LES DESSOUS DE LA COMPLICITE DE LA CENI AVEC LE CNDD-FDD

Burundi news, le 04/06/2010

Par Gratien Rukindikiza

La nomination des membres de la CENI actuelle avait été ressentie comme un soulagement. L'opposition avait cru à tort qu'elle avait trouvé une CENI neutre et indépendante. Burundi News y avait cru malgré les informations qui nous parvenaient. Cette CENI a eu un parcours atypique, tour à tour décriée par les uns et les autres.

Aujourd'hui, l'opposition conteste les résultats des élections communales. La CENI fait comme si rien ne se passait. Cette même CENI n'a pas encore publié les résultats définitifs deux semaines après. Elle donne l' impression d'un arbitre qui se mettrait à regarder un match, allant jusqu'à oublier de siffler les fautes et la fin du match. Cette CENI a démontré son incompétence et aussi sa complicité avec le pouvoir. Comment a-t-elle été désignée? Quelles sont les relations entre les chefs de la CENI et certains ténors du CNDD-FDD? Une histoire de gros sous derrière les élections ou un jackpot?

Les relations entre la CENI et le CNDD-FDD

Les relations entre la CENI et le CNDD-FDD ne sont qu'un secret de Polichinelle. Deux personnes les ont façonnées. Il s'agit du président du Sénat, Rufyikiri et l'ancienne ministre Niragira Clotilde. Rufyikiri a recruté le président de la CENI en la personne de Pierre Claver Ndayicariye. Certains cadres du CNDD-FDD affirment qu'à ce moment, la mission a été bien formulée. Clotilde Niragira est chargée par le CNDD-FDD du suivi de la CENI; donc des contacts.

Le président du Sénat avait, avant la désignation de la CENI, choisi comme consultant au Sénat, Pierre Claver Ndayicariye pour les consultations entre le Sénat et les conseillers communaux. D'après un autre consultant, il n'est pas facile d'entrer dans le marché de consultance du Sénat sans être coopté. Ayant remarqué que Pierre Claver Ndayicariye pouvait rendre service au parti au pouvoir, le président du Sénat s'est empressé de proposer Ndayicariye à la présidence de la CENI. L'opposition est tombée dans le piège. Elle a cru qu'il était proche du Frodebu. Erreur!

Selon des sources proches du pouvoir, une négociation aurait été engagée à propos des élections dans la domaine de la "facilitation" pour le CNDD-FDD. C'est à ce moment que Gélase Ndabirabe, secrétaire général du CNDD-FDD a lancé une campagne contre Ndayicariye pour accélérer les négociations. Selon la même source, l'aboutissement des négociations coïnciderait avec la fin de la campagne du secrétaire général du CNDD-FDD contre le président de la CENI Ndayicariye.

A quel prix?

Selon la même source, les négociations auraient abouti à un contrat moral. Le CNDD-FDD pourrait tricher moyennant des versements périodiques après chaque résultat. Ces négociations concerneraient le président de la CENI et son vice-président. D'autres informations reçues affirmaient que Ndayicariye était l'homme du  CNDD-FDD. Certains disaient que si l'opposition croyait gagner les élections avec cette CENI, elle se trompait. Burundi News n'a jamais voulu tenir compte de ces informations. Il fallait attendre les résultats mais c'était trop tard.

Selon la même source, d'habitude très fiable, une somme de  300 000 $ devrait être versée  après les résultats des communales. Un autre montant de 500 000 $ serait prévu après les présidentielles et le reste après les élections législatives et sénatoriales. Contactée ces derniers jours, la même source affirme que la première tranche a été versée; ce qui coïnciderait avec les résultats truqués. Le contrat consisterait à laisser faire, fermer les yeux devant les tricheries du CNDD-FDD.

La CENI porte une lourde responsabilité historique. Si demain, la violence reprend au Burundi, les membres de la CENI auront leur part de responsabilité.

Et la suite?

Aujourd'hui, les partis politiques ont retiré les dossiers de leurs candidats aux élections présidentielles. L'Uprona vient d'annoncer son retrait de la course. Si rien ne change, ils ne présenteront pas de candidats aux élections législatives. Le CNDD-FDD fera sa campagne avec son alliée la CENI. Malgré les communiqués d'une communauté internationale qui s'enferme dans une logique inavouée, le peuple burundais ne laissera pas un petit noyau confisquer sa démocratie.

Le CNDD-FDD connaît aussi des problèmes en interne. Certains veulent annuler les élections communales et refaire d'autres plus dans la transparence. Ce groupe s'oppose à un autre qui ne veut rien changer. Ce dernier est prêt même pour l'usage de la force.

Si un pouvoir veut se maintenir par la force, la seule solution qu'il impose pour le changement est aussi la force.