LES DESSOUS DU CONGRES DU CNDD-FDD
Burundi news, le 28/04/2010
Par Gratien Rukindikiza
Il devrait être un candidat pas comme les autres. La démocratie aurait été la vitrine du parti. Le Président Nkurunziza a été désigné comme le candidat du CNDD-FDD aux élections présidentielles. Cette désignation a été caractérisée par plusieurs éléments qui démontrent la faiblesse du candidat Nkurunziza.
Beaucoup de congressistes manquants au congrès
Plus de 100 congressistes manquaient à l'appel. 1669 militants étaient présents. Très étonnant de la part d'un parti qui est au pouvoir si on compare avec le parti MSD qui avait aligné 4 000 militants dans son congrès.
Parmi les 1 669 congressistes, plus de 1000 sont payés et leur travail est du ressort du militantisme. Les militants nommés par décret, du ministre au cadre sont des congressistes d'office. Ils sont obligés d'être présents pour ne pas perdre leurs postes. Les présidents provinciaux, les vice-présidents et les secrétaires exécutifs sont des salariés du parti. Le CNDD-FDD paie les présidents provinciaux 380 000 francs. Il y a de quoi à avoir des militants. Ce salaire est un salaire de rang de ministre. Sur 17 provinces, il y a 51 cadres provinciaux payés qui doivent être présents au congrès.
Il manquait tellement de congressistes que même la présidente du CNC, neutre et apolitique, ne s'est pas privée de mettre sa tenue du CNDD-FDD. Je m'imagine comment elle va encore donner ses critiques mal placées à l'égard des médias qui ne sont pas du pouvoir.
Ce sont les militants de base non payés qui ont manqué à l'appel. Pourquoi ces absences? Certains l'expliquent par le relâchement, les doubles cartes jouées par plusieurs militants, d'autres l'expliquent par des détournements d'argent pour faire venir les militants des provinces.
Désigné par acclamation et par défaut de confiance
Le Président Nkurunziza n'a pas été élu mais autodésigné. En effet, les militants n'ont pas eu l'occasion de se prononcer. Il fallait se lever et applaudir pour qu'il soit désigné candidat du CNDD-FDD aux élections présidentielles. Cette méthode à la soviétique démontre clairement que Nkurunziza ne voulait pas subir un autre affront. Si le vote était secret, la surprise n'était pas à exclure. Même la méthode de vote à main levée n'était pas aussi sûre qu'il pouvait l'espérer.
Compte tenu des militants payés par l'Etat et occupant des postes parce qu'ils sont membres de ce parti au pouvoir et d'autres payés par le parti, Nkurunziza pouvait jouer le jeu et affronter les urnes. Le Président Nkurunziza a perdu la bataille de la démocratie. S'il ne peut pas affronter les urnes au sein de son parti, qu'espère-t-il au niveau de toute la population?
Nkurunziza, le candidat du Président rwandais Kagame
Qu'est-ce qui pourrait lier le Président rwandais et le président burundais? Pourquoi Kagame soutient -il et s'engage-t-il à ce que Nkurunziza gagne les élections?
Le Président Kagame est un homme fort, qui dirige d'une main de fer. Il ne tolère pas une mauvaise note. Il veut un Rwanda fort, peu démocratique. Kagame a besoin d'un Président faible, qui ne dirige pas. Un Président qui laisse penser que le Burundi est le 2 è Kivu. Le Burundi est en phase de devenir le Kivu pour le Rwanda. Les minerais de Nickel ont été attribués aux proches du pouvoir rwandais en passant par des sociétés écran de création récente de droit sudafricain.
Ce n'est pas par amitié que le Président Kagame soutienne le Président Nkurunziza. C'est pour des intérêts rwandais et aussi de certains rwandais. Si les Burundais veulent un pouvoir qui défend leurs intérêts, ils devraient penser à un autre candidat qui n'est pas celui du Rwanda. La délégation du FPR est venue rappeler ce soutien. Cela n'empêche pas qu'un homme proche du pouvoir burundais se retrouve devant les tribunaux rwandais ou internationaux sur initiative de certains rwandais.