DIFFICILES NEGOCIATIONS ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE FNL

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 16 octobre 2005

Le FNL Palipehutu n’a pas participé aux élections car il n’avait pas signé un accord de cessez-le-feu. Après la période électorale et la victoire de l’ancien mouvement politico-militaire CNDD-FDD, le FNL continue la guerre. L’intransigeance de Rwasa n’a pas facilité la tâche des médiateurs. Les embrassades de l’ancien Président Ndayizeye avec Rwasa, la bonne volonté de la Tanzanie qui avait déployé tous les moyens pour une bonne réussite d’un accord et  la chasse aux réseaux du FNL n’ont pas suffi pour que la province de Bujumbura rural connaisse la paix.

 

Arrivé au pouvoir, le CNDD-FDD a manié le bâton et la carotte. Il a laissé entendre que le FNL a sa place dans la répartition des postes en cas de négociations et il a aussi montrer la force pour tenter de chasser les hommes de Rwasa. Ce dernier a voulu se venger en chassant les démobilisés FDD.

La dernière tactique du pouvoir est de diviser le FNL pour avoir une direction prête à négocier. Sindayigaya, nouveau chef ou dissident du FNL (l’histoire le dira),  avait donné une interview au site Umuco et à la radio RPA en affirmant qu’il veut évincer Rwasa. Lors du dernier congrès organisé avec la bénédiction du pouvoir, Sindayigaya a été élu chef du FNL-Palipehutu. Tous les observateurs attendaient qu’il démontre qu’il est réellement l’homme fort du FNL. Il devait arrêter les attaques, réduire l’influence de Rwasa au sein des combattants. Or, les attaques continuent contre la population de Bujumbura rural et la ville de Bujumbura. Entre Sindayigaya basé à Bujumbura et Rwasa basé dans les montagnes du Kivu, dans un couvent des moines, la troupe du FNL obéit toujours à celui qui est à l’extérieur ; donc Rwasa.

Si les attaques continuent, Sindayigaya n’aura même pas la place que Mugabarabona a eue dans la classe politique burundaise. Par ailleurs, s’il arrive à convaincre la commandement de le suivre, il sera l’homme à courtiser et disposera de plusieurs  postes clé pour ses proches. Insaisissable, Rwasa sera toujours nuisible s’il refuse de négocier. Le Congo offre toujours un point de départ pour une rébellion.

La désignation d’une équipe ad’hoc pour négocier avec le FNL a été  une mesure politique sans effet car la partie adverse n’est pas prête à se présenter sur la table des négociations.

Le pouvoir garde toujours une carte pour obliger le FNL à négocier. Il peut lancer une grande offensive pour réduire la capacité militaire du FNL et relancer après la machine diplomatique. Cependant, si cette grande offensive ne donne pas des fruits escomptés, la ville de Bujumbura peut subir une revanche du FNL. Le pouvoir serait perçue comme incapable de ramener la paix alors qu’il a été élu sur ce mot d’ordre.

Le Burundi n’aura pas la paix aussi longtemps qu’une solution ne sera pas trouvée à la question du FNL. Les revendications ethniques du FNL ne tiennent plus et toute discussion doit avoir une base politique. Or, cette base risque de manquer au dialogue des sourds entre le pouvoir et le FNL de Rwasa.