Burundi news, le 10/05/2012

 
Discours de S.E.M. Stéphane De Loecker, Ambassadeur de l'Union européenne au Burundi
 
Excellence Monsieur le Ministre de la jeunesse et des sports, représentant du gouvernement burundais
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
Honorables Membres de l'Assemblée Nationale et du Sénat,
Mesdames et Messieurs les représentants des missions diplomatiques et consulaires, et
des organisations internationales;
Mesdames et Messieurs, les représentants de la société civile;
Distingués Invités Mesdames, Messieurs.
Mon épouse Consolate et toute l'équipe de la délégation de l'Union européenne au Burundi se joignent à moi pour vous remercier d'avoir accepté notre invitation à vous joindre à nous en ce jour de la Fête de l'Europe, qui marque le 62e anniversaire de la Déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, acte fondateur de l'intégration
européenne de ce qui devenu aujourd'hui l’Union européenne, et je remercie tout particulièrement mes collègues des Etats-membres de l'Union de m'avoir rejoint, une fois de plus, sous la bannière européenne, à l'occasion de cet important événement.
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
L'état de l'Union
 
Je vous disais l'année dernière que l'Union ne se portait pas bien, et malheureusement le constat n'est certes pas meilleur aujourd'hui: D'abord, cette dernière année a vu la crise financière s'amplifier, avec des dettes souveraines des Etats soumises à de fortes pressions, un recul important de l'activité économique, et même, des incertitudes à l'égard de l'avenir de l'Euro, pourtant une des réalisations les plus marquantes de l'Union européenne. Les causes de la crise sont connues: l'UE n'a pas été assez compétitive, certains Etats membres ont vécu au-dessus de leurs moyens et la monnaie unique a été créée avant l'harmonisation des politiques
économiques et fiscales;
Ensuite, cette année a aussi vu s'amplifier les tendances extrémistes en Europe, qu'il s'agisse de diverses formes de populisme exacerbé, rejetant la responsabilité de la crise sur le libéralisme et la mondialisation pour les uns, ou de nationalismes virulents, rejetant cette responsabilité sur l'"étranger" au sens large, pour les autres.
 

Le projet européen est donc en difficulté, en grande difficulté. Mais est-il en crise? Non, pas vraiment: les critiques sont très fortes dans les pays en période électorale, nous venons de le voir en France et en Grèce, qui avaient d'importantes élections dimanche dernier, mais les dirigeants politiques responsables savent qu'il n'y a pas de salut hors du projet européen, comme nous venons de le voir dans un état membre ici présent, la France mais aussi, auparavant, en Italie et en Espagne.La solution est connue: PLUS d'Europe, mais aussi, et c'est indissociable, MIEUX d'Europe

 
D'abord et avant tout, par une plus grande discipline et rigueur budgétaire, qui n'excluent pas une solidarité bien comprise avec les 80 millions d'Européens menacés de pauvreté; Ensuite, par une politique volontariste et raisonnable de création d'emplois productifs, notamment pour les jeunes, et par l'augmentation de la productivité, indispensable pour rester compétitifs dans un monde globalisé où la concurrence est impitoyable.
Enfin, par l'accélération de l'intégration des politiques européennes, notamment les politiques économiques, sociales et fiscales, et les politiques d'immigration Le projet européen est en difficulté mais pays en crise pour deux raisons: d'abord, parce que les fondements de l'économie européenne demeurent solides, et ensuite, parce que les valeurs que nous avons en commun de liberté, de respect de l'autre, et de démocratie nous unissent beaucoup plus qu'elles ne nous séparent de temps à autre, et continuent à inspirer les peuples du monde, à commencer par nos proches voisins. C'est le cas de la Croatie, que nous accueillerons au sein de l'Union en juillet 2013.
 
L'Union reste engagée dans le monde
 
Pour continuer à incarner ses valeurs et renforcer son économie, l'Union européenne, comme tout gouvernement national d'Europe ou d'ailleurs, doit être en mesure d'évoluer, de se réformer, de répondre aux aspirations au bien-être matériel et spirituel de sa population, et aussi de rayonner et d'agir comme acteur global dans les affaires du monde, parce que c'est son devoir, bien sûr, et parce que c'est son intérêt. L'Union est donc fortement engagée dans toutes les grandes questions qui déterminent notre avenir, telles que le respect des droits de l'Homme et des valeurs démocratiques, le respect de l'environnement, la lutte contre le terrorisme.
 

