Burundi news, le 27/10/2011 

 

Allocution de circonstance prononcée par le Président du Parti Sahwanya-FRODEBU à l’occasion de la Commémoration du 18ème Anniversaire de l’assassinat du Premier Président élu démocratiquement, SE NDADAYE Melchior.

 

21 octobre 2011

 

(Traduction ; original en Kirundi)

 

 

§  Excellences, Mesdames /Messieurs ici réunis,

§  Madame la compagne de feu Son Excellence Ndadaye Melchior,

§  Excellences messieurs les anciens Chefs d’Etat de la République du Burundi,

§  Chers membres de la famille de feu SE Ndadaye Melchior,

§  Excellences Mesdames/Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions diplomatiques,

§  Messieurs les représentants des partis politiques venus vous associer à nous,

§  Chers militants du Parti,

§  Mesdames/Messieurs

§  Distingués invités,

 

Nous vous adressons nos salutations vous transmettant nos vœux de paix et de dignité pour tous.

 

Au nom du Parti Sahwanya-FRODEBU et en mon nom propre, Nous vous souhaitons la bienvenue dans cette cérémonie, et vous remercions vivement de votre soutien en ce jour où nous  commémorons le 18ème anniversaire de l’assassinat, par les ennemis de la démocratie,  du Premier Président élu démocratiquement, SE NDADAYE Melchior.

Nous avons très tôt ce matin participé à une célébration d’une messe en sa mémoire,  et nous avons eu l’occasion de nous recueillir pendant la matinée sur les tombes des martyrs de la démocratie. Nous sommes réunis ici pour conclure les cérémonies débutés ce matin. Nous exprimons notre gratitude pour l’honneur que vous manifestez envers nous, envers Feu SE Ndadaye Melchior, sa famille, ainsi que notre Nation le Burundi. Vous marquez la différence avec ceux qui ne font qu’exploiter honteusement tous les  jours son nom pour leurs intérêts matériels et financiers. Je demande à tous les militants du Parti réunis ici de vous acclamer parce que vous le méritez.

Au cours des années passées, dans de pareilles circonstances , nous sommes revenus sur la vie de SE Ndadaye Melchior, son lieu de naissance, les études faites, les responsabilités techniques et politiques occupées dans le pays. Aujourd’hui, nous avons voulu rappeler la façon dont il envisageait un Burundi nouveau.

 D’une façon générale, Feu Président Melchior Ndadaye disait ceci :

En ce qui concerne la question de la Paix et la sécurité, les organes en charge de ce secteur seront organisés de façon qu’ils ne soient plus l’apanage d’une ethnie, d’un Parti ou d’une région. Leurs diverses missions seront  différenciées. La police aura ses propres missions, de même que l’armée et le service de renseignement. Nous accorderons à l’armée, la police et le service de renseignement, les formations nécessaires leur permettant de bien s’acquitter de leurs missions respectives, conformes à une bonne gouvernance démocratique.

Concernant la question du respect des droits et la dignité humains, nous refusons que le respect des droits humains soit uniquement un slogan. En conséquence, nous instituerons un tribunal chargé d’accueillir et trancher les plaintes des victimes de diverses violations des droits humains. Pour mettre fin aux mauvaises habitudes de non respect de l’intégralité de la vie humaine, nous instituerons une loi qui abolit la peine de mort. La vie humaine est sacrée, Personne n’est autorisé à la faire disparaitre. Les professionnels des médias, les associations de la société civile, en particulier ceux qui œuvrent dans le domaine des droits de l’homme et des droits des travailleurs, seront soutenus pour qu’ils aient la force nécessaire d’aider valablement la population et de ramener les pouvoirs publics sur le droit chemin en cas de besoin.

Dans le domaine de la justice, l’institution  judiciaire devra être indépendante de telle sorte que les dirigeants et les juges de cette institution soient élus par leurs pairs. Les magistrats assis et debout bénéficieront d’une indépendance suffisante dans l’exercice de leur mission, dans la gestion de leur carrière, dans les moyens de fonctionnement, de façon qu’ils ne soient plus à la solde d’un groupuscule de personnes ou d’un Parti fut-il au pouvoir.

Dans le domaine de la réconciliation nationale, l’Unité véritable des barundi entre toutes les ethnies, entre toutes les familles, sera renforcée par la nouvelle orientation de mettre en avant la justice, le partage, la compréhension mutuelle, ainsi que l’égalité de tous les citoyens devant la loi.

