Zerà Action

                Pour un Burundi paisible et prospère

  Mardi 25 septembre 2012

Eloge de Christine Ntahe

Par Jean-Marie Ntahimpera, rédacteur en chef de Zera Action

  J’ai été content d’apprendre que la coopération Suisse avait décidé d’honorer notre compatriote Christine Ntahe pour un prix international Suisse. Celle qu’on appelle affectueusement la "maman dimanche", qui viens en aide aux enfants en situation particulièrement difficile dont les orphelins, les enfants de la rue et autres a finalement eu son premier prix international bien mérité ce 24 Septembre en Suisse.  

C’est sans doute un honneur pour elle de voir son action récompensée, mais ce prix lui permettra d’aller plus loin dans son action pour les plus défavorisés, elle qui me disait un jour :

« Franchement je vois que je fais très peu de choses! Le fait de faire plaisir à quelqu’un n'est pas quelque chose que je devrais vanter. Mais je vis de cela et je me sens très riche en moi même. Des fois les gens pensent que je suis à côté de la plaque car sans moyens apparents je cours toujours derrière les enfants démunis de Kinama, de Buterere de Kamenge et autres vivant dans une misère sans nom et sans financement! »

  Eh bien Madame Ntahe votre action parle par elle-même. Elle parle aux gens en difficultés que vous aidez, aux enfants auxquels vous achetez des cahiers, aux malades que vous soutenez. Elle parle à ceux qui ont décidé de vous honorer.

  Votre action me parle, madame Ntahe.

Pour vous illustrer combien votre nom et votre personnalité me parlent, je voulais vous dire qu' à un certain moment j'ai pensé à changer mon nom Ntahimpera en Ntahe, parce que je trouve que Ntahimpera symbolisait un certain pessimisme qui risque de me suivre toute ma vie et que je n'étais pas prêt à porter. Alors que Ntahe serait le nom de ceux qui donnent de l'espoir, exactement parce que je voulais être comme vous: faire quelque chose et donner de l'espoir. Oui, izina niryo muntu, dit-on chez nous.

Finalement, en y réfléchissant de prêt, je me suis mis à regarder la réalité en face et j'ai conclu que mes parents paysans étaient très lucides en me donnant ce nom. Ils avaient tout compris : Dieu nous aime, Il nous donne tout, mais notre monde méchant et souillé et ne nous laisse pas toujours embrasser la grâce d'Imana. C'est du moins la façon dont je le comprends.lls avaient compris que le monde était souillé, que des méchants y règnent et peut-être, en me donnant ce nom qui dit tout le mal du monde ils me mettaient en garde en espérant que j'allais contribuer, non pas a le changer, mais a défier le mal qui l’habite, en bref à le résister. Tout cela est de l'ordre du fantasme, mais je reste convaincu que nous sommes la pour contribuer à ce que notre monde devienne meilleur. C'est ce que vous faites, Mme Ntahe, et cet amour pour l’humanité est à saluer.

  Votre nom, Ntahe, parle au Burundi. Droiture, justice. Justice sociale, justice pour tous. On dirait que votre nom vous destinait à être la brave femme que vous êtes devenu : une vraie Mushingantahe. Oui vous êtes la première veuve instituée à l’Ubushingantahe, et ca c’est intrigant. Vous avez amené la révolution à une institution dominée par les mâles depuis des siècles. Que vous êtes courageuse, madame !

  Vous êtes une dame de valeur. