LES DESSOUS DE LA VISITE DU PRESIDENT SOUDANAIS AU BURUNDI
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 10 novembre 2007
Au Soudan, une guerre civile fait des ravages au Sud et à l'Ouest du pays. Les massacres des populations non arabes ont pris des proportions au point d'être qualifiés par certains médias de génocide. L'Union africaine a décidé d'envoyer des troupes pour s'interposer et le Rwanda constitue un élément important dans le dispositif. Le Soudan a évité de justesse des sanctions internationales grâce à la complicité de la Chine qui dispose d'un droit de veto à l'Onu. La Chine, dans sa guerre géostratégique du contrôle du pétrole contre les Etats-Unis, a décidé de soutenir à tout prix le Soudan pour continuer à exploiter le pétrole soudanais et aussi acquérir les riches champs pétrolifères du Darfour non encore exploités. La chasse des noirs soudanais du Darfour qui revendiquent la part du gâteau sur le pétrole du Darfour est le noeud du problème soudanais.
A la recherche des soutiens, le Soudan déploie son effort diplomatique et ses valises de dollars pour séduire les autres pays africains. C'est ce qui est arrivé au Burundi. Au départ, le Soudan a joué plusieurs cartes, il a donné de l'argent, des formations du temps de Buyoya III et Ndayizeye. Il a parallèlement financé la rébellion du CNDD-FDD. Radjabu était leur interlocuteur car ils voyaient en lui le futur élément avancé du monde musulman dans les Grands Lacs. Après l'arrivée du pouvoir de Pierre Nkurunziza, Radjabu a perdu progressivement la côte auprès du Soudan car le Président Nkurunziza a voulu reprendre les choses en mains sans passer par Radjabu. Il a expliqué aux Soudanais que Radjabu est un homme des Américains comme il était ami au Président Kagamé. A force d'arguments fondés ou pas, toujours est-il que Radjabu n'a jamais été l'homme des Américains, les Soudanais ont fini par céder. C'est dans ce cadre que le Président soudanais a effectué la semaine dernière un voyage au Burundi.
Un salaire du Président burundais payé par les Soudanais?
Le Soudan achète aussi l'amitié et notre cher Président pasteur qui aime beaucoup l'argent n'a pas dit non. Aujourd'hui, le Soudan paie le Président burundais mensuellement 100 000 $ et son épouse 50 000 $ par mois. Il est difficile de savoir si cet argent n'est pas aide au peuple burundais qui est devenu l'argent du peuple Nkurunziza. Selon certaines informations, le Président percevrait aussi une autre somme provenant du pétrole comme le pétrole nigérian mais dans une moindre mesure; une information à non encore confirmée.
L'or au centre des intérêts a fait défaut
Entre le Soudan et le Burundi, une histoire d'or avait gâché les relations entre les deux pays ou entre le Président soudanais et le CNDD-FDD. En guise de remerciement de l'aide au CNDD-FDD, le pouvoir du CNDD-FDD avait promis aux Soudanais d'exploiter l'or burundais. Une société a été créée dans laquelle plusieurs hauts cadres du CNDD-FDD étaient dans le conseil d'administration. Ils ont placé à la tête de cette société des hommes incompétents qui ont encaissé de l'argent sans faire le travail nécessaire. Plusieurs mois après, les Soudanais ont constaté que l'or manquait au rendez-vous. Ils ont tapé du poing sur la table et ont fini par plier bagages après avoir perdu des centaines de millions de francs bu.
L'Antonov présidentiel tombé du ciel soudanais!
Depuis la vente illégale du Falcon présidentiel par le Président Nkurunziza lui-même empochant au passage 5 millions de dollars et en versant dans les caisses de l'Etat 3 millions de dollars, le Président cherchait un avion à récupérer. Le Soudan en avait à se débarrasser à bas prix. Un avion Antonov de 1953 est ce qu'on appelle dans le jargon un cercueil volant. L'Antonov présidentiel est immobilisé à l'aéroport de Bujumbura. Le Président n'a pas voyagé au Rwanda avec son nouvel avion. Certains disent que les Rwandais ont refusé leur ciel à l'avion burundais. Il ne voulait pas un autre Président burundais mort à l'aéroport de Kanombé.
Un mystère reste autour de cet avion. A-t-il été acheté ou donné? Si c'était un don, le Président soudanais l'aurait remis officiellement au gouvernement burundais. La seule éventualité est l'achat. Derrière cet achat se cache quelques histoires louches qui seront connues les jours à venir. La Banque Mondiale et le FMI insistent pour savoir comment cet avion a été acquis et comment le pouvoir burundais va financer l'entretien et le kérosène de cet avion non prévus dans le budget. Les officiels burundais ne veulent pas s'exprimer sur cette affaire. Y aurait- il une autre histoire de corruption derrière cet Antonov mystérieux?