L'EAU, UNE RICHESSE MAL EXPLOITEE AU BURUNDI 

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 09/09/2012

Tout pays a sa richesse. Même dans le désert, il y a du pétrole. Chaque pays peut avoir son avantage comparatif. Il suffit de savoir comment l'exploiter. Les minerais peuvent manquer mais celui qui produit plus un bien peut le vendre à d'autres qui n'en produisent pas. Aujourd'hui, le blé est plus spéculé sur les marchés que les actions des sociétés. Le blé est devenu l'or vert de la période en raison de la sécheresse qui a frappé le Brésil, grand producteur de céréales et aussi de la part prépondérante de l'agriculture destinée à fabriquer du carburant (biocarburant ou biodiesel). Un pays qui produit beaucoup de céréales destinées à l'export gagne plus que celui qui produit les chaussures ou les vêtements.

Abondance d'eau et famine au Burundi, quelle bêtise!

Au mois d'août, les marais sont verts au Burundi mais sont mal exploités. Tout se passe comme si pendant cette période, l'activité était morte. A Kirundo, l'eau est abondante mais manque pour faire pousser les semences. L'eau se trouve là où elle n'est pas bénéfique pour les agriculteurs.

Pendant les vacances, j'ai eu l'occasion d'être invité par un fermier français. Il a créé un lac artificiel aussi grand qu'un terrain de football au sommet de sa propriété. Son lac artificiel n'est pas cimenté mais le fond a été tapissé d'argile. L'argile ne laisse pas passer l'eau. L'eau provient de la pluie. Toute la pluie sur sa propriété se reverse dans son lac. En plein été, il a de l'eau pour arroser ses maïs gourmands en eau. Il suffit de s'imaginer qu'il pleut des cordes au Burundi et que l'eau de pluie emporte la terre sur les descentes. Cette pluie remplit les vallées et provoquent à certains endroits des inondations des champs. Les paysans pourraient retenir l' eau de pluie pour s'en servir pendant les périodes de saisons sèches. Il suffit de créer des petits lacs artificiels sur les collines qui ne demandent que de la main d'œuvre locale. Les cycles de production pourraient augmenter et les Burundais pourraient lutter ainsi contre la famine.

Il est incompréhensible de crier à la famine alors que l'eau qui manque a coulé toute une saison pour atterrir dans le Nil ou le fleuve Congo.

Avec l'eau, pourquoi manquer de l'électricité?

Le Burundi est riche de rivières. Il manque en même temps d'électricité. Je me rappelle que le centre de Kibumbu était alimenté par l'électricité produite par un détour d'une partie de la rivière Kayokwe. Qu'est ce qui manque à un pays comme le Burundi pour construire des micro barrages? Le Burundi pourrait libéraliser le marché de l'électricité et laisser les particuliers ou les professionnels construire des micro barrages afin de fournir de l'électricité dans les petits centres, voire dans les villages. Les coupures de l'électricité dans la ville de Bujumbura découlent du manque de gestion de cette ressource abondante qui est l'eau.

L'eau, une richesse négligée et souillée

Les rivières et les lacs sont devenus des dépotoirs. Les voitures se lavent à côté du lac Tanganyika, les déchets industriels se déversent dans le lac Tanganyika, les constructions ne respectent pas une certaine distance par rapport au lac. Or, la ville de Bujumbura consomme l'eau du lac Tanganyika. Le travail de notre écologique Albert Mbonerane et son association est bloqué par l'insouciance du pouvoir.

Cette eau souillée engendre beaucoup de maladies. Il est aberrant que l'une des grandes richesses du pays soit à l'origine des maladies qui peuvent entraîner la mort. L'effort est collectif.

Demain, l'eau va manquer de plus en plus dans le sahel. Elle pourra être exportée sous une forme ou une autre. Si les Burundais étaient clairvoyants, ils pourraient exporter l'eau avant le fameux nickel.