Source : Arib

De : Aline Neza

Date : 29 nov. 2007

Objet : Point de vue

QUI PILOTE LA DIPLOMATIE BURUNDAISE ?

Sincèrement, on ne sait plus la personne qui pilote la diplomatie  burundaise depuis l’avènement du Parti CNDD-FDD au pouvoir (2005). Et partant, on s’interroge sur la destination et l’utilisation des fonds collectés à travers la coopération internationale ! Madame la Ministre Antoinette BATUMUBWIRA ne s’en soucie guère ; son seul souci est de garder son fauteuil ministériel afin de continuer à bénéficier de la grâce présidentielle nécessaire pour occuper éventuellement la Présidence de la Commission de l’Union Africaine ! En serait-elle capable alors que sa prestation au Ministère des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale est presque nulle ? En témoignent les quelques exemples suivants :

1. LES NON-DITS DE LA VISITE DU PRÉSIDENT SOUDANAIS AU BURUNDI

La coopération entre le Burundi et la Soudan date de longtemps. En effet, ces relations ont vu le jour au moment où l’Honorable Léonard NYANGOMA était encore à la tête du CNDD. Des fonds colossaux ont été ainsi octroyés à ce Mouvement pour l’acquisition des armes et munitions. Ces rapports de coopération ont été poursuivis par Al Hadj Hussein RAJABU qui a su les consolider au profit du CNDD-FDD notamment dans le domaine de l’assistance technique militaire. Aujourd’hui, de nombreuses visites sont effectuées par diverses personnalités burundaises à la tête desquelles Son Excellence Pierre NKURUNZIZA. Des aides sont gracieusement octroyées mais on ignore leur destination. Il est néanmoins regrettable de faire remarquer que les techniciens du Ministère de Relations Extérieures et de la Coopération Internationale ne sont jamais associés aux préparatifs desdites visites. Tenez : Tout dernièrement, le Président de la République du Burundi a effectué une visite à Khartoum au cours de laquelle un don de 2 millions dollars lui aurait été remis en vue de contribuer à résoudre, semble-t-il, les multiples difficultés auxquelles fait face le Parti CNDD-FDD. Les dignitaires dudit Parti ignorent la destination de cette fortune, chose qui crée un climat de malaise au sein du CNDD-FDD.

Bien plus dans les milieux politiques et diplomatiques, on s’interroge sur la nature de la visite du Président soudanais. S’agissait-il d’une visite d’Etat, d’une visite officielle, d’une visite privée ou d’une visite de travail ? Inutile de poser la question au Protocole d’Etat parce que le responsable ne serait pas du tout capable d’y répondre…

De toutes les façons, celle-ci a été émaillée de nombreuses défaillances qui suscitent interrogations et étonnements. On citerait à titre d’exemple le financement des projets à caractère purement privé tels que l’Université de la Paix à Bwiza ainsi que la radio religieuse SALAMA, deux projets initiés par le Cheik Mahamud RUKARA, bras droit du Président NKURUNZIZA, qui vont bénéficier d’un don de six cent mille dollars (600.000$) alors que l’Etat burundais n’a été associé ni de près, ni de loin à la confection du dossier y relatif. Quelle serait alors la place du Gouvernement dans la gestion de cette Université et de cette radio privées parce que ce montant constitue une contribution octroyée au nom du Gouvernement burundais ?

D’autre part, des montants qui s’élèvent à plus ou moins 3 millions de dollars US et 2 millions de dollars seront octroyés au Président de la République et à son épouse au mois de janvier 2008 pour financer respectivement les travaux de construction du Stade et autres infrastructures sportives et sociales à NGOZI et du Centre UBUNTU. Quelle serait alors la part du Gouvernement burundais dans la gestion de ces projets ?

Par ailleurs, qui pourrait s’imaginer un seul instant que le Chef du Protocole, sur instruction de son patron, a curieusement interdit à toutes les personnalités burundaises présentes à NGOZI d’accompagner les deux Chefs d’Etat lorsqu’ils sont allés visiter les deux projets du couple présidentiel !

