UN FAUX DESARMEMENT PEUT CACHER UN VRAI ARMEMENT
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 15/02/2008
Ce qui ne manque pas chez les dirigeants burundais, c'est la mauvaise foi. Ils disent le contraire de ce qui est la réalité. Le Président de la République vient de nier aux USA qu'il n' y a pas d'insécurité alors que son ministre de l'insécurité publique a déclaré qu'il y a un problème d'insécurité au Burundi. Les assassinats sont monnaie courante au Burundi. On tue spécialement pour des motifs crapuleux, politiques et autres. Au Burundi, ceux qui ont le droit de tuer, de voler et de violer en toute impunité, ce sont les démobilisés, anciens FDD, qui constituent un vivier de réserve des milices actuelles et futures.
Un faux désarmement dans les quartiers de Bujumbura
Le désarmement actuel de la ville de Bujumbura ressemble à un show pour les télévisions et pour la communauté internationale. Les fouilles des quartiers faites en plusieurs semaines ne servent pas à grand chose à part l'effet médiatique. Il suffit de fouiller lundi Kinama pour que Kamenge déménage les armes le mardi. En plus, le maigre butin de ces fouilles contraste avec la réalité du terrain. Ce ne sont pas les dix fusils ou moins qui sèment l'insécurité dans les quartiers. Les armes des anciens officiers FAB qui ont le droit de port d'armes sont saisies pour gonfler les saisies. Ces policiers vont jusqu'à ridiculiser les anciens FAB à la retraite en leur retirant les grandes tenues militaires qu'ils ont le droit de porter lors des cérémonies officielles.
Un désarmement et une distribution d'armes
Selon certaines informations, des armes sont distribuées en plein jour aux anciens démobilisés par la Documentation Nationale. Il est aberrant de jouer le pompier pyromane et parler du désarmement et de la sécurité. Les Burundais doivent comprendre que tout acte de la Documentation est approuvé par le Président de la République lui-même du moment où il ne dit rien. On ne change pas une équipe qui gagne. Le Président Nkurunziza qui maintient Adolphe Nshimirimana à son poste malgré les méfaits connus et dénoncés même par la communauté internationale s'inscrit alors dans l'approbation de ces méfaits. De ce fait, il est coupable des actes couverts de la Documentation Nationale.
Les spécialistes savent qu'il y a des caches d'armes des anciens FDD. Il y a aussi des armes non répertoriées dans les registres de l'armée qui sont stockées chez des officiers, anciens FDD. Deux incendies chez Bunyoni et Vital Bangirinama ont démontré que ces officiers ont gardé un arsenal chez eux. Si réellement le pouvoir veut désarmer, il suffit de désarmer en premier lieu les anciens démobilisés, les faux combattants cantonnés à Randa. Les anciens FAB devront aussi reprendre les armes distribuées aux gardiens de la paix. De cette manière, il restera que très peu d'armes dans le pays.
La sécurité est plus psychologique qu'autre chose
Tant que la Documentation Nationale sème la terreur au Burundi, tant qu'elle tue les opposants, elle envoie des voleurs professionnels cambrioler dans la rue, il n' y aura pas de sécurité. De même, il n' y aura pas de désarmement. Les Burundais sauront s'adapter pour cacher les armes dans le but de se défendre. Aujourd'hui, les Burundais craignent plus la police que les autres citoyens. Ce manque de confiance poussera la population à l'autodéfense.
Si le climat politique, si la criminalité de l'Etat ou des individus est combattue, si le peuple est rassuré, ce même peuple n'aura plus besoin des armes. Certains parlent des signes prémices du cas rwandais de 1994, la radicalisation ethnique bat son plein. Certains n'hésitent pas à ressortir les thèses ethnistes comme si les Burundais avaient besoin des extrémistes burundais qui rentrent de l'Europe pour rallumer cette haine.
Personne n'a le monopole de la violence
Celui qui veut diriger par la violence finit par être emporté par la même violence. Les cas sont connus. Le mal n'a jamais profité à personne. On a beau prié, faire la comédie, le mal reste le mal et le peuple n'oublie pas. Par ailleurs, la violence appelle la violence. Personne ne sait comment arrêter la violence. C'est comme la peste. Dès que les gens se sentent acculés, personne ne peut prévoir leur réaction. Sadam Hussein était un homme fort comme Samuel DOE mais ils ont morts comme ils avaient tué les autres. Tout pouvoir a sa fin, si non, Bagaza serait toujours au pouvoir.