SILENCE, LA DOCUMENTATION EXPERIMENTE LES ECOUTES TELEPHONIQUES DES PORTABLES!

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 04 novembre 2006

La technologie et les renseignements sont toujours en perpétuelle compétition. Toute invention ne favorise pas les services de renseignement. Les progrès profitent aussi à ceux qui ont besoin de la liberté, de la confidentialité sans être écoutés par l’agent des renseignements. Aujourd’hui, les téléphones passent par des satellites, des ordinateurs en dehors du circuit des câbles téléphoniques classiques. Les portables passent par des ondes. Certains malins peuvent s’envoyer des mails en utilisant des mots codes à la manière de l’armée. Plus de la moitié des informations qui intéressent les renseignements passent en dehors du circuit d’écoute et échappent aux grandes oreilles.

Au Burundi, les écoutes téléphoniques concernaient uniquement les téléphones fixes d’Onatel jusqu’au mois de septembre 2006. La Documentation ne pouvait qu’écouter des conversations sur les fixes. Certaines ambassades avaient déjà les moyens d’écouter les portables.

 Un Burundais avait pu faire ce que l’Etat n’avait pas pu réaliser en 1993. Il avait acheté un appareil  radio en Allemagne. Quand les téléphones portables ont démarré en 1993, juste après l’arrivée au pouvoir du Président Ndadaye, sa radio captait les portables ou émettait sur la fréquence des portables. Certaines conversations téléphoniques concernant les ordres sur le putsch passaient sur sa radio à son grand étonnement. Signalons que les portables n’étaient qu’un privilège en ce moment des ministres, des grands serviteurs de l’Etat triés au volet. Les particuliers n’avaient pas franchi le cap car ils étaient chers.

Les Burundais avaient pris les habitudes de  se méfier du téléphone fixe, se fiant plus aux portables. Désormais, il faudra mesurer la portée de ce qu’on dit au téléphone portable. La Documentation vient d’acquérir un matériel pour écouter les portables. Ce matériel devrait faire le miracle en écoutant rétroactivement les portables de Kadege, Ndayizeye deux mois après !

Techniquement, les services de renseignement ont encore du pain sur la planche. Incapables d’écouter tous les portables, ils préfèrent bloquer certaines communications faute de les écouter. C’est un véritable désordre dans la téléphonie mobile au Burundi. Les messages d’annonce sont ridicules. Tantôt le numéro n’existe pas, tantôt c’est un message en chinois qui doit annoncer que votre correspondant est injoignable, tantôt la sonnerie est coupée.

Cette expérimentation ou ce cafouillage a des conséquences économiques. La communication fait partie des affaires. Certains commerçants ont un manque à gagner dû aux problèmes de communication sans parler des sociétés de téléphonie mobile qui constatent la baisse de leurs chiffres d’affaires en raison des appels non aboutis. C’est un véritable problème économique.

Pendant un certain moment, les appels sont bloqués à part ceux concernant les portables des personnalités non écoutées.

Après des vérifications, les communications à partir des portables de certains pays vers les portables au Burundi ne sont pas encore écoutées. Ce sont les seuls à passer sans problème.

Les écoutes téléphoniques sont normales pour les services de renseignement. Par ailleurs, il est anormal que les services de renseignement bloquent les communications du seul fait qu’ils sont incapables d’écouter toutes celles qui sont surveillées.

Burundais, apprenez à parler à l’oreille pour éviter des problèmes comme du temps de nos parents.