2. DES DEPLACEMENTS OFFICIELS ONEREUX ET INUTILES

Le Président de la République s’apprête à effectuer des visites en Egypte, en Libye et au Maroc et très prochainement au Bénin, au Togo et au Nigeria alors que les caisses de l’Etat ont été vidées par ses proches collaborateurs et que le pays fait face à une recrudescence de la criminalité sur toute l’étendue de la République.

a)       La Libye

Avec la Libye, le Burundi a plusieurs dossiers à traiter. En effet, de nombreux crédits ont été octroyés par ce pays par voie informelle. De ce fait, les techniciens du Ministère des Finances refusent d’avaliser le remboursement de ces crédits qui s’évaluent à des centaines de milliers de dollars.

b)      Le Nigeria

Le Togo, le Bénin… la véritable destination est le Nigeria ! Avec le Nigeria, c’est un scandale qui va se produire dans les prochains jours et le Cabinet présidentiel en est conscient, raison pour laquelle il a dépêché son Chef de Cabinet, Monsieur Melchior WAGARA, au Nigeria dans la plus grande discrétion. Son séjour à Abuja consistait principalement en la reconduction du marché gré à gré à une société nigériane pour la vente du pétrole octroyé au Burundi alors que la loi en la matière indique bel et bien qu’un marché de plus de cinq millions de FBU ne peut être attribué que conformément aux procédures d’appel d’offres. D’autre part, il était chargé de faire disparaître toutes les traces et références sur la quantité du pétrole déjà vendue et la liste des dignitaires du CNDD-FDD qui bénéficient de cette manne pétrolière. Cette mission a été bien accomplie mais Monsieur WAGARA a oublié qu’il s’agit d’un secret de polichinelle au sein du Parti CNDD-FDD. En effet, le partage du butin étant inéquitable, nombreux sont ceux qui recommandent la résiliation du contrat avec cette société nigériane. Il leur manque par conséquent un détonateur pour faire exploser cette bombe.

D’autres sources émanant du CNDD-FDD estiment qu’il est injuste d’accuser ce parti d’avoir trempé dans ce dossier alors que cette transaction date d’avant les élections de 2005. Elles suggèrent par conséquent de mener d’abord une enquête auprès du Parti FRODEBU qui a initié ce dossier au lieu de s’en prendre directement au CNDD-FDD. Nos sources ont contacté l’un des diplomates affectés à Abuja mais celui-ci a refusé de s’exprimer sur cette question qui est devenue un sujet tabou, arguant qu’il s’est fait tirer par le nez pour avoir échangé avec un dignitaire du CNDD-FDD sur l’évolution de ce dossier. Aussi, nous a-t-il renvoyé à son supérieur qui a refusé de faire un quelconque commentaire.

Dans le même ordre d’idées, une société indo-nigériane introduite au Burundi par le Commissionnaire KWIZERA Dieudonné, actuel Deuxième Conseiller à l’Ambassade du Burundi au Nigeria et présentement employé à ladite société, a largement contribué à la signature en Janvier 2007 du contrat entre le Gouvernement du Burundi et ladite société pour la confection des nouveaux passeports et cartes d’identité nationales pour un montant pharamineux. La commission ou pourboire a été empochée par l’intéressé. Il s’agit encore une fois d’une violation flagrante de la loi. Sont impliqués dans ce dossier l’actuel Chef de Cabinet militaire du Président de la République, le Général Evariste NDAYISHIMIYE et l’ex Chef de Cabinet Civil du Président, Monsieur Martin MBAZUMUTIMA. Est-ce que le Burundi a vraiment besoin de nouveaux passeports alors qu’il en dispose déjà depuis peu de temps ? Qu’en dit Madame Antoinette BATUMUBWIRA, Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale, détentrice de tous les Accords entre le Burundi et les partenaires publics et privés étrangers ?

Il faut que le parlement se penche rapidement sur cette question.

