DISCOURS PRONONCE PAR L’HONORABLE ALICE NZOMUKUNDA, PRESIDENT DU PARTI «  URUNANI RW’IMVUGAKURI , ADR », ALLIANCE DEMOCRATIQUE POUR LE RENOUVEAU A L’OCCASION DU LANCEMENT OFFICIEL DU PARTI

 

                                                                           Bujumbura, le 29 août 2008.

 

Honorables,

Excellences,

Distingués invités,

Mesdames, Messieurs,

 

C’est un réel plaisir et un grand privilège de vous accueillir, en mon nom personnel et au nom des membres fondateurs du parti ADR, en ce jour du lancement officiel du parti. Nous apprécions hautement votre acceptation de notre invitation.

 

 Nous ne doutons pas que la modestie de nos conditions d’accueil n’est pas à la taille de la marque de nos invités. Mais, croyez nous, nous allons tout faire pour que votre séjour parmi nous soit le plus agréable.

 

Tout en répondant aimablement à notre invitation, vous êtes certainement venus avec de nombreuses interrogations, à commencer par l’identité de l’ADR qui vous a invité et au nom de laquelle j’ai l’honneur de m’adresser en ce moment à vous. Aussi, est ce pour nous la première préoccupation de répondre à vos interrogations.

 

L’ADR est un parti politique, le 39ème de la scène politique burundaise actuelle. Un de plus, ne manqueront pas de s’écrier nombreux de nos compatriotes, hélas déçus pour ne pas dire écoeurés par le comportement des partis politiques au Burundi. Un de plus pourront aussi se dire des observateurs étrangers parce qu’à dire vrai il n’est pas aisé de comprendre pourquoi autant de partis pour un pays aux dimensions du nôtre. Qu’est-ce donc l’ADR, qui sommes-nous ou autrement dit, pourquoi ce parti politique a-t-il été créé ?

 

L’Alliance Démocratique pour le Renouveau est, comme la dénomination le suggère, une association vouée à la promotion de la démocratie dans et pour le changement. En kirundi, langue dans laquelle nous pensons et réfléchissons naturellement et le mieux, notre parti s’appelle « URUNANI RW’IMVUGAKURI ». Ce qui se traduit littéralement par les termes « Alliance des fidèles à la vérité », « Alliance des adeptes de la vérité ». Nous ne nous sommes pas tenus à cette traduction littérale, mais croyons avoir fait la synthèse en traduisant vérité par démocratie et renouveau.

 

Vous aurez compris, Mesdames, Messieurs, que nous avons pour leitmotiv la vérité. La raison d’être de cette option est facile à comprendre pour qui connaît le Burundi et son histoire politique. L’ADR a l’ambition de briser la tradition du mensonge dans la politique du Burundi. Nous sommes persuadés qu’aussi longtemps que le mensonge servira de toile de fond à tout ce qui se fait et couvrira tout ce qui se fait, il sera une illusion ou plus exactement un vaste mensonge de faire croire que notre pays pourra se dégager des mille et un problèmes qui l’assaillent et être confiant en son avenir.

 

Pourquoi autant d’acharnement, de notre part, contre le mensonge, direz-vous ! Le mensonge est autant  un péché contre Dieu, qu’un péché contre les hommes. Le mensonge est destructeur, ravageur des âmes, des corps et de la société. Qui nous contredira, nous qui affirmons que tuer et voler à la tête de l’Etat, se dérober de sa charge où l’exercer mal relèvent avant tout du mensonge, parce que nul n’ignore que ces voleurs et ces tueurs, ces inconscients et ces incompétents, petits, grands et géants  couverts directement ou indirectement de l’autorité publique ont pour boucliers le bon discours, la manipulation, la banalisation.

 

A titre d’exemple du mensonge inoculé dans la structure mentale de nos citoyens par les soins du pouvoir politique, « le Burundi est un petit pays, un pays pauvre et sans ressources », ont entonné les uns après les autres nos dirigeants. Pourtant, rares sont ceux qui parmi ces dirigeants accepteraient de limiter leurs avantages matériels pour alléger les charges de l’Etat.

