"Ce qu`il conviendrait de
rappeler ici, c`est que les contextes des deux élections sont forts
différents:
- en 2005, le Président de la république devait être élu au suffrage
universel indirect, par les deux chambres du Parlement réunies. L`ordre
logique des scrutins du bas vers le Haut se justifiait par conséquent car
les Sénateurs devaient être élus par les Conseillers communaux et les
Députés au suffrage universel direct, avant d`élire eux-mêmes le Président
de la République.
- Le contexte des élections de 2010 quant à elles consacre
le suffrage universel direct. Dans ces conditions, chaque scrutin à mon avis
pourrait se jouer indépendamment des autres, pourvu qu`il y ait la bonne foi
et le sens de responsabilité de la part des uns et des autres pour respecter
les échéances de fin des différents mandats. Rien n`empêcherait alors de
commencer même par le scrutin présidentiel, donc du Haut vers le bas."
Le Sénat et l'Assemblée Nationale ont été élus les premiers
avant les Présidentielles parce que, non seulement, ils devaient élire un
nouveau Président mais aussi le Président devait prêter serment devant les
deux chambres réunies. Il en sera encore vrai en 2010 car le Président devra
prêter serment devant les deux chambres réunies. De plus, le Sénat ne pourra
être élu que par les conseillers communaux.
Tous les scrutins ne sont pas indépendants. Le
Sénat dépend des élections des conseillers communaux. S'il faut respecter
les échéances, comme le dit Gakiza, le haut vers le bas ne respecterait pas
la constitution car le Président ne pourra que prêter serment devant un
Parlement réuni ayant dépassé son mandat; donc vide. Le Président ne pourra
pas prêter serment devant la cour constitutionnelle qu'il a nommé lui -même
et en plus ce qui sera contraire à ce qui est dans la constitution.
"Les craintes exprimées par Gratien
Rukindikiza à propos d`un vide politique au cas où ça commencerait par le
Haut ne tient pas la route du tout. La date du 06 juillet 2010 dont il parle
pour la fin du mandat parlementaire n`est pas la vraie. C`est le 03 août si
j`ai bonne mémoire pour le Parlement et le 26 août pour le mandat
présidentiel. Si le Président sortant se présentait comme candidat à sa
succession, si le scrutin présidentiel était organisé bien avant ces deux
dates et si ce candidat sortait vainqueur, rien ne l`empêcherait de prêter
directement serment devant le Parlement encore en plein exercice de mandat
en présence des membres de la Cour Constitutionnelle!! Au cas contraire,
rien n`empêcherait l`autre candidat gagnant d`attendre jusqu`à l`expiration
du mandat du sortant (le 26.08.2010), à défaut de pouvoir prêter directement
serment avant le 03.08.2010."
Gakiza semble fonder son raisonnement en postulant sur la
victoire du Président sortant. Or, quand il y a des élections, chaque
candidat peut s'attendre à gagner et à perdre aussi. Le gagnant n'est pas
désigné d'avance sauf dans des dictatures. Si le Président sortant est
perdant, cela reviendrait à ce qu'il reste dans ses fonctions jusqu'à la fin
de son mandat; soit avant la fin des autres scrutins si les élections
commencent par le haut. Le Président entrant ne pourrait pas prêter serment
devant un Parlement en campagne. Même s'il le faisait, il ne pourrait pas
nommer aux hautes fonctions car selon l'article 187 de la constitution, ces
nominations sont validées par le Sénat. De plus, les deux vices -Présidents
sont préalablement approuvés et séparément par l'Assemblée Nationale et le
Sénat. Le nouveau Président ne pourrait pas accepter les refus du Sénat qui
lui est hostile et surtout au moment où ce Sénat et Assemblée Nationale sont
en campagne. Ces deux institutions ne seront pas en mesure d'exercer leurs
fonctions pendant les élections de ces mêmes institutions. Il devra attendre
des mois avant de nommer son gouvernement et commencer à prendre les
premières mesures. Le Burundi serait alors un pays sans Président en
exercice.
En cas de deux tours présidentiels
Si aucun candidat présidentiel n'obtient 50 % au premier
tour, il faudra un deuxième tour. Il faudra attendre fin août pour connaître
le futur Président. En ce cas, les autres élections devront attendre. Ainsi,
le Burundi n'aurait pas de Parlement. Le 03 août sera déjà dépassé et le
mandat des députés aura expiré. Il est alors impossible de prêter serment
avant la fin du deuxième tour à moins que le Président soit désigné avant la
fin des élections.
Compte tenu de ces complications techniques, il n'est pas
compréhensible de la part du CNDD-FDD de vouloir tout inverser. Les
conseillers de ce parti ont misé sur la victoire du Président pour que cette
victoire influence celle des autres élections. C'est quitte ou double. Or,
en cas de défaite du Président, le CNDD-FDD pourrait connaître le sort de l'Uprona
en 1993. Techniquement, les élections ne pourront que commencer par la base.
Même Gakiza, défenseur de la ligne du CNDD-FDD est obligé de nous sortir sa
dernière carte de la cour constitutionnelle, une violation de la
constitution.
Quant au vide du pouvoir qui pourrait générer de putsch,
je préfère ne pas aborder ce sujet pour respect du peuple burundais. Le
putsch n'est pas seulement militaire, c'est aussi le refus de la défaite.