En ce qui concerne le développement du pays et de sa population, les limites des provinces et des communes seront revues pour que l’administration soit le plus proche possible de la population, et la commune soit la base de ce développement. Les fonds qui seront utilisés dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, l’aménagement des terres et le secteur minier, devra atteindre 50% du budget national d’investissement.

Les associations des agriculteurs et éleveurs qui se mettront ensemble pour défendre leur métier, n particulier la défense de la promotion des prix justes pour leurs productions, bénéficieront d’une écoute attentive lors de la préparation des projets de développement de la population par le Gouvernement.

La vente des entreprises de l’Etat chez des privés, sera soumise à une étude préalable montrant correctement leur état de santé. Le rapport de cette étude sera rendu public pour que ceux qui le peuvent puissent accéder à l’actionnariat. De cette façon le partage équitable des richesses du pays sera assuré.

En ce qui concerne le domaine social et l’éducation, les lois régissant le travail seront revues, de telle sorte que chaque travailleur, quel que soit son niveau, puisse être respecté dans ce qu’il fait, et qu’il ne soit pas esclave des autres.

L’octroi des emplois dans les entreprises de l’Etat et dans celles où l’Etat a des actions devra se faire sous forme de concours pour que ce soit les meilleurs qui soient acceptés. Cette façon de procéder permettra d’éradiquer les pratiques de favoritismes.

Le nombre des heures de service ne dépassera pas quarante (40 heures) par semaine, et les journées du samedi et dimanche  seront consacrés jours de congé.

En quelques mots, le Président Melchior NDADAYE souhaitait que le pouvoir soit le plus proche possible de la population, cela impliquant le choix par les populations des dirigeants qui comprennent leurs préoccupations et capables d’y répondre. Des dirigeants qui mettent à leur disposition les ressources nécessaires pour leur développement, ainsi que des techniciens nécessaires qui les appuient dans la préparation de leurs projets. SE Ndadaye souhaitait que les richesses financières du pays soient utilisées dans le développement des populations au lieu d’être des fonds d’enrichissement de groupuscules de voleurs qui ne font que :

 

§  Construire pour leur propre compte de grands immeubles et villas,

§  Acheter des camions remorques et autres grands véhicules de luxe ;

§  Spolier les domaines terriens de l’Etat ;

§  Endormir les populations en leur promettant monts et merveilles afin de leur cacher leurs véritables forfaits de tueries, de vols et de mensonges qui se passent tous les jours dans le pays.

Le Président NDADAYE était toujours très attentif à la construction d’un Burundi où règne la paix et la sécurité pour tous, la justice pour tous, la dignité humaine partout et pour tous, le développement pour tous dont le départ est le développement communal, la réconciliation nationale et le partage équitable des richesses du pays entre tous les enfants de la nation sans distinction aucune, comme il ne cessait jamais de le mentionner dans ses déclarations.

Actuellement, 18 années après son assassinat, Il est légitime de se poser la question de connaitre le sort de ce projet de société que le Président NDADAYE  envisageait pour la Nation Burundaise.

En ce qui concerne la question de la Paix et la sécurité, une criminalité sans égale reprend ses bases dans le pays. Des citoyens sont régulièrement appréhendés dans leurs endroits de travail ou dans leurs demeures, sur les chemins  ou dans les écoles, dans le seul objectif de les tuer et leurs cadavres sont parfois jetés dans les rivières ou dans la brousse, ou dans d’autres cas, leurs dépouilles mortelles ne sont jamais retrouvées. Ce qui provoque la plus grande indignation est que ces forfaits sont attribués à certaines personnes appartenant aux institutions de défense et de sécurité, en collaboration avec les membres de l’organisation des jeunes du Parti au pouvoir dénommés «Imbonerakure ». Actuellement, la vie d’un citoyen burundais n’a plus de valeur, n’a plus de différence avec une fourmi que l’on peut écraser à volonté et repartir sans inquiétude.

Les organes chargés de la paix et la sécurité  l’armée, la police et le service de renseignement), sont sous l’autorité d’un groupe de malfaiteurs qui oppresse la population et le pays. Les démons de la guerre ont ressurgi dans notre pays ; Le génocide est à la porte du pays.

Concernant la question du respect des droits et la dignité humaine, les citoyens sont tués comme des animaux qu’on égorge. Leurs cadavres  sont jetés dans les rivières ou dans la brousse. Ils sont emprisonnés, portés disparus, ou sont contraints à l’exil. Les membres des associations de défense des droits de l’homme, les syndicats des travailleurs, les radios et médias privés, et surtout les partis membres de la coalition de l’opposition ADC-IKIBIRI, sont régulièrement l’objet de violations graves et flagrantes de leurs droits humains.