Deux exemples concrets de cet engagement de l'Union dans le monde:

D'abord, la création au sein de l'Union, avec nos Etats-membres bien sûr d'un mécanisme conjoint de gestion de crise, qui a d'ores et déjà montré son efficacité en Lybie, en Afghanistan et au large des côtes somaliennes dans la lutte contre la piraterie.
- L'autre exemple est le dialogue difficile que l'Union mène avec la Serbie et le Kosovo, des voisins de l'UE minés par le virus ethnique, où des peuples contraints par l'Histoire et la géographie à vivre ensemble, continuent à se haïr et ainsi, à nuire à leurs propres intérêts respectifs sans en tirer de bénéfices pour eux-mêmes.
La liste des actions décisives de l'Union, avec le poids de tous ses Etats-membres, est longue, mais je m'arrêterai à ce pays qui nous est si cher, le Burundi.
 
Les messages de l'Union au Burundi à l'occasion du 50e anniversaire de son Indépendance
 
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
 
Le Burundi va célébrer avec faste, dans moins de 2 mois, le cinquantenaire de son indépendance: contrairement à l'être humain, qui est mûr à 50 ans, pour une vieille Nation comme la Nation burundaise, c'est jeune 50 ans, à peine 2 générations! Tout est donc possible, et certainement pour un pays plein de potentialités comme le Burundi.
Mais ce n'est évidemment pas par hasard que je viens de citer la Serbie et le Kosovo, c'est parce que mes collègues et moi-même, l'Union européenne donc, sommes préoccupés, en raison de l'amitié qui nous lie de longue date au Burundi, des relents d'ethnisme que nous sentons poindre de manière diffuse, dans certains propos, dans certains dossiers sensibles, ces derniers temps, dans le pays.
 
Nous savons tous que le virus ethnique est mortel, ici comme au Kosovo, et il semblait heureusement éradiqué au Burundi. Nous souhaitons aujourd'hui vous mettre en garde solennellement contre tout nouvel accès d'ethnisme qui n'apporte que malheur et désolation, alors que les Burundais et les Burundaises ont droit eux et elles aussi à accéder aux valeurs et principes inscrits dans la Constitution burundaise et que l'Union défend avec force partout dans le monde, comme je viens de le rappeler: la liberté, le respect de l'autre et des valeurs démocratiques, et le bien-être matériel et spirituel. Aussi-bien, nous relevons que la Constitution du Burundi de 2005, votre loi fondamentale, affirme également avec force l'attachement à ces principes, je cite:
"réaffirmant notre engagement à construire un ordre politique et un système de gouvernement fondés sur les valeurs de justice, de démocratie, de bonne gouvernance, de pluralisme, de respect des libertés des droits fondamentaux de l'individu, de l'unité, de solidarité, de compréhension mutuelle, de tolérance et de coopération entre les différents groupes ethniques de notre société". Le souhait le plus cher de l'Union européenne est de vous accompagner dans la mise en œuvre de ces principes démocratiques fondamentaux.
 
Excellences,
Mesdames et messieurs
 
Vous vous rappelez certainement les mots du Pape Jean-Paul II aux Polonais à la veille de la chute du Mur de Berlin: "N'ayez pas peur!". Au Burundi, la peur est encore trop présente dans les esprits, la population a même peur de dire au gouvernement qu'elle s'inquiète de la hausse des prix. La liberté voulue par l'Union européenne est d'abord la libération de la peur:
- le gouvernement doit pouvoir gouverner sans peur du débat, avec justice et équité,
- la société civile doit pouvoir s'exprimer sans crainte, dans le respect de la loi et de la déontologie,
- les leaders en exil doivent pouvoir rentrer pour participer activement à la vie politique du pays, et le plus important,
- la femme et les enfants doivent pouvoir rentrer à la maison le soir sans la peur d'être battus par un homme ivre ou, pire encore, sauvagement assassinée, comme cette jeune fille albinos de 15 ans affreusement mutilée et sauvagement assassinée en commune Kabezi voici 2 jours. (Moment de silence)
Que le 50e anniversaire de l'indépendance du Burundi soit l'occasion pour que tous les Burundais et les Burundaises de se libérer de toutes leurs peurs, de s'engager plus résolument encore que par le passé sur la voie de la liberté, du respect de l'autre, et du développement économique, social et moral de la nation tout entière, dans toute ses composantes, une vaste entreprise dans laquelle le Burundi pourra toujours compter sur
l'amitié de l’Union européenne.
 
