Burundi news, le 21/02/2010

Source Burundi Bwiza

 
 
UNE DIASPORA BURUNDAISE POUR RENFORCER OU DILUER L'OBSERVATION INTERNATIONALE
 
Ca fait un bon temps qu'un communiqué lancé sur le site de la Mission d’Observation électorale pour la Diaspora Burundaise (MODIABU), et relayé par d'autres sites d'information sur le Burundi, appelle les burundais désireux de se faire recruter pour faire partie d'une équipe d'observateurs aux prochaines élections au Burundi.

Une certaine opinion de la diaspora se pose la question sur l'opportunité de cette mission faite de burundais se disant prêts à mettre à contribution leurs efforts à la reconstruction de leur pays.

Une réalité sans équivoque, le burundais où qu'il soit, a le plein droit de savoir ce qui se passe dans sa chère patrie, qu'il aurait peut-être quitté malgré lui suite aux événements malheureux qu'a connus le pays, et dont il garde malgré tout, un attachement important. Ceci pour soutenir l'idée que le Burundais ne devait plus se tenir à l'écart, et surtout en ces moments de décider sur le sort prochain de son pays.

La loi burundaise, le code électoral particulièrement, permet une mise en place d'une large structure d'observation électorale. Non seulement la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), ayant été avalisée et applaudie par toutes les formations politiques et la société civile, le ministère de l'intérieur a créé un département spécifique. Les partis politiques dont certain est allé même à dépasser les limites fixés par la CENI lors de la campagne d’inscription des électeurs, ne manqueront pas tous à river leur regard sur le déroulement de ces scrutins qui propulseront on l’espère, le Burundi, à une considération supérieure quant à sa confiance et crédibilité auprès de la communauté internationale.

Cette dernière, bailleur principal de cette procédure, se verra suffisamment représentée et par les diplomates accrédités à Bujumbura, et par les différents organismes internationaux même si l’obtention de visas d’entrer au Burundi semble devenir de plus en plus  compliquée. L’obtention de visa à l’aéroport de Bujumbura n’est plus possible. Il ne sera pas aisé pour les observateurs étrangers d’avoir les visas dans la mesure où le Burundi dispose de peu de représentations diplomatiques dans le monde, un handicap que rencontrent bon nombre de burundais qui souhaiteraient se faire enrôler pour les prochaines élections.

Les burundais de la diaspora souhaitant apporter leur pierre à l'édifice de la démocratie par le biais de l'observation, ne seraient-ils pas de trop, se pose l'opinion! Ceux qui en ont l'éligibilité sont ceux qui ont le droit d'aller et revenir au Burundi. Ce sont ceux qui sont là où ils résident, régis par des règlements de séjour autres que la convention de Genève (1951). Ce sont ceux qui, venus et établis à l'étranger, ont eu même l'occasion de participer aux différentes rencontres avec les dirigeants burundais ou les représentants du gouvernement que sont les ambassadeurs et consuls.

A écouter l’émission consacrée à la diaspora burundaise par la radio Isanganiro, du 31 janvier 2010, (toujours disponible sur « isanganiro.org » les inquiétudes sur cette mission d’observation sont une réalité. Les intervenants n’ont pas caché que cette association qui organise cette mission d’observation, ne représente pas réellement la diaspora burundaise.

Comme l'indique le site dudit diaspora, cette idée de mettre en place une mission d'observation est née d'une conférence internationale dite de la diaspora burundaise tenue en date du 26 au 28 juin 2009 à Hä-Stavanger en Norvège. Selon ce site, cette conférence  a débattu sur le secteur privé au Burundi, la bonne gouvernance, les consultations populaires et les élections de 2010, le rôle de la femme dans le développement du Burundi, l'agriculture, l'élevage et les stratégies de capitalisation du potentiel de la diaspora.

Il est à signaler que cette conférence a été organisée avec la complicité  du « Christian People for Humanitarian Action » et de l’association des Burundais de Norvège M. Japhet Le Gentil NDAYISHIMIYE est respectivement coordonnateur international et président, l'homme qui a usé de tous ses tacts et ruses, pour séduire et extorquer la confiance des gens dont certaines autorités norvégiennes, et le chef de l'Etat burundais. Cette conférence a eu également l'appui de la commune de Hä-Stavanger où ce dernier serait agent, et de l'association des « Burundais » vivant en Norvège que bon nombre de burundais y établis ne connaissent pas encore.

Une mission qui cacherait  mal sa neutralité

Cet organisme dont le pilote est NDAYISHIMIYE connu bien au journal local burundais »Ubumwe » jusqu’en 1996, est reconnu par la loi norvégienne sous le sigle de « CPHA-CYHA Skandinavia » comme étant une organisation politique, humanitaire et religieuse, peut-on tirer du site web « cpha-africa;org » de Japhet NDAYISHIMIYE. Comment alors réconcilier tous ces aspects: politique, humanitaire et religieuse, ne s'agit-il pas d’une escroquerie bien gentille! Des gens commencent à voir clair d'où est venu le tissage de relations plus ou moins privilégiées que cet homme pris de modèle dans la diaspora burundaise par les autorités du pays, avec le Chef de l'Etat NKURUNZIZA, ou avec le chef de renseignement burundais qui le rencontre chaque fois qu'il se rend dans ce pays des vikings.

