EST- CE UN ECHEC DU SYSTEME POLITIQUE BURUNDAIS DES DEUX VICE- PRESIDENCES?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 12 mai 2006

La réconciliation d’un peuple implique souvent des compromis. Le peuple burundais ne décide pas en général, on lui impose  un pacte entre les intellectuels pour se partager les richesses nationales. La gestion de ce partage remplace le souci permanent de chercher le bien-être des citoyens.

Au nom de la réconciliation entre les hutu et les tutsi, les accords d’Arusha ont imposé un système de partage du pouvoir. La constitution transitoire l’a institutionnalisé. Nous parlerons surtout des vice-Présidences.

Depuis fin août 2005, le Burundi est dirigé par un Président, épaulé par deux vice-Présidents. Ce système politique a ses limites. Les Burundais sont témoins des dysfonctionnements et les vice-Présidents sont devenus des abonnés absents. Sont-ils responsables de ce dysfonctionnement ? Ils diront sans aucun doute non. Qui est alors responsable ? Le Président de la République ?

Le Président de la République préside aux destinées du pays. Le gouvernement gouverne. Là où le bas blesse, c’est que le gouvernement est dirigé par le Président de la République. Il est au four et au moulin et c’est trop.

Les deux vice-Présidents ont un rôle de ministres d’Etat sans ministères. Ils font un suivi de quelques ministères, lesquels dirigés par des ministres qui n’ont pas envie que les vice-Présidents s’ingèrent dans leurs affaires pour de multiples raisons. Certaines ingérences ont pour but de faciliter la corruption. Ils manquent de propositions de la part des vice-Présidents  pour relever les défis burundais. La coordination de l’action gouvernementale se fait plus facilement à la Présidence qu’aux vice-Présidences d’autant plus que c’est le Président de la République qui gouverne.

Le Burundi a besoin d’un système de Président pour présider et d’un Premier ministre pour gouverner, diriger l’action gouvernementale. Il serait responsable de la réussite et surtout de l’échec du gouvernement. Le Président serait un arbitre entre les exigences du pouvoir et la volonté populaire. En cas de mauvais résultats, de corruption généralisée, de clientélisme, de crise grave, c’est le Premier ministre qui serait responsable et qui serait remercié.

Aujourd’hui, le Président de la République n’est pas protégé car les deux vice-Présidents ne servent pas de « fusibles ».

Aujourd’hui, il y a beaucoup de cas de corruption au Burundi alors que le Président est un homme intègre. Si le pays avait un Premier ministre, il aurait eu à répondre devant les parlementaires. Le Président de la République ne peut pas répondre devant le Parlement.

Ce système ne respecte pas la démocratie car le Parlement ne peut pas voter une motion de censure contre le gouvernement dirigé par un Président de la République. Ce dernier ne peut pas être démis par une motion de censure. Les deux vice-Présidents ne sont pas concernés par la même motion de censure. Ainsi, le Parlement  a un rôle réduit avec le système des deux vice-Présidents.

La réconciliation passe par le développement. Or, le gouvernement doit être contrôlé par le peuple, par le biais des députés. La constitution a été votée par les Burundais. Le même peuple est prêt à voter pour une autre constitution si celle existante se révèle inefficace. Le Président considéré dans la tradition burundaise comme le protecteur du peuple se voit critiqué sur l’action gouvernementale alors que ce n’était pas son rôle.

Le système actuel des deux vice-Présidents est un échec. Le débat est lancé. Le Burundi, a-t-il besoin d’un Premier ministre à la place des deux vice-Présidents ?