LE DILEMME DU PRISONNIER ARME

 Burundi news, le 11/05/2016

Par Gratien Rukindikiza

 

La situation burundaise laisse perplexe tout humain. Il est difficile de trouver des mots. Il est aussi difficile de faire des analyses. On n'analyse pas l'horreur. On tente de l'arrêter. Certains sont devenus des spectateurs, en attendant leur tour. D'autres sont devenus comme l'éleveur qui garde sa chèvre dans la montagne et qui est incapable de la suivre et qui se met à bêler comme elle.

Le Burundi dispose en principe d'un corps de sécurité à moitié hutu et moitié tutsi. C'est sur le papier. Nkurunziza a créé le déséquilibre mental en infligeant une défaite morale aux ex- FAB. Ces ex-FAB n'ont rien compris à la situation. Aveuglés par la mission AMISOM, ils se retrouvent dans un goulot d'étranglement. Voilà le début du dilemme du prisonnier armé.

L'Armée désarmée et incapable de se battre

Qui a dit que le Burundi a une armée? Le grand bâtisseur de l'armée burundaise, le Président Bagaza a rendu l'âme. Son esprit n'a pas supporté les horreurs burundaises. L'armée qu'il avait réorganisée était capable de faire trembler le Rwanda de Habyarimana et le Zaïre de Mobutu. Aujourd'hui, cette armée est en miettes. Les blindés sont devenus des unités immobiles. L'artillerie inexacte est servie par ceux qui ignorent les principes fondamentaux de cette armée redoutable.

L'armée sera-t-elle moins forte que les bataillons des Imbonerakure? On le saura les mois à venir. Aujourd'hui, l'armée burundaise est même incapable d'organiser un bon défilé, par manque d'équipement et aussi de fierté.

Silence on désarme les ex-FAB

Les ex-FAB sont de plus en plus cantonnés dans des camps militaires reculés. Les armes lourdes sont retirées de ces camps. Ces militaires sont incapables en cas d'attaque. On retire progressivement des armes, des munitions de ces camps militaires. Un renfort des FDLR se trouve déjà au Burundi pour organiser des imbonerakure en bataillons. Militaires ex-FAB et ex-FDD, vous n'avez plus le monopole des armes. Les miliciens Imbonerakure pourront vous dépasser.

Le dilemme du prisonnier armé

Le militaire ex-FAB est un vrai prisonnier mais particulier. Il est le prisonnier le plus gâté à qui on laisse son arme et ses munitions. Alors qu'on retire des lacets au prisonnier pour qu'il ne se pende pas, le prisonnier armé, ex-FAB, garde son arme qu'il peut utiliser pour son hara kiri.

L'heure n'a pas encore sonné mais elle s'approche du but final. Le prisonnier armé se demande s'il peut utiliser son arme pour montrer qu'il a encore de la force et qu'il ne peut pas laisser ses voisins se faire massacrer un à un. Progressivement, il perd de sa force. Il peut encore se libérer avec son arme. Au lieu d'utiliser son arme, il pense qu'il a des chances de survivre sans l'utiliser en se montrant plus doux que l'agneau. Son dilemme est de ne rien faire en attendant l'inconnu ou d'agir pour accélérer l'histoire et sauver le pays. Son dilemme tient à l'ignorance de l'avenir et au manque du patriotisme.

La grande question du prisonnier armé est de savoir s'il se fera massacrer sur place avec son arme ou s'il sera déjà désarmé le jour venu. Aura-t-il le temps de se préparer ou de se défendre?

Les choses vont vite et le dilemme de notre prisonnier armé risque long et suicidaire. Aucune armée n'a été aussi humiliée.

Fuir, se battre, se résigner et attendre son tour. Les étudiants pourront trouver  en mathématique de  recherche opérationnelle la bonne solution.

Prisonnier armé, bon courage. Ta neutralité ne convient à personne. Nkurunziza pense que tu es contre lui. Le peuple pense que tu es avec Nkurunziza l'oppresseur.