DISCOURS DE SINDUHIJE A L'OUVERTURE DES ACTIVITES DE L'UPD EN BELGIQUE

Burundi news, le 28/02/2012

 

TUGIRE UBUNTU N’UBUGABO BARUNDI!

APPEL AU PEUPLE BURUNDAIS ET A SES AMIS 

Chers compatriotes et amis du Burundi,

Il arrive  dans l’histoire de tout peuple des moments de grande importance où deux décisions irréconciliables s’imposent : la soumission honteuse à un pouvoir dictatorial et corrompu, qui oppose à toute critique la prison et les assassinats politiques et la résistance contre la terreur. Nous avons choisi de résister ! La politique du crime infligée au peuple burundais loin de nous affaiblir renforce notre détermination à lutter pour hâter la fin de la terreur dans notre chère patrie.  Nous luttons pour un Burundi libre démocratique et sans exclusion.

 Nous luttons  pour que le droit à la vie, à la dignité, à la justice et au progrès de l’ensemble de notre peuple soit le plus rapidement conquis. Nous travaillons pour l’émergence d’un large mouvement populaire conduit par des femmes et des hommes qui mettent en avant l’intérêt général  avant leurs petits intérêts de personne ou de groupe. La mesquinerie et les petits combats de chefs, incapables d’avoir une ambition plus grande pour leur pays, nous horrifient. Nous sommes convaincus que notre pays peut rapidement sortir de la pauvreté et garantir un minimum de droits économiques et sociaux à l’ensemble des citoyens. Nous ne pouvons pas continuer à regarder en spectateurs des hommes et des femmes aller travailler et rentrer à la fin du mois avec un salaire de misère qui ne leur permet pas de subvenir aux besoins de bases de leurs familles.

Nous refusons d’admettre comme normaux le pillage organisé des biens publics par le pouvoir du CNDD-FDD, les meurtres quotidiens des opposants et de simples citoyens ainsi que de multiples pressions  psychologiques imposées à leurs familles pour leur contraindre au silence. Nous refusons d’accepter comme une fatalité le délabrement continu de l’appareil de l’Etat qui dévalorise l’idée du service public et humilie les représentants de notre pays dans les instances internationales.  Nous refusons les conditions sanitaires misérables des hôpitaux mouroirs, sans médicaments et dans lesquels on emprisonne les patients qui ne peuvent payer parce que trop pauvres. Nous luttons pour la libération des prisonniers politiques et pour que les détenus de droit commun puissent être traités comme des êtres humains.

 Nous luttons pour que des milliers d’enfants des rues sortent de la rue et trouvent des écoles,  la nourriture et puissent être protégés par la société, car ce sont  nos enfants ! Nous luttons pour la vérité et la réconciliation, pour que les familles des victimes des crimes contre l’humanité qui jalonnent notre histoire puissent un jour savoir pourquoi et comment leurs enfants, leurs pères, leurs mères, leurs amis … ont été tués. Nous luttons pour le droit à la dignité des morts et des vivants, pour qu’un jour, nous puissions faire un deuil collectif à la mémoire de toutes les victimes de la barbarie ethnique et des crimes d’état dans notre pays.  Loin de nous toute volonté de vengeance : nous luttons pour un pays où la justice sera impartiale et non sous la botte des ennemis de la liberté.           

 

Chers compatriotes,

L’heure du courage a sonné.  L’heure où il faut regarder les oppresseurs droit dans les yeux et leur dire que le peuple burundais est un peuple patient mais pas soumis ; que le temps de l’allégeance à un pouvoir criminel est dépassé ; que nous sommes nés pour être libres et ne pouvons plus accepter que nos vies et l’avenir de nos enfants soient sacrifiés au bon vouloir des dictateurs ; que de la même manière que les générations qui nous ont précédées ont refusé d’abdiquer devant les esclavagistes de Tipotipo et le colonialisme, nous n’abdiquerons pas devant un pouvoir qui réduit son peuple à l’état de bête.  Pour la même dignité et le même courage  nous disons aujourd’hui : halte là aux spoliateurs de la nation burundaise! Non à l’Etat de terreur et oui à l’Etat de droit ! Nous appelons chaque citoyen burundais à résister. En ce qui nous concerne nous souhaitons que le changement s’organise à travers la résistance pacifique. Nous ne croyons pas à la violence parce que la violence n’est pas un programme politique. Nous croyons aux armes du débat et pas au débat des armes.  La force de nos idées va nous libérer parce que  les idées de la force ne libèrent jamais. Et c’est Jean Jaurès qui nous le rappelle : « Donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises. En la donnant, on la retire »  Aussi, chers compatriotes, nous ne sommes pas naïfs. La protection de notre peuple contre les crimes abominables d’Etat est une nécessité. Nous le ferons protéger par des forces légitimes et populaires. 

 

A l’Afrique et aux amis du Burundi où qu’ils se trouvent dans le monde :

 Nous lançons un vibrant appel à oser soutenir la résistance burundaise contre l’oppression et à éviter tout contact de complaisance avec un pouvoir qui maltraite son peuple. Aucun intérêt d’Etat ou d’ordre privé ne peut justifier le soutien à une dictature  cynique et sinistre.  Et c’est dans les moments difficiles que l’on connaît ses vrais amis.  A votre indifférence, Chers amis, c’est Martin Luther King qui vous répond « Ce qui me fait mal ce n’est pas la brutalité des oppresseurs mais l’indifférence des bons. » N’oublions jamais que le silence devant la souffrance de tout peuple équivaut à la complicité avec l’oppresseur. A vous tous, chers compatriotes et amis du Burundi, unissons-nous pour hâter la libération d’un peuple qui a trop souffert et ne veut plus souffrir! 

 

Vive le Burundi libre démocratique et sans exclusion

 Vive la solidarité internationale                                   

La lutte continue !  La patrie et la vie, nous vaincrons.

.Alexis Sinduhije