Les défis auxquels est confronté le Burundi
 
Excellences,
Mesdames et messieurs,
 
Lorsque j'ai brièvement exposé les graves difficultés auxquelles est confrontée l'Union européenne, je suis sûr que nombre d'entre vous se sont dit, peut-être avec surprise:
"tiens, c'est les mêmes problèmes qu'ici!", et en effet,
- le travail insuffisant est un grand défi pour le Burundi, très justement adressé directement par S.E.M. le Président de la République lui-même il y a quelques jours, le 1er Mai exactement. Il faut travailler plus pour espérer nourrir une population qui augmente de manière incontrôlée, et permettre à chacun, par son travail, de vivre dignement et de nourrir sa famille. Si je puis ajouter mon commentaire: les femmes
travaillent, beaucoup, et les enfants travaillent aussi beaucoup, malheureusement; et les
hommes…?
- plus encore que le travail, des hommes en particulier, la productivité du Burundi est largement insuffisante: pour réussir son intégration économique dans l'espace régional, et particulièrement dans l'East African Community, cette productivité doit augmenter fortement et rapidement pour que le pays bénéficie au mieux de cette intégration que le Burundi, en tant que petit pays enclavé, doit voir comme une véritable opportunité.
Tout le monde doit s'ouvrir aux autres, les individus comme les Etats, je l'ai dit pour l'Europe, c'est vrai aussi pour le Burundi, et cela commence par une bonne maîtrise des langues étrangères.
- la rigueur et la discipline budgétaire: une saine gestion des finances publiques orientée vers le bien-être de la population, une lutte efficace contre la corruption, le respect de l'indépendance de l'OBR fait partie aussi de la démocratie, un concept qui ne se résume pas à des élections, si importantes soient-elles;
- puisque je parle de démocratie et d'élections, mes collègues et moi-même, l'Union européenne donc, nous continuons d'encourager toute initiative visant à recréer une réelle vie politique avec pouvoir en place et opposition, dans le cadre d'une vie parlementaire active. A ce sujet, qu'il nous soit permis de répéter avec force que nous refusons tout recours à la violence, d'où qu'elle vienne, et que nous encourageons les leaders politiques en exil à rentrer au pays afin d'y exercer une activité politique pacifique dans la perspective des élections de 2015. C'est dans cette perspective que l'Union européenne, avec les Nations-Unies et la CENI envisagent d'organiser un séminaire de réflexion visant à tirer les leçons des scrutins de 2010, afin de préparer au mieux les échéances électorales de 2015.
- et ces mots sur le dialogue politique m'amènent naturellement aux questions liées à l'Etat de droit et au respect des Droits de l'Homme, auxquels nous sommes tous très attachés. Après une période très alarmante durant l'année 2011 qui a vu un nombre effrayant d'exécutions extra-judiciaires, dénoncées fortement tant par l'Union européenne et beaucoup d'autres, mais restées jusqu'ici impunies, nous constatons avec satisfaction que ces crimes odieux sont beaucoup moins nombreux aujourd'hui, et qu'un dialogue fructueux a été restauré entre l'Union européenne et le Burundi pour discuter de ces questions délicates, parmi lesquelles figure le rôle de la Société Civile , et en particulier des défenseurs des droits de l'homme, dans une société démocratique. Je me dois toutefois de rappeler que l'impunité pour les crimes les plus graves, dont ceux-là, reste un mal fondamental dont continue à souffrir le pays et que les crimes sérieux commis autour de la période électorale et en 2011 doivent être dûment investigués et les coupables traduits devant la justice. Et pour prendre un seul cas emblématique pour l'Union européenne, nous attachons la plus haute importance à ce qu'un jugement équitable intervienne rapidement dans le cadre du procès de l'assassinat d'Ernest Manirumva se termine, et que les véritables coupables et commanditaires soient dûment identifiés et condamnés.

