JUSQU'OU IRA LE DUO NTISEZERANA ET MUTABAZI CALIXTE D'INTERBANK?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10 septembre 2007

Le pouvoir politique est en réalité une couverture pour un pouvoir économique dans plusieurs pays. Ceux qui veulent accéder au pouvoir cherchent souvent à acquérir les richesses accessibles souvent malhonnêtement. Au Burundi, tous les pouvoirs ont essayé de contrôler l'économie ou plutôt les dirigeants ont voulu acquérir l'économie sous la forme des colons qui s'accaparaient de l'économie dès qu'ils commençaient à assainir la situation politique des pays. Depuis l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, c'est le sauve qui peut ou le vol qui peut. Tous les signaux laissent croire que la mise en faillite de l' Etat est devenue le mot d'ordre.

Un duo s'est formé après la destitution de Radjabu de la présidence du CNDD-FDD. Ce duo n'est pas composé de politiciens connus mais plutôt des hommes d'affaires convertis en politique pour asseoir leur empire économique. Au commencement, Ntisezerana, ancien cadre d'Interbank était un haut cadre de la banque Interbank dirigée par Calixte Mutabazi. Ntisezerana a été nommé gouverneur de la banque centrale BRB. A la destitution de Radjabu, Ntisezerana a été nommé deuxième vice-président de la République en remplacement de Marina Barampama, proche de Radjabu. Cette nomination s'est faite dans le cadre d'étendre le réseau d'Interbank.

Réseau Interbank qui dirige le pays

Après la nomination de Ntisezerana à la deuxième vice-présidence, il y a eu des nominations destinées à protéger Interbank. Son conseiller fiscal qui s'est impliqué dans la défense du dossier de redressement fiscal d'Interbank est devenu le directeur des impôts. Le dossier qu'il défendait lui a été soumis et l'avocat est devenu le juge et a jugé dans le sens voulu par l'avocat ou le conseiller fiscal. La ministre des finances qui vient d'être nommée à la place de Denise Sinankwa fait partie de ce réseau et tout a été fait pour écarter Denise Sinankwa de son poste du fait qu'elle n'avait pas voulu travailler pour ce réseau. Quand le Président de la République avait voulu de reconduire Denise Sinankwa au ministère des finances malgré le dossier Interpetrol, le 2 è vice-président a demandé à un des ministres de téléphoner à Denise Sinankwa pour la convaincre de ne pas rentrer au Burundi. Ainsi, le Président de la République ne pouvait pas reconduire un ministre qui n'est pas rentré. Au niveau des douanes, le directeur adjoint est Madame Ntisezeranwa.

Prime Nyamoya dans le collimateur du duo mais reste le patron de la BCB

Interbank a eu des problèmes de liquidités et a voulu acquérir BCB sans en avoir les moyens. La Belgolaise veut céder ses parts dans la BCB. Pour préserver l'indépendance de la banque, la Belgolaise souhaite céder et a déjà signé des conventions avec des acquéreurs européens. Le deuxième vice-président veut forcer la main pour obliger la Belgolaise à céder les parts à Interbank. Prime Nyamoya s'est toujours opposé à cette cession du fait de la fragilité financière de la banque Interbank.

Prime Nyamoya est devenu alors l'ennemi de Ntisezerana et de Calixte Mutabazi d'Interbank. Comme  ce duo dirige aujourd'hui le Burundi en matière économique, ils ont décidé de limoger Prime Nyamoya. Le 2 è vice-président Ntisezerana a donné l'ordre au ministre des finances d'écrire au président du conseil d'administration de la BCB. Cette lettre disait que l'Etat du Burundi vient de retirer sa confiance à Prime Nyamoya ce vendredi 07 septembre 2007. La ministre proposait aussi un nouvel administrateur général en la personne de Tharcisse Rutumo. Je signale que ce Rutumo avait été rappelé de Suisse où il travaillait pour être ministre des finances et a été effacé du gouvernement quelques minutes avant la publication de ce gouvernement. Mr Rutumo n' a pas beaucoup de chances pour accéder à la direction de la BCB. En effet, contrairement à ce qui a été dit, la lettre parle de proposition car l'Etat burundais dispose de 45 % de voix au conseil d'administration et ne peut pas changer de patron de la BCB. La décision incombe à la Belgolaise qui a 50%. Or, celle-ci n'a pas l'intention de changer le patron du fait qu'il est méritant.

