Burundi news, le 27/03/2009

DEMANTELEMENT DES SITES DE DEPLACES DE LA PROVINCE DE GITEGA A LA VEILLE DE LA MISE SUR PIED DE LA COMMISSION VERITE RECONCILIATION ET DE LA REFORME DU CODE FONCIER : DECLARATION DU DEPUTE NIYOYANKANA BONAVENTURE ELU DANS LA CIRCONSCRIPTION DE GITEGA.

 

Depuis un certain temps, les déplacés regroupés dans des sites disséminés à travers les communes de  la province de GITEGA connaissent des infortunes diverses en fonction des humeurs des responsables administratifs pour la plupart communaux.

 

Les déplacés encore dans les sites sont privés sciemment de droits, pourtant proclamés par la Constitution, par ceux-là même qui en principe devraient leur assurer la protection.

 

Alors qu’ils ont été chassés de leur propriété par leurs voisins pour la plupart au mois d’octobre 1993 et qu’ils ont perdu l’essentiel des membres de leurs familles, maris, enfants, parents …, leurs droits, notamment pour les élèves indigents de certaines écoles secondaires et primaires, leur sont refusés pour la simple raison qu’ils ne sont pas rentrés dans leur milieu d’origine.

 

Certains sites de déplacés avaient même été menacés d’être démantelés parce que le Gouvernement y aurait conçu des programmes de développement comme: la construction d’infrastructures étatiques tels les aéroports, les stades olympiques, les hôpitaux ou les écoles, etc. Cependant il a été constaté que l’intention était de loin celle-là.  L’exemple patent est celui du site TANKOMA situé à 3 kilomètres du centre-ville GITEGA.  Sur ce site devait, selon le programme annoncé par les autorités gouvernementales, y être érigé un stade olympique. On y retrouve  maintenant la Permanence du Parti CNDD-FDD (quel intérêt public !) alors que les anciens occupants ont été dispersés dans la nature.

 

Le site de BUGENDANA est en voie d’être démantelé  pour permettre, d’après les autorités de la même commune, « la construction d’un aéroport ». Certains faits et gestes des autorités administratives (l’Administrateur en personne) de la Commune, comme par exemple empêcher les déplacés de réfectionner leurs maisonnettes et les jeunes  qui désirent se marier d’ériger un petit abri,  font preuve d’une ferme volonté de livrer ces rescapés de 1993 et 1996 à leurs bourreaux  libérés  en 2006.

 

Concernant le site de MWARO-NGUNDU (population : plus de 3000 âmes) en commune MAKEBUKO, l’Administrateur ne s’empêche pas d’intimider les déplacés en leur disant que s’ils tiennent à rester, ils devront à leur tour, céder à l’Etat une partie équivalente sur leur propriété d’origine; mesure qui n’est pas prévue par le code foncier, ni par une quelconque autre loi.

 

En Commune GIHETA, le site RYANYONI en zone KABANGA est maintenant revendiqué par certains BATWA de la même zone sous l’encadrement de certaines autorités de la commune. Serait-ce une façon déguisée d’intimider les déplacés de ce site pour finalement laisser place au  lotissement des parcelles pour les fonctionnaires de la commune et d’autres personnalités de la région ? Time will tell !!!

 

Il a également été remarqué que dans certaines autres communes (MUTAHO par exemple) certains faits de leurs voisins qui ne sont pas de nature à leur assurer la paix et un retour sans peur dans leur propriété. Quand ces derniers les intimident par des actions intolérables comme par exemple le fait pour eux de planter de nuit et même de jour devant la porte d’une maison d’un déplacé sans aucune réaction de l’administration communale. Au moins deux familles ont dû déménager pour retrouver un semblant de tranquillité !!

 

 

Pour ne s’appuyer que sur ces seuls cas, bien que d’autres puissent surprendre toute personne éprise du respect des droits des déplacés intérieurs de la province de GITEGA, il convient néanmoins de souligner que le démantèlement de ces sites procède d’une autre idée qui pourrait être loin de répondre à un intérêt public comme nous l’avons relevé plus haut mais à un autre projet malheureux. Le retour forcé, sous de multiples formes, des déplacés sur leur propriété d’origine et sans préparation préalable de la population avoisinante en vue d’une cohabitation saine et non forcée est porteur de danger pour ces rescapés des massacres de 1993.

