Burundi news, le 06/11/2011

Un drame dans un silence total au Burundi : Un enfant demande du pain au père, il reçoit une gifle !

 Par Pancrace CIMPAYE 

Quand on parle de la misère dramatique qui frappe le burundais, les tenants du pouvoir ou leurs supporters rétorquent que l’opposition burundaise dramatise et est alarmiste. A Paris au cours d’une rencontre entre burundais, Monsieur Alexis Sinduhije et moi-même un intervenant, ancien prêtre de surcroît a affirmé que les burundais n’ont jamais été aussi heureux ! Pour cet ancien serviteur de l’Eglise Catholique, « des burundais malheureux, cela est une invention de l’ A.D.C-IKIBIRI ».

Mais laissez -moi vous conter un drame qui a été vécu par deux compatriotes burundais qui vivent à l’étranger mais qui passaient leurs vacances au Burundi :

« Alors que nous roulions sur la route Rumonge vers le centre ville de Bujumbura, nous apercevons un homme qui faisait l’auto stop. Mais cet homme qui veut garder un peu de sa dignité ne lève pas le doigt pour solliciter au premier venu de le prendre ; il reste débout sans faire aucun signe, seul celui qui le reconnaît s’arrête pour le prendre. C’est ainsi que nous l’avons dépassé sans le prendre. Mais quand j’ai jeté un coup d’œil dans le rétroviseur, j’ai reconnu la personne. J’ai tout de go engagé la vitesse marche  arrière et je lui ai demandé de monter à bord. Installé sur la banquette arrière, il ne nous a pas reconnu tout de suite. Nous avons décliné nos identités et il a sauté de joie ; surpris qu’il ne nous voit plus dans la capitale nous avons prétexté que nous travaillons au fin fond du pays. Nous avons menti à ce sujet pour qu’il ne nous prenne pas pour  père Noël. Il n’ a pas tardé à nous raconter le drame qu’il venait de vivre. A cet effet son enfant l’avait suivi jusqu’à la portière criant à haute voix que son père sortait sans laisser le pain ni l’argent pour l’acheter. Très embarrassé et pour éviter que les voisins n’entendent pas ces lamentations, le père a administré une gifle chaude à ce gamin ; il fallait le faire taire ! Très amer, la gorge noué de colère et d’amertume ce Monsieur était au bord des sanglots à la fin du récit. Un silence lourd a envahi le véhicule ! Mon ami à coté, essoufflé, il est parvenu à marmonner quelques mots : c’est dramatique ! C’est terrible ! Je me suis garé devant un super marché et je suis rentré dedans. J’ai acheté du pain , du lait ainsi qu’un peu de charcuteries. J’ai reconduis le Monsieur à son domicile et je lui ai remis le petit sac. L’enfant qui avait encore les traces des pleurs sur ses joues a sauté de joie quand il a ouvert  le sac ; il a vite oublié la décharge électrique de la gifle du père et a sauté dans ses bras et a risqué de renverser le contenu du sac. Ainsi le pauvre homme ne nous avait pas menti ! Une larme a coulé sur ma joue ! Je suis rentré dans le véhicule et le Monsieur nous a rejoint. J’ai mis le moteur. Mais avant d’engager la première vitesse je lui ai remis 5 billets de dix milles francs burundais, plus ou moins 20euros. Le pauvre était tout heureux ! Il était tel un enfant devant un cadeau de Noël ! Il m’a tout de suite demandé de couper le moteur. Il a sauté dehors et s’est engouffré dans sa maison .Quand il est remonté à bord de notre véhicule, il n’avait que le mot MERCI dans sa bouche. Il devait nous apprendre qu’il n’avait pas pu donné à son épouse l’argent pour les courses du jour et que cette situation se répète malheureusement très souvent. Chers amis, devait il conclure, la situation que nous vivons est intenable. Des fois j’ai envie de me suicider ! Incapable de nourrir ma famille, je deviens inutile ! »

Laisse moi rappeler à cet ancien prêtre de Paris, militant du CNDD-FDD, qui doit se souvenir encore des  écritures saintes, qu’il est écrit ceci dans l’évangile de Mathieu, chapitre7, verset 9 à 10 : « Y a –t-il quelqu’un parmi vous qui donne à son fils une pierre si celui-ci demande du pain ? ou (sic)qui lui donne un serpent s’il demande un poisson ? » Eh bien, au Burundi, cela est devenu possible Seigneur Dieu ! Le récit véridique que je viens de rapporter nous montre un père qui donne une gifle à son enfant qui demande du pain. Cette situation dramatique qui viole même le prescrit des écritures saintes devrait interpeller les hommes qui règnent sur le Burundi et Dieu merci ils ont  souvent la bible entre leurs mains ! Ce drame, ils sont malheureusement nombreux les burundais qui le vivent en silence. Quoi de plus normal qu’ils soient par conséquent nombreux à être indignés par cette situation !

 

                                                                             Pour ces Indignés Burundais,

 

                                                                              Pancrace CIMPAYE.

                                                                                     Porte Parole.