 

Dans ce même esprit de justice et de respect des Droits de l'Homme, mes collègues et moi, l'Union européenne donc, insiste pour que le processus de la justice transitionnelle progresse conformément aux standards internationaux en la matière et ne résulte pas en l'impunité des personnes ayant commis des crimes imprescriptibles dans un passé plus lointain. Nous souhaitons vivement que la Commission vérité et réconciliation soit mise en place et fonctionnelle avant la fin de cette année, comme promis par Son Excellence le Président de la République. Pour qu'un processus de réconciliation puisse démarrer, la sécurité et une certaine confiance entre les Burundais doivent être établies, raison pour lesquelles nous nous réjouissons de l'amélioration globale du climat sécuritaire et de frémissements perceptibles en matière de dialogue entre toutes les forces politiques du pays dont nous saluons, sans les nommer, certains initiateurs ici présents ce soir.
 
L'Union européenne et le Burundi
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
Le moment agréable est venu pour mes collègues et pour moi de reconfirmer, sur la base des principes de bonne gouvernance que je viens de rappeler, l'engagement de l'UE dans son ensemble, donc avec les Etats-membres, en matière de coopération avec le Burundi, et de remercier à cette occasion tous et toutes nos partenaires burundais et burundaises, dont un certain nombre sont parmi nous ce soir. J'ai le plaisir de vous annoncer que l'Union européenne dans son ensemble, c'est-à-dire avec nos Etats-membres, est en voie de mieux se coordonner, ici et dans tous les autres pays ACP, avec nos Etats-membres dans la perspective de la programmation du 11e Fonds européen de développement, pour le plus grand bien de notre efficacité collective.
Quant à notre coopération avec le gouvernement burundais, elle se fait sur la base du Cadre stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté 2e génération, qui fixe, à juste titre nous semble-t-il, 4 axes prioritaires pour les années à venir, que l'Union européenne est prête à accompagner:
 
-le renforcement de l'Etat de Droit et la consolidation de la Bonne Gouvernance (A cet égard, je souhaite souligner l'action de l'UE au Burundi est basée sur la Stratégie nationale de Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption, que nous souhaitons voir mise en œuvre le plus rapidement possible et dans sa totalité):
-la transformation de l'Economie Burundaise pour une Croissance Soutenue et Créatrice d'Emplois avec pour priorités l'agriculture et la sécurité alimentaire, l'énergie et le développement du secteur privé,
-l'amélioration des Services de Base, en particulier l'éducation et la santé,
-la gestion rationnelle de l'Espace, de l'Environnement et des ressources naturelles pour un Développement véritablement durable. Quelques chiffres, les seuls de mon discours, rassurez-vous: malgré la crise financière qui l’affecte, l'Union maintient ses prévisions d'aides au Burundi pour toute la période 2008-2013 pour laquelle l'enveloppe globale s'élève à plus de 260 M EUR soit plus de 450 milliards de Fbu. Si l’on ajoute les versements effectués par nos Etats membres, on peut estimer à plus du double de ce montant le soutien apporté par l’Union européenne dans sa globalité, car il ne faut pas oublier non plus que nos Etats membres sont d’importants contributeurs à la Banque Mondiale et aux agences des Nations-Unies qui sont aussi des acteurs de premier plan ici au Burundi.

 

En conséquence de ce qui précède, je puis dire en notre nom à tous que nous maintiendrons ou, pour certains de nos Etats-membres ici présents, intensifierons même nos actions dans de nombreux secteurs tels que la sécurité, la défense, la justice, la bonne gouvernance, l'adduction d'eau potable et assainissement, l'éducation, la santé, les infrastructures, le développement rural , la sécurité alimentaire et, bien entendu, l'intégration régionale, dont j'ai déjà souligné l'importance pour le Burundi.
Même si tous ces domaines sont évidemment très importants, je voudrais insister particulièrement sur 2 d'entre eux, à savoir la question de la sécurité alimentaire, comme je le fais régulièrement dans mes interventions publiques, et celle de la production de la distribution d'électricité.
D'abord, et avant tout, la sécurité alimentaire: le Burundi bénéficiera en 2012 d'une enveloppe supplémentaire de 18 mio. d'Euros pour contribuer à réduire de moitié le nombre des personnes vivant dans l’extrême pauvreté et des personnes qui souffrent de la faim à l’horizon 2015. Le FIDA a été désigné comme étant le partenaire privilégié pour mettre en œuvre ce projet et je remercie nos partenaires pour notre excellente coopération. Le Burundi bénéficiera par ailleurs d'une enveloppe de 8 M€ à travers le Programme Sécurité Alimentaire et Nutrition au Burundi (PRO-SA-NUT), dont les actions viseront à lutter contre la malnutrition, un problème alarmant dans certaines provinces du pays et qui s'aggrave de jour en jour. Et comme je l'ai dit, nos Etats membres, et en particulier la Belgique et les Pays-Bas, intensifient aussi leur présence dans ce secteur, en raison des besoins alimentaires en croissance très rapide de la population.