 

Face à ce discours démobilisateur, mensonger et cynique qui se transmet telle une maladie contagieuse depuis des générations par nos pouvoirs successifs, l’ADR dit à ses compatriotes et au monde que « le Burundi est un pays riche mais pauvre par un manque d’un leadership visionnaire ».

 

Nous sommes persuadés que ne pas répondre aux aspirations  profondes de notre population et aux exigences du développement socioéconomique basé sur le libre choix de l’individu à préparer et à assumer son avenir sans oublier l’intérêt bien compris de tout un chacun dans le concert des nations s’inscrivant dans la logique de la mondialisation constitue une erreur monumentale qui peut condamner les générations futures et par conséquent l’avenir radieux de notre nation.

 

 

Un autre exemple du mensonge ambiant. Les tutsis sont dominateurs et sources de nos malheurs, ont crié des politiciens hutus en mal d’arguments. Les hutus sont assoiffés de notre sang, ont rétorqué des politiciens tutsis menacés dans leurs privilèges. Incapables d’accorder leurs discours et leur action, lorsqu’il s’agit de construire le pays et de partager l’effort, les deux groupes de dirigeants, affichent moins de discordance lorsque vient l’heure du partage de la prébende.

 

 J’ai eu personnellement à vivre cette douloureuse expérience aussi bien au Gouvernement qu’à l’Assemblée Nationale où l’unanimisme tutsi-hutu tranche avec le discours que les uns et les autres animent dans leur communauté d’origine.

 

A l’ADR, nous disons que la classe politique burundaise ne peut pas continuer à se servir du conflit ethnique pour assouvir ses intérêts de rester ou d’accéder au pouvoir. Cet alibi, ce raccourci des politiciens en mal d’arguments doit disparaître. Nous nous y emploierons avec détermination.

 

Sur un autre tableau, l’ordre judiciaire ne fonctionne pas mieux, étant un simple outil entre les mains des pouvoirs exécutif et législatif. Réduit au rôle de fouet entre les mains des deux autres pouvoirs, l’appareil judiciaire est le signe le plus affligeant d’un peuple laissé pour compte.

 

 Et dire que les citoyens, soigneusement tenus dans l’ignorance de ce qui se trame, attendent bonheur et prospérité,  de ces « honorables institutions ». Nous avons pris le parti de leur dire que l’Etat du Burundi tel qu’il est pensé, perçu et vécu dans sa philosophie et dans sa nature actuelles, ne peut lui être d’aucun secours.

 

Dans ce contexte, nous voudrions livrer trois messages.

 

1° La déchéance du citoyen burundais, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, n’est pas le résultat du hasard, pas plus qu’elle n’est une fatalité.  Elle ne résulte pas du hasard. Elle est l’aboutissement d’une mauvaise gestion de l’Etat prolongée conjuguée à la dépravation des mœurs politiques et sociales dans laquelle dirigeants et dirigés se sont endormis et adaptés avec diverses fortunes mais surtout dans l’inconscience la plus meurtrière.  Elle n’est pas une fatalité non plus. Et pour cause, le citoyen burundais n’est pas maudit, il est capable d’assumer son destin qu’il devra néanmoins se réapproprier et reprendre entre ses mains. L’homme burundais, avec majuscule, peut être un homme au sens noble de ce terme au lieu d’être cet être marginal dans son propre pays et mal dans sa peau. Pour y arriver, il lui suffira de le savoir et de le croire. Nous nous sommes assignés la mission de le lui faire savoir, l’invitons dès aujourd’hui à nous écouter et à adhérer dans le dialogue et la tolérance à notre vision.

 

2° La marche vers la revalorisation et l’épanouissement du citoyen, que nous préconisons, parce que c’est cela notre objectif ultime, ne sera possible que par le biais de la création d’un Etat de droit qui conjugue droits de l’homme avec démocratie, bonne gouvernance, justice et morale. Le citoyen burundais pour lequel nous sommes déterminés à nous battre devra être mis à l’abri de la violation massive des droits de l’homme, des tortures, des violences sexuelles et des assassinats politiques, travers auxquels il est exposé aujourd’hui au quotidien et sans défense.

