé un chef du personnel et non au chef des opérations ou des renseignements?  Pourquoi est-il allé jusqu'à donner des ordres à un sergent alors qu'il y a entre le sergent et le commandant de région trois intermédiaires? Pourquoi sa voiture de commandement a-t-il servi à transporter les prisonniers? Pourquoi la Présidence et la Documentation ont-ils bloquer son arrestation?