Burundi news, le 14/11/2008

 

Source , Aube de la démocratie

Les 22 parlementaires déchus: suite, pas fi

14-11-2008

 

LE CALVAIRE DE JEREMIE NGENDAKUMANA A L’UNION INTERPARLEMENTAIRE

Au cours de sa dernière conférence de presse tenue à l’Hôtel Méridien, ce 20 Octobre 2008, le président du CNDD-FDD a la tête haute soutenu que pour une décision prise par la Cour Constitutionnelle de chasser les 22 députés, l’Union Interparlementaire n’a pas le droit de le mettre en doute encore moins de la changer. Pour lui donc, cette décision est irrévocable. Mais dans un passé récent, la même Cour avait chassé irrégulièrement les députés Alice NZOMUKUNDA, Léonard NYANGOMA et Mathias BASABAOSE. Ces victimes de l’arbitraire avaient pu regagner leur siège. A ce sujet Jérémie NGENDAKUMANA répond que ce fut une erreur de les réintégrer et que celle-ci ne se reproduira plus.

Ce vendredi, 24 octobre 2008 le conférencier avait beaucoup d’assurance. Mais à Genève devant l’Union Interparlementaire il a connu un calvaire. Il était presque comme un étudiant qui passait un examen oral. Et au terme de l’épreuve il aurait eu une note en en deçà de la limite acceptable. Suivez la séance, des questions-réponses citées de mémoire :

L’Union Interparlementaire (UI) :

Nous voici réunis ici pour analyser la question de 22 députés de l’Assemblée Nationale du Burundi….

Jérémie NGENDAKUMANA (JN) : …cette question appartient au peuple burundais. Les 22 députés ont été chassés par une décision de la Cour Constitutionnelle. Cette décision est donc sans recours. Le débat est donc inutile.

UI : Nous sommes ici pour analyser le dossier du Burundi. Si cela ne vous agrée pas, vous pouvez sortir !

JN : Eeh !... Bon… Je reste….
UI : 22 députés ont été chassés. Qu’est-ce qui s’est passé, Monsieur Didace KIGANAHE ?

Didace KIGANAHE : pour le respect que je dois à certains professeurs qui m’ont enseigné ici en Europe et qui sont présents dans la salle je demande indulgence. Epargnez-moi de répondre à cette question. Par contre le chef de la délégation, l’Honorable Jérémie NGENDAKUMANA est mieux placé pour y répondre.

UI : Honorable Jérémie NGENDAKUMANA, à vous la parole.

JN : J’ai initié le projet de lettre de chasser les 22 députés pour débloquer l’Assemblée Nationale qui était totalement bloquée, nous devions sauver la nation. Et pour qu’il y ait Nation, il faut qu’il ait des institutions qui fonctionnent. C’était donc un acte de sauvetage.

UI : Comment est-ce que 22 députés sur 118 peuvent-ils bloquer l’Assemblée Nationale ?

Honorable Jérémie NGENDAKUMANA : Ooh ! Euh !...

Union Interparlementaire : …on va vous aider, le quorum requis à l’Assemblé Nationale chez vous est de 79 députés. Or le total des députés est de 118. Calcul mental 118-22=96. Autant dire qu’en l’absence des 22 députés, vous aviez largement le quorum requis pour délibérer. Cette raison de blocage ne tient pas la route !

Jérémie NGENDAKUMANA : en vérité nous les avons chassé parce qu’ils s’étaient rebellés contre le parti. Ils ont quitté le CNDD-FDD avec les sièges du parti. C’est inadmissible !

Union Interparlementaire : parfait. Ici nous avons une lettre du parti Sahwanya-FRODEBU qui a introduit la même requête pour récupérer les sièges des députés du FRDODEBU qui se sont…comment vous avez dit ?...

Jérémie NGENDAKUMANA : rebellés contre le parti.

Union Interparlementaire : …Merci…qui se sont rebellés contre le parti. Cette lettre du FRODEBU est une copie collée de la Votre. La seule différence réside au niveau des noms des députés à chasser. Mais jusqu’aujourd’hui ces députés qui sont partis avec les sièges du FRODEBU continuent à siéger.

En conclusion vos arguments sont loin de convaincre ; en conséquence la loi a été violée.
- dans ce cas nous demandons à l’Assemblée Nationale du Burundi de reconsidérer la question des 22 députés et de les réhabiliter.
- Qui sont pour cette décision ? (silence, le temps de compter) Tout le monde est d’accord. La décision est adoptée à l’unanimité.
- L’Union Interparlementaire est prêt le cas échéant, à envoyer une délégation à Bujumbura pour de plus amples détails. La séance est levée.

Chers lecteurs, sachez que l’Honorable Jérémie NGENDAKUMANA a voté pour cette décision. Comment peut-il changer le fusil d’épaule une fois arrivée à Bujumbura. C’est dur ! C’est douloureux d’assumer de telles contradictions !

Mais une chose est certaine, le pouvoir du CNDD-FDD n’a pas d’autres choix que de se ranger derrière cette sage décision de l’Union Interparlementaire. Au cas contraire s’il persiste dans l’erreur, l’Assemblée Nationale burundaise risque de ne plus se retrouver dans la Cour des grands de ce monde : un statut qui causerait un grand préjudice au peuple burundais.

Et si cette conciliation à l’amiable n’aboutissait pas, les 22 élus envisagent d’enclencher une action en justice auprès de la Cour des pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est, un procès qui risque de coûter cher au Burundi. Et si c’est le même député initiateur du renvoie qui ira défendre le cas dans ce tribunal, il n’est pas au bout de son calvaire. De surplus, ce dossier de l’initiative de renvoie des 22 députés peut être versé dans le réquisitoire portant destitution du président du CNDD-FDD au poste de président du parti. En cette matière tous les coups sont permis !

A bon entendeur Salut !

NDEKATUBANE
 

Aube de la démocratie n° 120