 

Je ne peux mentionner ces problèmes de sécurité alimentaire sans lancer une nouvelle fois un appel vibrant au gouvernement burundais pour qu'il mette en place rapidement un programme efficace de planning familial. Le taux de fécondité actuel au Burundi est le 5e du monde, et la densité de population est trop élevée dans certaines provinces. Quoi que fasse le gouvernement et les producteurs agricoles burundais, avec le soutien croissant des bailleurs de fonds, il sera impossible de nourrir la population burundaise avec la production du pays à l'horizon 2025. C'est la raison pour laquelle le Président Nkurunziza lui-même a qualifié la croissance démographique de problème sécuritaire pour le pays, et je ne peux que lui donner pleinement raison!
Ensuite, l'énergie électrique: nous savons tous à quel point le problème de l'approvisionnement électrique handicape la croissance de l'économie et à quel point l'augmentation du coût de l'électricité est une source légitime d'inquiétude d'une population très pauvre, même si cette augmentation est économiquement inévitable.

 

La coopération entre le Burundi et l'Union européenne, en ce compris la banque européenne d'investissement et certains Etats-membres ici représentés, va donc à l'avenir aussi se concentrer sur le difficile problème de l'approvisionnement en énergie électrique, après s'être fortement concentrée sur les infrastructures routières ces dernières années. Le Gouvernement du Burundi et la BEI , avec l'apport de la BM , ont déjà noué des contacts fructueux pour la construction des centrales hydroélectriques de Jiji et Mulembwe qui pourrait, si ce projet voit le jour, doubler la capacité électrique du pays. Lors des discussions sur la préparation du 11ème FED, d'autres projets énergétiques seront aussi proposés qui feront certainement de l'énergie un de nos domaines de concentration. Ceci étant dit, j'ai le plaisir de vous annoncer que l'Union européenne vient d'attribuer le marché du bitumage de la RN 19 reliant Cankuzo à Muyinga, et que les travaux pourront débuter prochainement.
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
Afin de pouvoir financer les actions identifiées dans le CSLP2, les partenaires du Burundi auront une occasion à présenter leurs engagements lors d'une conférence de partenaires que le gouvernement souhaite organiser en automne de cette année. Nous souhaitons que la participation à cette conférence soit la plus large possible, incluant bien entendu les partenaires actuels du Burundi, mais aussi de nouveaux pays et organisations partenaires au développement du Burundi, le secteur privé intéressé par des investissements dans le pays, et aussi la société civile burundaise.
 
Toutefois, à l’heure où nos Etats membres doivent se résoudre à d’importantes coupes budgétaires, nos responsables politiques veillent plus que jamais à ce que les ressources financières mises à disposition soient rigoureusement et judicieusement utilisées. Nos opinions européennes sont certes prêtes à faire montre de solidarité, comme je l'ai dit en commençant mon propos, mais ne pourraient accepter des détournements de fonds ou des pratiques de corruption qui restent courantes au Burundi, encore moins lorsque nos propres citoyens sont appelés à se serrer la ceinture. Cette préoccupation, bien légitime, est du reste partagée par les citoyens burundais concernés au premier chef. A cet égard, je voudrais répéter que nous saluons la politique de tolérance zéro contre la corruption proclamée par le Président de la République. Nous attendons que la lutte contre ce fléau s’applique impitoyablement à tous les niveaux. A travers nos actions, nous continuons à appuyer le gouvernement et la société civile dans leur effort de combattre la corruption, et nous lui demandons d'intensifier ses efforts dans ce domaine crucial pour le développement économique du pays. Dans ce domaine-là aussi, nous vous disons que la bonne gestion des finances publiques, la bonne gouvernance à tous les niveaux, et la lutte contre la corruption, vous apporteront ce que tous et toutes vous attendez d'un Etat de droit: la fin des peurs stériles et la libération des énergies, la confiance qui permet le développement économique, et le bien-être matériel et spirituel auquel ont droit tous les citoyens burundais.
 
Vive le Burundi,
 
Vive l'Union européenne et la Coopération internationale,
 
Je vous remercie.