Ils sont régulièrement appréhendés et exposés journellement devant les instances judiciaires, jetés en prison, sans aucune accusation qui soit fondée. Le défaut  d’appartenance à aucune organisation dénommée « Nyakuri [1]» affiliée au Parti au pouvoir, le défaut de pas savoir chanter à longueur de journée : « Que la Paix soit avec vous, grâce au Parti CNDD-FDD qui nous l’a accordée », est une raison suffisante pour ne pas avoir le droit de parole ou une place dans la société ;  Le pouvoir t’appellera un traitre à la nation, un être à tuer, objet de montages, de pressions et d’intimidations diaboliques de toutes sortes.

Dans ce même secteur, le pouvoir en place est en instance de préparer des lois destinées à faire disparaitre la démocratie au Burundi, faire disparaitre les Partis politiques et les associations de défense des droits de l’homme réellement indépendants, la fermeture des radios indépendantes et des médias qui ne louent pas le Parti au pouvoir. De cette sorte, il restera uniquement au Burundi les Partis, les associations  et les radios dénommées « Nyakuri » qui continuent à chanter : «  Aucun très bon régime on avait jamais vu au Burundi comme celui qui existe actuellement depuis que le Burundi existe ».

Dans le domaine de la justice, personne ne connait où la justice a disparu au Burundi, jusqu’à ce que les avocats se sont donnés comme mission d’aller à sa recherche à l’aide des flambeaux , des lampes torches et des bougies en pleine jour.

La justice est présente uniquement quand il s’agit d’appréhender et d’emprisonner les membres de la coalition ADC-IKIBIRI, les membres des associations de défense des droits de l’homme indépendants non « Nyakuri », les journalistes des radios et médias indépendants.  Dans d’autres circonstances, l’on dirait que la justice est en vacances. La justice est suffisamment diminuée. S’il n y’a pas de personnes suffisamment courageuses pour protéger la vérité, la justice va disparaitre complètement au Burundi.

Dans le secteur des richesses du pays, la richesse du pays est actuellement dans les poches d’un groupuscule de malfaiteurs qui ne font que construire pour leur propre compte de grands immeubles et villas, acheter des camions remorques et autres grands véhicules de luxe, spolier les domaines terriens de l’Etat et des citoyens. Nous invitons les rares  sceptiques à nos propos d’approcher l’OLUCOME, le Député de l’East Africa Manassé Nzobonimpa, ou alors l’ADC-IKIBIRI pour qu’il ait de plus amples informations à ce sujet. Les montants financiers qui ont déjà été détournés par ce groupuscule approchent cent quarante milliards de fbu (140.000.000.000 fbu). Les prix des produits, les taxes, sont devenus insoutenables par les citoyens, la valeur de notre monnaie dégringole au jour le jour, de telle sorte que le Burundi risque de devenir bientôt un gâchis socio-économique.

L’autre conséquence désastreuse de ces pratiques de corruption et de détournement des richesses de l’Etat est la pauvreté extrême qui frappe la population burundaise et le pays. Notre pays est devenu la risée de tout le monde. Les pays amis qui appuyaient naguère le Burundi sont entrain de l’abandonner à son triste sort. Ce qui fait mal est le fait que la population va devoir affronter des taux de taxes et des prix insoutenables.

Dans le secteur de la réconciliation nationale, il n’y aura jamais de vérité sur l’histoire malheureuse du pays au moment où les conditions de mise en place de la commission vérité et réconciliation sont remplies de zones d’ombres et de mensonges flagrants, au moment où le pays retombe dans une profonde crise  confiance soco-politique.    Au lieu de réconcilier les burundais, le processus enclenché dans de telles conditions risque de ramener ou aggraver les divisions entre les ethnies et les régions ainsi que la haine entre les citoyens.

En ce qui concerne le domaine social et l’éducation

·       Dans le secteur de l’éducation, nous sommes en train de revenir dans l’ancien système rudimentaire d’enseignement préscolaire basé uniquement sur les notions religieuses, d’écriture et de lecture dénommée « Yagamukama ». Au cours des prochaines années, le meilleur intellectuel burundais risque d’être celui qui sait lire uniquement les lettres de l’alphabet et compter jusque cent. Celui-là sera considéré comme le Chef des intellectuels.

·       En ce qui concerne l’octroi des emplois, que vous ayez le diplôme de doctorat ou plusieurs diplômes similaires à la fois, si vous n’êtes membre actif du Parti CNDD-FDD, ou savoir chanter la chanson évoquée ci-haut, si vous ne savez pas vous servir des armes à feu, vous n’aurez jamais de la part du pouvoir en place un emploi quelconque.

