EDITORIAL DE LA RADIO RPA CONCENRANT LE CNC

Burundi news, le 01/05/2010

  Le Burundi s’apprête à vivre une période cruciale avec l’ouverture officielle de la campagne électorale, dans quelques jours. Ça sera l’occasion pour les partis politiques d’exposer et de défendre leurs programmes, tout mettre en oeuvre pour gagner à leur cause les électeurs. Ces partis politiques auront besoin des médias sans parti pris qui respectent la règle de l’équité et qui vont donner une chance égale à tous les candidats en compétition. Cela nécessite un organe de régulation indépendant et neutre. Le CNC qui est chargé de jouer ce rôle était toujours en mesure de rassurer tout le monde. Le comportement de la présidente du CNC, Vestine NAHIMANA, militante zélée du parti au pouvoir et qui ne s’en cache pas peut inciter au doute. Elle a participé avec assiduité au congrès de sa formation politique, le CNDD-FDD.

Elle a participé à la réforme des organes de ce parti et à l’élection du candidat aux prochaines présidentielles. Retenez ici le congrès du CNDD-FDD en 2009 à Kayanza et celui de ce 24 avril à Bujumbura. Vestine NAHIMANA a le droit d’appartenir à une formation politique de son choix mais comme le dit l’adage « On ne peut pas servir deux maîtres à la fois ». Le CNC joue un rôle vital dans la vie du pays, à savoir assurer la garantie de la neutralité des médias et du respect de la règle déontologique. Nous pouvons éviter de dire que Vestine NAHIMANA a un parti pris dans son rôle de régulateur mais nous affirmons sans nous tromper qu’elle soutient le parti politique au pouvoir et son candidat. Cette présidente du CNC en a fait la démonstration par le port d’un tee-shirt à l’effigie du candidat du CNDD-FDD aux présidentielles.

 Supposons que ce candidat entre en conflit avec l’un ou l’autre média, quelle décision va adopter Vestine NAHIMANA ? Le code de conduite signé par les médias les oblige à la neutralité. Nombreux congrès ont été organisés par des partis politiques mais le CNDD-FDD a eu droit à un traitement de faveur. Certains médias burundais ont fortement médiatisé les travaux du congrès du CNDD-FDD avant, pendant et après comme si la campagne électorale avait déjà commencé. Cependant, ni Vestine NAHIMANA, présidente du CNC, ni le ministre de l’intérieur, Edouard NDUWIMANA ni Pierre Claver NDAYICARIYE, président de la CENI , n’a manifesté aucun signe de protestation contre la violation de la loi. Paradoxe de la violation de la loi par des instances chargées de son respect.

 Il est grand temps que Vestine NAHIMANA tire sa révérence. Des sources bien informées parlent du dépôt de sa candidature au conseil communal de sa commune d’origine. Au congrès de ce 24 avril, elle portait un badge où était inscrit «Vestine NAHIMANA, secrétaire national de la ligue des femmes du CNDD-FDD. » Répétons-le, il est grand temps que Vestine NAHIMANA démissionne car, dans le milieu des journalistes, tant national qu’international, on ne la considère plus comme une personne indépendante pour rassurer tout le monde. Au contraire, dans sa casquette de militante zélée du parti au pouvoir, elle soutient avec toute son âme le candidat du CNDD-FDD et en a même des intérêts personnels.

 Au nom de l’éthique et de la déontologie, nous demandons à Vestine NAHIMANA, pour son honneur et sa dignité de démissionner. L’exercice de la fonction de régulation des médias exige le respect. Cet appel est également lancé au président de la République et à son 1er vice président de nommer d’autres membres du CNC responsables, compétents et neutres capables de prendre des décisions dans le strict respect de la déontologie. Ceux-ci ne manquent pas au Burundi. Si non, la désignation de Vestine NAHIMANA à la tête du CNC aurait été faite exprès et ne viserait qu’à opprimer les médias qui dans leurs programmes diffusent aussi des voix discordantes et de ne permettre que l’émergence des médias qui louent tout les jours le pouvoir.