3. IMBROGLIO POLITICO DIPLOMATIQUE AU MINISTÈRE

c)       Rappel de l'Ambassadeur burundais en Suisse

L’Ambassadeur du Burundi en Suisse vient de regagner son poste il y a une semaine. En effet, il lui est reproché d’avoir eu des entretiens avec l’Ambassadeur de TAIWAN à Genève au cours desquels il a eu la maladresse d’affirmer que le Burundi reconnaît TAIWAN et que notre pays est prêt à nouer des relations diplomatiques avec ce dernier ! La réaction de la Chine continentale ne s’est pas fait trop attendre. L’Ambassadeur chinois au Burundi s’est présenté au Ministère des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale pour protester et demander des explications, car il s’agit, en réalité, d’un signe d’ingratitude envers ce grand bienfaiteur du peuple burundais.

Le non-dit est que cet Ambassadeur serait, avant tout, accusé d’être l’un des initiateurs d’un groupe d’opposition au sein du Parti CNDD-FDD qui mène ses activités à partir de l’extérieur du Burundi assisté par un ancien Ministre. Il paraît que le travail déjà accompli est très apprécié par les ABAGUMYABANGA de la diaspora. Notez que ce groupe n’a aucun lien avec le groupe de Hussein RADJABU : ils ont tout simplement un objectif commun : le départ de Pierre NKURUNZIZA.

d)      Rappel de l'Ambassadeur burundais à Paris

C’est triste qu’un Ambassadeur aussi compétent et expérimenté que Monsieur NKERAMIHIGO puisse être rappelé au pays parce que tout simplement membre du Parti MRC. Le Gouvernement aurait dû penser d’abord à la scolarité des enfants et aux perturbations qui s’en suivront au niveau familial.

4. CONCLUSION

Il y a lieu d’affirmer qu’en politique, il n’est pas interdit d’imiter les bons exemples même s’ils sont initiés par votre adversaire et quelque soit le degré d’antagonisme entre vous. Ce n’est pas le cas chez ce sportif qui a eu le privilège d’être propulsé gracieusement à la tête du pays malgré ses nombreuses défaillances. Les cadres compétents ne manquent pas chez les hutu et les tutsi. Néanmoins, les rares compétences qui sont autour de lui ne sont ni consultées ni écoutées. Il préfère vivre avec des courtisans médiocres qui lui font commettre des erreurs politiques qu’aucun autre Chef d’Etat burundais n’a commises durant son mandat. Bref, ce régime politique est identique à celui de Mugabe de ZIMBABWE.

Ainsi, le Burundi actuel fait inexorablement et à une vitesse de croisière une descente aux enfers à cause tout simplement du mauvais entourage caractérisé par une culture de médiocrité, une boulimie politicienne et un esprit de lucre jamais connus dans les annales de l’histoire politique du Burundi.

Toujours est-il que, les dossiers des malversations financières dont la vente illicite de l’avion présidentiel, le dossier INTERPETROL ainsi que le dossier « Nouveaux Passeports burundais » pour ne citer que les trois, constituent une pomme de discorde à la tête du Parti CNDD-FDD. Concernant le dossier Pétrole nigérian dont les éléments sont entrain d’être rassemblés par les Groupes d’opposition au sein du CNDD-FDD (Groupe RADJABU et Groupe MAHWERA) sera, à n’en pas douter, une goutte qui va faire déborder le vase et entraîner en conséquence  la chute prématurée mais inéluctable de l’actuel  Président de la République.

C’est son entourage qui a induit le Président NKURUNZIZA en erreur en l’amenant à rompre avec son compagnon de lutte, Al Hadj Hussein RAJABU et à l’emprisonner sans motif valable. Il est grand temps que le Président NKURUNZIZA se ressaisisse en se séparant notamment de ces politiciens véreux sinon le vent du changement au sein de son Parti et de la nation burundaise risque de l’emporter en même temps que la “ bande de quatre” composée de Adolphe, Muhamed, Manassé et Evariste.

NEZA Aline