 En quelques mots, si tu n’es pas un tueur invétéré, un voleur avéré, si vous n’êtes pas un courtisan professionnel, si tu n’es pas un traitre de renom, si tu n’est pas un opportuniste expérimenté, si tu n’est pas un soumis de métier, celui qu’on appelle dans le jargon swahili « Ndiyo bwana ou Patron tu as toujours raison », tu n’auras jamais droit à la parole, tu n’auras pas de place au soleil dans ce pays. Vous comprenez aisément que l’héritage de SE NDADAYE Melchior est en difficultés énormes, et est en train de disparaitre.

Pour pouvoir réhabiliter cet héritage, nous demandons ce qui suit:

Nous ne demandons rien au pouvoir en place parce qu’il est visiblement dépassé par les évènements.

Les citoyens, les partis politiques, les dirigeants des associations de la société civile, les hommes des médias,  les confessions religieuses, doivent tous se constituer en un bloc pour la défense des idéaux de paix, de démocratie, de l’unité véritable  des burundais, des droits et de la dignité hmains, le développement du pays non confondue avec celui d’un groupuscule de voleurs soutenus par les «  Patron tu as toujours raison ». Dénonçons un pouvoir oppresseur quel que soit sa provenance, luttons contre les détourneurs des deniers publics, dénonçons les traitres, les opportunistes de toute sorte, les menteurs et gourmands voraces de toute sorte.

Refusons que les institutions et instances du pays soient des paravents et protecteurs pour les voleurs, les brigands et vauriens, refusons que la justice soit un instrument d’oppression des opposants  uniquement. De cette sorte, nous aurons contribué à réhabiliter l’honneur et la dignité de notre pays, la parole aux citoyens, le déracinement à jamais d’un système de gouvernance basé sur l’oppression et le gangstérisme.

Pour que cela soit possible, nous demandons à tous les burundais:

§  Comprendre d’où nous venons, là où on est  et où nous allons : « Vision »

§  Etre courageux, mais sans se suicider, pour qu’on ne soit pas exterminé comme des petits oiseaux ;

§  Ne pas se constituer en quémandeur professionnel à l’égard du pouvoir, et garder la dignité. 

Dans les prochains jours, au parti SAHWANYA-FRODEBU ou au sein de la coalition ADC-IKIBIRI, nous allons communiquer notre point de vue sur la célébration de tels évènements comme l’indépendance nationale et les fêtes des héros nationaux. Nous ne pourrons plus accompagner dans ce genre d’événements les pouvoirs qui ne se soucieront point de l’héritage  y relatif. Lorsque vous croyez que le Prince Louis est mort pour la patrie et pour l’indépendance, vous acceptez que tous les burundais ont acquis au même titre l’indépendance. Si vous croyez que le Président Ndadaye Melchior est mort pour la patrie et pour la démocratie,  vous devez accepter  que le pays appartienne à tous les citoyens, et non à un groupuscule de gens qui exploitent les autres. C’est le seul terrain d’entente que l’on peut trouver.

Avant de conclure notre propos, nous réaffirmons que ce combat pour la démocratie n’est pas une affaire du seul Parti SAHWANYA-FRODEBU. C’est aussi une préoccupation pour la coalition ADC-IKIBIRI, une mission pour tous les défenseurs des droits de l’homme, les hommes des médias et tous les citoyens.

Nous demandons à tous les citoyens du Burundi, de tous les Partis politiques , de toutes les ethnies, de toutes les régions, de tous les genres, résidant à l’intérieur ou à l’extérieur du pays,  se lever comme un seul homme , pour la réhabilitation de notre indépendance et notre démocratie.

Nous concluons notre propos en réaffirmant notre engagement profond dans un pouvoir démocratique. Nous allons augmenter d’ardeur pour combattre politiquement pour notre démocratie, jusqu’à ce que le pouvoir en place actuellement abandonne définitivement  ses mauvaises pratiques et habitudes,  pour que notre pays le Burundi revienne sur le chemin de la démocratie.

 

Que Dieu tout puissant vous bénisse et vous protège

Merci.

 

 


 

[1] Nyakuri : Dénomination signifiant « vrai organisation » qui est donnée souvent au Burundi aux  Partis ou organisations mises en place par le Parti  au pouvoir pour le soutenir et détruire les organisations d’origine. Le pouvoir proclame souvent qu’il reconnait uniquement les dirigeants des partis et organisations « Nyakuri ».