OU SONT PASSES LES DIX MILLIARDS DE FRANCS POUR NOURRIR LES AFFAMES DU NORD EST ?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 01 mai 2006

Le Burundi est en passe de devenir un champion dans un sport qui  ne sera jamais  olympique. La corruption enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Certains dirigeants ont une vision étrange de leurs postes. Le poste est souvent considéré comme « important » s’il permet de récolter beaucoup d’argent de corruption.

Dans mon article du 13 avril 2006, j’avais signalé un marché de 10 milliards de francs bu qui était irrégulier. Heureusement que la ministre de la Solidarité nationale, des droits de l’homme et du genre a pu s’y opposer. Signalons que le ministre des finances avait signé à la place de la ministre de la Solidarité nationale, des droits de l’homme et du genre.

Au départ, le marché était d’un milliard et il est passé mystérieusement à 10 milliards. Paradoxalement, il est passé à 10 milliards au moment où la finalisation d’irrégularité du marché était acquise. Le ministre des finances, selon les indiscrétions de son cabinet, a commis certaines erreurs suite à une pression d’en haut. Le ministre des finances dépend de la deuxième vice-Présidente et du Président. Ce dossier était et est encore suivi de près par la deuxième vice-Présidente. Certains conseillers du ministre des finances n’hésitent pas à pointer du doigt la deuxième vice-Présidente. Pire, le ministre des finances, « grand connaisseur des caisses de l’Etat », a accepté de signer un marché de 10 milliards de francs Bu sans savoir d’où viendra cet argent. Le Burundi est devenu le champion ! On arrive à demander des commissions sur un marché fictif, un marché de vent ! Un appel d’offre et des enveloppes collectées pour un financement  qui n’existe pas,  sous le haut- patronage du ministre des finances et de la deuxième vice-Présidente ! Du jamais vu !

Où sont passés  les 10 milliards ?

Après avoir refusé l’ouverture des enveloppes, la ministre de la Solidarité nationale, des droits de l’homme et du genre a voulu relancer le marché d’une façon régulière. Avec la régularité, l’argent disparaissait. Le ministre des finances a révisé alors son enveloppe. Les 10 milliards étaient introuvables. Le ministre des finances vient de déclarer qu’il a une promesse d’un financement d’un milliard de francs bu. Il avait alors signé sans savoir d’où viendra l’argent. Par ailleurs, les commissions occultes étaient déjà déterminées. Un appel d’offre d’un marché d’un milliard sera lancé prochainement.

La question qui se pose est de savoir si le marché irrégulier des 10 milliards était maintenu, où auraient-ils trouvé les 10 milliards ?

Ce marché des 10 milliards était aussi irréaliste au niveau de la gestion. Les haricots auraient pourri dans les stocks compte tenu de la quantité astronomique par rapport aux besoins. Les gagnants auraient été les commerçants et les autorités concernées qui auraient eu les commissions occultes. Le Burundi aurait perdu car  la moitié de ce montant aurait été perdue dans les commissions et la quantité de haricots et d’huile non consommée. En effet, ce montant de dix milliards dépassait les besoins des affamés. La gestion des surplus  aurait été catastrophique.

Pourquoi certains de nos dirigeants pensent –ils d’abord à eux avant de penser au peuple ? Leurs poches valent-ils  plus que le peuple ? En ce cas, ils seraient à des places qui ne sont pas les leurs. Basabose est parti et d’ailleurs,  il n’était pas au gouvernement. Ntakarutimana a été démis de ses fonctions. Le système de corruption n’était pas une invention de ces deux  personnes. La corruption sévit toujours. Le pouvoir doit convaincre qu’il est capable et aussi qu’il veut réellement combattre la corruption. Le jeu des mots ne peut plus rassurer. Seuls les actes et les résultats pourront vaincre le scepticisme  des Burundais par rapport à la capacité du pouvoir actuel à s’engager dans la bataille contre la corruption.