PRIVATISATION DESTRUCTION DE L'ARMEE BURUNDAISE
Burundi news, le 02/01/2017
Par Gratien Rukindikiza
La descente en enfer du Burundi entraine la dégradation de plusieurs secteurs. Ce fameux troisième mandat de Nkurunziza a endeuillé les Burundais. Il a aussi détruit l'économie, la société sans oublier les secteurs de sécurité du pays. L'armée est divisée en deux factions à savoir les ex-FDD et ex-FAB. Après la tentative du putsch d'Avril 2015 du général Niyombare, les ex- FAB sont dans le collimateur. Les ex-FDD apparaissent comme étant ceux qui ont sauvé le pouvoir de Nkurunziza. L'ironie de l'histoire, le général Prime Niyongabo qui voulait faire un putsch dans un putsch se présente comme le sauveur de Nkurunziza. Il est devenu l'homme fort et intouchable du régime.
La sécurité à l'Etat Major
Après l'assassinat du colonel Darius à l'Etat Major de l'Armée, la sécurité a été renforcée à l'intérieur de l'Etat Major. Les officiers n'ont plus le droit de porter leurs pistolets. Tous les militaires y compris les officiers travaillant à l'Etat Major sont fouillés. Jamais un officier n'était fouillé à l'entrée de l'Etat Major les années passées. Ce sont des gestes d'humiliation. Certains officiers bénéficient d'une forte protection à l'intérieur même de l'Etat Major comme si l'ennemi était interne qu'externe.
L'Etat Major est bien gardé sur ses contours. Cependant, un autre arsenal garde quelques chefs militaires. Le chef d'Etat Major dispose de 4 mi kalash et de 3 lance-roquettes pour garder son bureau. Difficile de s'imaginer comment des lance-roquettes peuvent tirer de l'intérieur de l'Etat major contre un militaire déjà à l'intérieur des bureaux ou dans les couloirs de l'Etat Major. Le chef d'Etat Major a un aide de camp spécial surnommé Kassy Manlan. Ce capitaine dispose de beaucoup de pouvoir qui lui a conférés son chef. Il est chargé officieusement des mutations au service G1, des listes des militaires qui sont envoyés en Somalie en mission AMISOM. A l'intérieur de l'Etat Major, ce capitaine est protégé par des hommes armés quand il sort de son bureau. Un simple capitaine protégé par des mi kalash et 4 militaires contre ses collègues.
Le tarif AMISOM du capitaine Kassy Manlan
Une mission AMISOM coûte très cher. Si un militaire n'appartient pas aux bataillons envoyés en Somalie, il doit débourser 3 millions de francs bu pour y aller en mission de soutien des bataillons. Ces trois millions doivent être versés avant l'inscription sur les listes. Ce capitaine collecte cet argent pour son chef le général Prime Niyongabo. Le tarif peut aussi augmenter s'il s'agit de négocier de ne pas participer aux combats. Une affectation dans le service de cuisine, logistique et bureau coûte cher. Ce sont les ex-FAB concernés car beaucoup d'Ex-FDD sont cantonnés dans les services logistiques et bureaux. Il est facile de différencier les militaires ex-FAB et ex-FDD car les séries des matricules ne sont pas les mêmes. Les derniers entrés dans l'armée en tant qu'ex-FAB sont de 2001. Ils atteignaient les matricules de 65 000. Les ex-FDD intégrés à l'Armée partaient de 66 000. De ce fait, il est facile de savoir qui est ex-FAB ou ex-FDD. Une bonne affectation à l'AMISOM dans un service demandé coûte 300 $ et adieu les balles d'El Shabab sauf s'ils attaquent le quartier général.
Les militaires font tout pour ne pas être envoyés sur le front car ils manquent d'armement. Une compagnie de 150 militaires a deux mi kalash et sans lance-roquettes alors qu'un seul officier est gardé par 3 mi kalash et 3 lance-roquettes à l'intérieur de l'Etat Major. La sécurité d'un seul officier prime sur celle de 150 militaires. Les responsables de l'Armée rétorquent que les compagnies sont épaulées par des mitrailleuses point 50 (12.70 mm de calibre) montés sur des blindés. Malheureusement, ces mitrailleuses point 50 ne sont pas opérationnelles. Elles servent juste à récolter l'argent auprès des bailleurs de fonds au titre des armes engagées.
L'Armée burundaise est l'ombre d'elle- même. La dernière preuve est l'incursion au Congo qui s'est soldée par une véritable hécatombe. L'Armée burundaise n'a pas hésité à nier les siens tout en remplissant l'hôpital militaire des blessés de cette attaque. Jadis, il y avait l'Armée burundaise qui faisait peur au Zaïre de Mobutu et au Rwanda du temps de Habyalimana. Aujourd'hui, il y a des groupuscules qui ne font peur qu'à la population. Cette même Armée sera vite devancée par la fameuse Armée de réservistes Imbonerakure encadrée par certains officiers et sous officiers ex-FDD.