LES  MILITAIRES SE BOUSCULENT POUR ETRE DEMOBILISES

 05/01/2005

Par Gratien Rukindikiza

Il y a quelques mois, j’expliquais que la démobilisation n’allait pas poser des problèmes du côté des volontaires. Certains avaient tablé sur une révolte des militaires en signe de refus de la démobilisation. Les explications au sein de l’armée par certains chefs militaires étaient trop alarmistes. J’avais écrit que compte tenu des militaires proches de la retraite et des volontaires, l’effectif des militaires à démobiliser seraient atteint sans difficulté.

Aujourd’hui, la campagne de démobilisation est lancée. Les volontaires  à la démobilisation posent un problème car ils sont très nombreux. Il y a même un caporal qui me disait qu’il n’est pas sûr s’il pourra être démobilisé au cours de cette année 2005. L’armée devra alors savoir gérer les demandes à la démobilisation dépassant les prévisions.

Cet engouement à la démobilisation est dû à plusieurs facteurs.

Plusieurs militaires sont fatigués de la guerre et veulent se retirer assez rapidement afin de s’occuper d’autres choses. Certaines motivations d’entrée à l’armée ne sont plus à la une pour  rester dans cette armée considérée à tort comme une muraille pour protéger les tutsi. Ceux qui ont cru qu’ils pouvaient dominer le pays par le biais de l’armée commencent à comprendre que le jeu démocratique est bien lancé.

Certains spécialistes de l’armée pensent que plusieurs militaires sont convaincus qu’ils pourront rendre des services tout en restant à l’extérieur de l’armée. Certains politiciens mal intentionnés pourraient (ou l’ont déjà fait) les encourager à sortir de ce secteur. Ils estiment qu’ils pourront leur rendre service plus à l’extérieur quand à l’intérieur de l’armée. Toutefois, ce phénomène est marginal.

La prime à la démobilisation reste la motivation principale de cet engouement à la démobilisation. Certains militaires pourront partir avec un montant qui dépasse 3 ans de salaires. Avec un projet viable et un suivi personnalisé, cette somme pourrait servir de capital pour un bon départ.

Dans certaines familles, les parents n’ont pas approuvé l’entrée dans l’armée de leurs enfants. Ils profitent de la démobilisation pour faire sortir leurs enfants de l’armée. Les militaires savent que ce n’est pas une affaire simple de démissionner de l’armée. Plusieurs militaires, y compris les officiers ont tenté de démissionner sans succès.

Le règlement de la question des volontaires à  la démobilisation  n’est pas une fin en soi. Encore faut-il définir les mécanismes d’accompagnement. Si le gouvernement laisse dans la nature les anciens militaires ou rebelles sans un suivi au niveau projet professionnel ou formation, il peut se retrouver avec une armée parallèle. Il ne suffit pas de  payer 3 000 dollars chacun des  colonels et des généraux chargés de la démobilisation  pour se dire que la démobilisation sera une réussite. Le Burundi devrait bien étudier le modèle de démobilisation mozambicaine. La démocratie et la paix burundaise dépendront nécessairement à la réussite de cette démobilisation et des mécanismes d’accompagnement.