 

Sinon, il serait inconcevable que les autorités administratives recourent à des mesures d’intimidation comme le refus de délivrer à un déplacé d’un site donné une attestation d’indigence pour le forcer à aller la chercher sur sa colline d’origine et là il se voit refuser ce droit pour le seul fait qu’il ne réside pas sur cette colline. Le déplacé se retrouve dans un jeu de passe-passe entre deux administrations communales censées être au service de tout citoyen burundais étant entendu que « tous les citoyens sont égaux devant la loi qui leur assure une protection égale » (art. 22 de la Constitution), « ils ont droit à la même protection de la loi » (art.13).

 

De plus, la même loi fondamentale leur assure le droit « de circuler et de s’établir librement n’importe où sur le territoire national… ». S’ils se sont établis sur ces sites depuis autant d’années et avec l’accord du Gouvernement qui, en principe, « a pour tâche d’assurer les aspirations du peuple burundais… et de garantir à tous la possibilité de vivre au Burundi à l’abri de la peur, de la discrimination, de la maladie et de la faim » (art.17).

 

Ils sont en droit de revendiquer le droit « de vivre au Burundi dans la paix et dans la sécurité. » (art.14).

 

Si les autorités administratives de la province de GITEGA peuvent avancer l’argument de la paix, la peur subsiste pour autant que le retour de tous les déplacés dans leur propriété n’est pas assuré dans leur intérêt.

 

Tous ces faits sont de nature à remettre en cause l’action de l’administration tendant à forcer les déplacés dans leur propriété car le retour n’est pas organisé de façon à rassurer les déplacés sur leur sécurité dans leur propriété. Ils y retournent dans la peur et vivent dans l’insécurité particulièrement pendant ce temps de propagande politique à peine voilée où les militants du parti CND-FDD au pouvoir font des exercices d’entraînements militaires pour on ne sait quelle fin, mais facilement imaginable.

 

En Conclusion

 

  1. Nous demandons au Gouvernement d’organiser le retour des déplacés dans leur propriété dans la dignité et par leur propre consentement.

 

  1. Nous exhortons le Gouvernement d’agir par le biais des administrations provinciale et communale dans le but de rassurer et de dissiper les peurs entretenues dans les cœurs des intéressés par ces dernières et surtout, si jamais il a l’intention d’exécuter le programme de villagisation qu’il aurait en vue, de le concevoir en y intégrant les déplacés se trouvant sur ces sites afin de les amener à se joindre aux autres dans cette nouvelle forme de vie communautaire.

 

  1. Que le gouvernement fasse connaitre aux administratifs locaux de GITEGA en commençant par le Gouverneur la lettre de politique foncière sur son axe 5 en rapport avec le développement des solutions durables aux problèmes fonciers qui envisage comme actions «  la création des villages ruraux intégrés accueillant des populations mixtes afin de contribuer à la consolidation de la paix »

 

  1. Nous prions le gouvernement de ne pas « déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul » puisqu’il a été constaté que certains sites sont convoités par les responsables administratifs et d’autres fonctionnaires  sans oublier le parti au pouvoir toujours au détriment des déplacés.

 

  1. Nous recommandons au gouvernement de privilégier les projets de développement ou des structures d’utilité publique au lieu de chasser les déplacés au profit du parti CNDD-FDD comme il a été observé à GITEGA sur le site de TANKOMA.

 

 

 

 

Fait à Gitega le 24.03.2009

 

Dr. Ir  NIYOYANKANA Bonaventure,

Député élu dans la circonscription de GITEGA

 

Je ne saurais cacher ma joie après la libération d'Alexis Sinduhije pour plusieurs raisons. Alexis Sinduhije est avant tout le petit fils de Paul Rukindikiza, mon père. Il est normal que la mise en liberté de mon neveu soit un moment de joie pour moi. Je remercie aussi les lecteurs et les amis qui ont envoyé des messages de félicitations.

Alexis Sinduhije était un prisonnier politique, un prisonnier d'opinion. Il est dans les habitudes de Burundi News de soutenir ceux qui sont emprisonnés illégalement et surtout pour des motifs politiques. Nous avons soutenu l'ancien Président Ndayizeye. Nous avons aussi dénoncé l'acharnement juridique contre l'ancien président du CNDD-FDD Radjabu. Pour Sinduhije, le mettre en prison était mettre en prison la liberté d'opinion, la démocratie.