Il y a lieu de se poser également la question de savoir pourquoi cette conférence a été ouverte et clôturée par le député et président du CNDD-FDD, honorable Jérémie NGENDAKUMANA, et non par quelqu'un d'autres représentant le gouvernement burundais, notamment l'ambassadeur Léopold NDAYISABA accrédité alors à Rome (en prison centrale de MPIMBA actuellement) présent à cette conférence.

 Il aurait été bon que ce soit l'ambassadeur burundais, Mme Domitille BARANCIRA accréditée à Berlin en Allemagne qui procède à ces cérémonies, dans la mesure où la Norvège se situe dans la zone scandinave qu’elle couvre. De sources dignes de fois, l’ambassadrice n'en aurait  même pas été informée, au moment où un seul participant venu de l’Allemagne (Anicet NIYONKURU) y a été invité.

 Aussi, le conseiller juridique à l'Ambassade burundaise à Bruxelles, M. Thomas Barankitse n'y a été qu'en simple participant parmi les 64 participants burundais dont 34 résidant en Norvège. S'agit-il d'une simple erreur protocolaire, que le président du parti prenne le devant de la scène? Il a su exploité l'occasion d’or pour présenter le bilan des réalisations de son parti pour les quatre années écoulées (lire sur le site diasporaburundi.blogspot.com). Nous y reviendront prochainement.

Des burundais hésitent encore à se faire recruter pour observateurs au compte de la diaspora burundaise pour diverses raisons. La coordonnatrice du projet d’observation, Mme Ginette Karirekinyana, s’exprimant dans « Karadiridimba », l’émission de la radio Isanganiro réservée à la diaspora n’a pas pu donner le nombre des postulants déjà inscrits pour la sélection, et répondait de façon évasive aux questions des intervenants. Ceci a conduit à certains à recommander que ce projet soit encore muri et reporté pour les élections de 2015.

La conférence dans laquelle est née cette idée n'a pas été appréciée même par des burundais vivant dans le pays hôte, car ils ont été tenus à l'écart par l'organisateur principal qui est NDAYISHIMIYE ayant contacté qui il voulait, et sur des critères encore obscures. Des doutes sont également émis quant à la composition de la commission chargée d'enregistrer les candidatures, compte tenu de leur engagement politique flagrant. M. Legentil Ndayishimiye a été très embarrassé à répondre à la question du journaliste concernant son appartenance politique. Au moment où il est exigé aux postulants à l’observation d’être politiquement neutre, le formulaire à remplir révèle qu’il ya une case où il faut préciser l’appartenance politique.

Qui fera la sélection, pourquoi demander que cette MODIABU soit intégrée à l'observation internationale, ce sont de questions qui intriguent encore une bonne partie de la diaspora burundaise, allant même à conclure qu'il s'agirait d'une autre forme de lobby savamment inventée par le pouvoir de Bujumbura, prête à voiler la vérité des prochains scrutins. Et, M. Gratien Rikindikiza vivant actuellement en France n’y est allé par quatre chemins ; il y a des mobiles politiques, a-t-il dit dans « karadiridimba » de ce 31 janvier 2010.

Mais des propositions aussi

 Ajouter la MODIABU à l'arsenal d'observation déjà mis en œuvre serait alourdir la structure. Toutefois, il ya lieu d'exploiter ces potentialités qu'incarnent cette diaspora. Etant donné que différentes représentations diplomatiques et consulaires ont ouvert aussi leurs portes aux citoyens burundais pour voter, la MODIABU pourra faire preuve de son dévouement en assurant l'observation des scrutins auxquels sont invités les citoyens burundais jouissant de ce droit civique.

Il en serait de même pour les partis politiques qui sont représentés dans ce pays hébergeant la diaspora burundaise. Cette participation rassurerait le peuple burundais du bon déroulement des élections à l'extérieur du pays, car des tricheries pouvant basculer les résultats globaux  peuvent aussi se faire dans les ambassades qui, selon la CENI, accueilleront environ 5000 votants.

D’ores et déjà, il y a lieu de se poser la question de savoir pourquoi certaines représentations diplomatiques et consulaires, ont exigé plus de documents que d’autres. Il y en a qui ont ajouté sur la liste des documents valables, la carte dite CPGL valable au Rwanda, au Burundi et en RDC.

La transparence exige que ce travail ne soit pas laissé aux seuls ambassadeurs et consuls risquant d'être guidé plutôt par leurs appartenances politiques que par l’esprit nationaliste.

Bujumbura le 20.02.2010 Burundibwiza.com mise à jour / Rédaction