 

Nous entendons combattre l’impunité, source de frustrations et hélas érigée en mode de gouvernement. Nous entendons contribuer à l’avènement d’un Etat où les citoyens sont égaux en droits et en devoirs, à l’avènement d’un Etat où chaque citoyen participe à l’effort mais aussi à son fruit.

Un mot particulier et clair doit être consacré à la corruption qui, par sa pratique généralisée, a considérablement affaibli l’Etat et menace sa survie si elle n’était pas éradiquée dans l’immédiat.

Nous sommes conscients que la justice n'est pas seulement une affaire des juridictions. Ella a aussi pour noms : l'égalité des chances, la sécurité pour tous et l'éradication de la pauvreté.

L’impunité est l’ennemi numéro un de l’Etat car sans Justice, l’Etat devient incapable de jouer  les rôles qui lui sont dévolus.

3° L’ADR entend accorder une place particulière à la morale aussi bien dans la société en général que dans la vie politique en particulier. Certains vont sourire en nous entendant parler de morale dans ce pays, ravagé par l’immoralité. Si nous comprenons leur scepticisme forgé à l’expérience, nous refusons par contre de le partager. La morale sera le passage obligé vers le retour à un Etat normal, sécurisé et sécurisant, viable et crédible.

 

 C’est pourquoi nous entendons nous battre pour le retour de la morale et de la moralité dans la société burundaise. Une campagne de moralisation sera indispensable. Et pour nous, qui dit campagne ne dit pas seulement discours mais aussi action. Et qui dit action dit mécanismes administratifs, juridiques et judiciaires.   

 

Mesdames, Messieurs,

 

Vous aurez compris que nous sommes un parti de la rupture, un parti de la rupture avec le plus grand mal de notre société ; le mensonge et ses corollaires. Nous nous inscrivons en faux contre le discours politique en vogue et son prolongement dans l’action. Nous nous inscrivons en faux contre le discours du désespoir et de la démission, contre le discours de la fatalité. Nous nous inscrivons contre l’isolement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, nous nous inscrivons contre la politique des ghettos, sociaux, culturels, politiques et économiques et agirons en conséquence.

 

Animée de la ferme volonté et forte de sa détermination à éveiller la conscience de tous les Barundi pour qu’ils se lèvent comme un seul homme et disent non au naufrage collectif, l’ADR se veut un grand mouvement rassembleur avec la vision que « Un Burundi meilleur est possible et ensemble nous pouvons le construire, mais l’avenir se prépare. » 

 

Notre projet de société se base sur le principe sacro saint d’un  Partenariat Public – Privé pour une Prospérité partagée.

 

C’est à ce titre que nous interpellons la classe politique dont nous faisons partie intégrante de se joindre à nous et prendre conscience des atouts dont dispose notre patrie pour déraciner à jamais les causes profondes de la paupérisation croissante de notre population et de prendre le taureau par les cornes pour barrer la route au mensonge, à la démagogie, à la gabegie, au gangstérisme d’Etat, à la corruption, aux violations répétitives de la loi, à l’atteinte des droits de la personne humaine et à l’impunité qui ont plongé notre pays dans des souffrances innommables qui ont jalonné l’histoire douloureuse de notre pays.

 

Convaincus de la justesse de cette approche, Le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI-ADR » vous invite à adhérer, et faire adhérer massivement à son projet de société et à contribuer à l’œuvre qu’elle veut initier de voir le Burundi et son peuple renouer avec le progrès dans la fraternité, la liberté et la dignité.

Mais comme l’avenir se prépare, nous devons nous mettre à la tâche, tâche qui sera ardue et longue mais mérite d’être entreprise. Vous avez entendu que notre programme est vaste et fort ambitieux. Il nous a fallu établir des priorités parce que tout ne pourra pas être réalisé en une fois.

 

Confiants de la justesse de notre projet de société, de notre vision, nous ne doutons pas que l’ADR, creuset de la solidarité nationale et du renouveau démocratique, est partie pour un grand et beau rêve.

 

Ensemble nous pouvons construire un Burundi meilleur qui soit la fierté de son peuple. L’avenir se prépare.

 

C’est par cet appel que je déclare le lancement des activités du Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI ADR »

 

Je vous remercie.