Burundi news, le 03/04/2008

Une diplomatie de prévention des conflits…

Par The Leadership Institute

Le parti au pouvoir, les partis d’opposition, les associations de la société civile ont pour dénominateur commun ou plutôt comme cible dans leur quête de reconnaissance, d’appui financier ou pour se positionner par rapport à leurs adversaires : la communauté internationale. Celle-ci comprend les ambassadeurs accrédités à Bujumbura, les représentants du système des Nations Unies, les pays de la sous-région ainsi que tout autre groupe de pression ou d’influence auprès des capitales occidentales.

Face à la situation particulière de post-conflit et de consolidation de la paix au Burundi, quelle serait la mission première de la communauté internationale ?

Enfin, face aux problèmes politiques de fond que le Burundi vit avec le régime CNDD-FDD, quelle devrait être la responsabilité de cette même communauté internationale ?

Sans vouloir nous transformer en « donneur de leçons », nous voudrions juste exprimer notre entendement sur cette question.

Voici notre analyse :

a.    Les responsabilités en période post-conflit : Afin de permettre une stabilisation du pays et de faire profiter la population des dividendes de la paix, nous pouvons dire sans nous tromper que les priorités de la communauté internationale dans le cas du Burundi étaient : la réduction de la pauvreté, la reconstruction nationale, le renforcement des Institutions démocratiques, la consolidation des acquis de la démocratie, la relance de l’économie nationale et l’appui à la bonne gouvernance etc. Cela se retrouve facilement dans les textes du projet de « Consolidation de la Paix » du BINUB, dans le texte du programme d’urgence et enfin dans celui du CSLP. Toutes ces bonnes intentions sont pertinentes dans le contexte burundais. Ajoutons à cela, tous les projets des bailleurs relatifs au renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité, le programme DDR et l’appui aux négociations avec le FNL. La communauté internationale a répondu positivement à tous ces programmes et les burundais ne peuvent que l’en remercier. Même si la relance économique se fait encore attendre, on ne peut en vouloir aux bailleurs mais plutôt au gouvernement qui ne fait pas preuve de dynamisme dans la conduite de sa politique économique et dans l’amélioration de la question de la bonne gouvernance économique. N’oublions pas d’un autre côté, les crises politiques qui se succèdent et qui compromettent sensiblement les relations du gouvernement avec les bailleurs de fonds.

 

Sur le plan régional, l’aboutissement du processus démocratique a permis au Burundi d’être éligible au sein de la Communauté Est Africaine. N’oublions pas que le processus de paix au Burundi a été parrainé par la sous-région. Nous restons donc convaincus que cette même initiative régionale devait continuer à exercer un suivi du processus de consolidation de la paix, non seulement avec le FNL, mais aussi la conduite des affaires de l’Etat au sein des institutions républicaines.

 

b.    Les responsabilités face aux problèmes politiques actuels : Face aux problèmes observés ici et là et qui compromettent la stabilité politique et démocratique du Burundi, la stratégie de la communauté internationale ne semble pas clairement définie. Ainsi, les violations des droits de l’homme, les atteintes à la liberté d’expression, les crises institutionnelles, le non fonctionnement des instances judiciaires, les emprisonnements arbitraires des opposants politiques, les exécutions extrajudiciaires, les magouilles dans le processus de démobilisation caractérisent le régime actuel. L’opposition est muselée sur tout le territoire burundais (aucun parti à part le CNDD FDD ne peut tenir une réunion avec ses membres), des montages en tous genres sont concoctés par les services de renseignements pour emprisonner des opposants au régime ou les intimider, la torture est devenue monnaie courante (cas Kadege et Kagabo), les assassinats extrajudiciaires ࡒ(Kinama, Muyinga, Makamba etc.), les violations de la loi dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale sans oublier le manque d’indépendance de la Magistrature par rapport à l’Exécutif : voilà la triste réalité de l’expérience démocratique des burundais depuis 2005. Alors face à cet échec, les forces politiques et la société civile tentent, dans la mesure des moyens que leur accordent la Loi et le cadre démocratique de jouer leur part en tentant d’exercer des pressions sur le pouvoir en place. Ce dernier fait la sourde oreille et démontre un refus catégorique de privilégier l’Etat de Droit et le respect des principes démocratiques. De surcroît, l’arrogance du pouvoir va loin en prenant et en clamant que le financement de certains projets par les bailleurs de fonds constitue un APPUI à sa politique. Il va même jusqu’à narguer l’opposition en démontrant que ses accusations ne servent à rien puisque la communauté internationale soutient la politique gouvernementale. Les problèmes soulevés ci-haut sont REELS et nous ne doutons pas que la communauté internationale suit la situation de très près. Nous sommes aussi conscients que l’aide internationale pour réduire la pauvreté de nos populations et remettre le pays  sur les rails est primordiale pour ne pas que le pays sombre davantage dans le chaos. Cependant, nous voudrions insister sur une très grande responsabilité de la communauté internationale pour que le processus démocratique ne soit pas remis en cause.  Le Burundi ne pourra pas aborder sereinement les élections de 2010 dans le contexte actuel de tensions politico-ethniques attisés par le pouvoir.. Les échéances de 2010 risquent de connaître des niveaux de violence inégalés et cette analyse est confirmée par plusieurs sources concordantes. Nous demandons à la communauté internationale de ne pas ACCEPTER que les cas graves de violations des droits de l’homme (Muyinga, Kinama) restent IMPUNIS et non élucidés et d’EXIGER que les responsables soient PUNIS et ce, avant 2010. Nous leur demandons de conditionner l’aide par la RESOLUTION de ces cas graves de mauvaise gouvernance politique et économique. C’est la seule voie pour permettre aux forces politiques burundaise de sauvegarder les acquis de la démocratie. Il faut appuyer et privilégier les options démocratiques, autant pour le pouvoir que pour l’opposition.

 

Une diplomatie de prévention des conflits sérieuse, engagée et coordonnée s’impose pour que le Burundi ne retombe pas dans les affres des violences ethniques et politiques. Demain il sera probablement TROP tard pour agir.