La gaffe d'Interpetrol tourne au vinaigre

Soucieux de casser la BCB à travers l'affaire Interpetrol, Ntisezerana a voulu accélérer le dossier d'Interpetrol sans respecter certaines règles. Il se permet de décider à la place de la justice. Interpetrol a vu ses camions arrêtés sans qu'il y ait un jugement. La semaine dernière, le procureur général de la République, un homme reconnu pour son intégrité, a décidé de remettre les camions à Interpetrol. Immédiatement, le deuxième vice-président de la République a demandé à sa femme, numéro deux des douanes d'empêcher la sortie de ces camions. Entre la justice et Ntisezerana, si non la famille Ntisezerana, celle-ci prime au royaume de la dictature. Derrière ces manoeuvres, il y a la société kenyane, associée à Ntisezerana, qui veut prendre le marché et faire monter les prix du pétrole au Burundi. Derrière Ntisezerana se trouve aussi le Président Nkurunziza qui a été toujours dans l'ombre de quelqu'un. Après Radjabu, la recherche d'un ou plusieurs tuteurs est lancée.

L'Inspection générale de l'Etat se fait beaucoup de soucis dans ces jours. Elle vient de se rendre compte qu'elle a menti dans son rapport sur Interpetrol. L'inspecteur général Bizabigomba se demande comment il va s'en sortir. Il est obligé de faire un  autre rapport qui aura pour mission de démentir le premier. Or, Ntisezerana ne l'entend pas de cette oreille. Mensonge ou pas mensonge, il faut casser Interpetrol pour installer sa société de pétrole kenyane; d'où conflit d'intérêt.

Un mystérieux commerçant qui débourse 2 milliards pour acheter des parts de BCC

Un commerçant de Mabayi qui n'a jamais 300 000 francs sur son compte a suscité des interrogations. Ce commerçant ou prête nom a sorti 2 milliards de francs bu pour acheter les parts de BCC (Burundi coffee Company). BCC assure la commercialisation du café burundais. La justice a laissé faire et personne ne s'est inquiétée sur cette transaction qui n'est que du blanchissement de l'argent de la corruption. Derrière ce commerçant, selon certaines informations, se cache le duo Ntisezerana-Mutabazi. Derrière ce duo se cache le Président Nkurunziza qui cherche à placer l'argent du Falcon et du pétrole nigérian.

Ou le Président de la République ferme les yeux et il est complice ou les Burundais doivent se poser des questions

Ce qui se passe aujourd'hui au niveau de l'économie est un suicide de l'Etat burundais. Il veut se mettre en état de cessation de paiement tout en enrichissant les hauts dirigeants. La main mise sur l'économie de Ntisezerana avec des prises illégales d'intérêts facilitées par Interbank ne laisse pas de doutes. Le duo doit être couvert par le Président de la République et il doit en tirer profit. Si le Président ne remarque rien, il est temps qu'il passe le témoin à quelqu'un d'autre. Où sont passés les militants du CNDD-FDD pour dénoncer le pillage des entreprises de l'Etat ou la corruption? Sont-ils morts dans les maquis pour que quelques individus s'enrichissent au moment où les anciens combattants croupissent dans la misère?

Message personnel

Je rassure mes amis qui me transmettent des messages du patron d'Interbank qu'ils ne peuvent rien changer par rapport à ces dénonciations. Je ne suis pas du genre à fermer les yeux face au pillage de l'économie burundaise. Si Interbank veut changer, il faut qu'elle comprenne que les affaires et la politique ne vont pas ensemble. La politique politicienne n'existe pas en soi, il y a surtout la politique économique et sociale.