QUI VEUT FAIRE ECHOUER LA DEMOBILISATION?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 06/04/2008

Ces derniers jours, la démobilisation avait mobilisé l'attention des Burundais et surtout des chefs de l'Armée. Certains démobilisés contestaient les modalités de départ plus que le départ lui même. Ils estimaient que ceux qui ont été démobilisés antérieurement ont essuyé un échec en raison de manque de moyens suffisants du suivi. Même si le problème revient au ministère de la défense nationale et des anciens combattants, le président de la commission de démobilisation est le Président de la République lui-même. S'il y a des problèmes de gestion, voire de détournements des fonds de démobilisation, le premier à répondre est le Président Nkurunziza. Les fonds de fonctionnement et l'argent détourné de ce programme sont aussi importants que l'argent donnés aux  démobilisés. Or, pour un tel projet, les fonds devaient financer son objet à plus de 80, même 90 %. En réalité, ceux qui ont été bien démobilisés ne sont ceux qui sont concernés. Ils sont inférieurs à 5 et sont toujours en activité et bien payés. Notre rédaction avait soulevé ce problème et nous avions évoqué aussi un rapport de la Banque Mondiale très critique au niveau de la gestion de ces fonds.

Une lutte autour du Président qui déstabilise la démobilisation des militaires

A la Présidence, une lutte interne oppose certains ténors autour du Président de la République. Le directeur du cabinet civil du Président ne se prive pas le loisir de prendre la place du directeur du cabinet militaire comme il ne s'empêche pas de prendre des initiatives malheureuses sans en parler au Président et au nom du Président de la République. Des conseillers s'entredéchirent pour avoir le plus d'influence sur le Président. Or, le Président les écoute et refuse de trancher. Le plus fort finit par imposer au pays son choix tout en sachant que le Président restera muet jusqu'à ce que certains s'éliminent eux-mêmes.

Le directeur du cabinet civil Wagara, à travers sa lettre au ministre de la défense, a voulu torpiller la démobilisation. En effet, il savait qu'une démobilisation était prévue de longue date et cette démobilisation n'avait pas besoin de cette publicité. On peut dire que cette lettre et sa diffusion ont éveillé la conscience des futurs démobilisés. D'après certains officiers, cette lettre n'avait d'autres objectifs que de créer un malaise au sein des militaires anciens FAB. Les conséquences ont été remarquées devant le camp Muha quand les démobilisés ont refusé l'ordre d'embarquer les camions pour Gitega. Tout est bien qui finit bien, les démobilisés ont accepté la démobilisation tout en soulignant les failles financières de cette démobilisation. Selon certaines sources, d'autres financements seraient recherchés à l'étranger pour accompagner ces démobilisés.

Qui a été démobilisé?

Tout d'abord, il convient de signaler que la démobilisation n'est pas terminée à l'Armée. Il reste une dernière phase délicate. Cette phase servira à équilibrer ethniquement l'Armée à 50 % hutu et 50 % tutsi. Il faudra revoir le recensement ethnique faussé.

Il y a eu beaucoup de confusions sur la composition des démobilisés. Contrairement à ce qui a été dit, ce ne sont pas seulement des anciens FAB qui ont été démobilisés. Il y a eu aussi d'anciens FDD. A la grande surprise, environs 150 anciens FDD ont demandé eux-mêmes d'être démobilisés. D'autres continuent à être volontaires à la démobilisation. Les autres critères de démobilisation ont défavorisé les anciens FAB d'autant plus qu'il est facile de savoir qui a un dossier chargé alors que les anciens FDD n'ont pas de dossiers de punition pendant la rébellion.

Les démobilisés d'aujourd'hui seront sollicités les jours à venir. Dans un pays aussi instable que le Burundi, ces démobilisés composeront le vivier des politiciens avides des forces de nuisance pour se maintenir ou accéder au pouvoir.