Burundi news, le 02/07/2011

                Démocratie ou Démocrature.

 

« Le paysan africain qui ne connait que l’éternel recommencement du temps »… Non !  M. Sarkozy se trompait dans son discours de Dakar.  Pourtant ce propos méprisant, ce sont parfois nos dirigeants qui le vérifient. Ainsi, dans notre pays le Burundi, le gouvernement impose à la nation l’énième répétition d’une crise sans fin. En repoussant sans considération les propositions politiques de l’ADC,   le président Nkurunziza sait très bien qu’il ne laisse aucune option à l’opposition. Se taire ? Mais comment appelle-t-on une démocratie sans opposition : une démocrature. C’est à dire une dictature. Malgré le faible écho de  notre pays dans le monde, la communauté internationale le sait.  Mais le président, semble également attendre l’opposition sur un terrain qu’il connaît bien : la guerre. Car son refus de tout dialogue résonne comme un appel à la reprise du conflit, et nul doute que chez certains cette provocation trouvera un écho. Seulement, tout cela n’est pas un jeu.  La violence se solde toujours par les pleurs des mamans ayant perdu leurs enfants. Un échec immense. Nous ne voulons pas cela.  C’est pourquoi il est urgent d’interpeller les bailleurs de fond du Burundi, et leur demander de constater la faillite démocratique du pays, déjà largement entachée par l’échec des élections et désormais verrouillée par l’aveuglement martial du pouvoir.

Cependant, le MSD est un parti nouveau sur la scène politique. Notre dogme est le débat, la démocratie, et la  promotion du progrès. Nous ne serons jamais un parti de guerriers, car nous croyons que le génie humain c’est son intelligence.  M. Nkurunziza ne doit pas compter sur nous pour jouer avec lui  et son armée dans les maquis de la Rukoko ou de la Kibira.  Notre terrain  c’est le dialogue et le respect de chaque citoyen quel qu’il soit.  Notre lutte n’entend pas les mots hutu ou Tutsi, seulement l‘unité du pays,  ce pourquoi nous pouvons revendiquer sans  contradiction la  double paternité de Louis Rwagasore et Melchior Nadadaye. C’est aussi en leur nom et en celui de tous les fils et filles du pays qui n’aspirent qu’à la paix, que nous reformulons au gouvernement les conditions d’un dialogue  soit le rétablissement immédiat de la liberté de l’expression politique sur le sol national, de la sécurité  physique et économique des militants de tous  les partis et syndicats.

Cependant, le gouvernement brandit le calendrier électoral pour justifier d’une extinction de la vie politique, durant les cinq ans qui nous séparent des prochaines élections. Pour notre pays aux blessures ouvertes, cinq ans c’est trop. Et comme l’a remarquée dans son rapport la Mission d’observation Européenne des élections, le groupage de tous les scrutins est l’une des causes de la fracture actuelle. Ce pourquoi nous demandons que le gouvernement, réduise le mandat actuel des conseillers communaux actuels à 2 ans afin de découpler ce  vote des élections nationales, comme il se pratique dans toutes les démocraties évoluées. De ce fait le gouvernement créerait un espace politique nouveau et prouverait son attachement au règles démocratiques. Car les citoyens doivent le savoir, la dérive actuelle du pouvoir dans un régime policier  et sans justice réelle, sera un jour dénoncée par le concert des nations qui commenceront par réduire leur aide et assistance à un régime ne respectant les fondamentaux de liberté.

 Les premières victimes en seront le peuple, car le gouvernement actuel conforte le pays dans la dépendance des nations occidentales,  sans promouvoir un autre modèle. La récession, inévitable sera encore plus terrible car  le pays est encore et toujours dans la misère. Alors il sera temps pour le peuple de se relever et brandir l’arme d’une nation  fière de sa terre, aspirant aux libertés et au progrès. Comme les printemps arabes nous l’ont montré, la révolte sociale, sera  l’arme des collines et la houe de la société nouvelle que nous souhaitons pour le pays.  La kalachnikov n’est pas un avenir. M. Nkurunziza veut en découdre avec les fils du pays ?  Nous voulons les épargner. Nous ne parlons plus le même langage.

 

Alexis Sinduhije

MSD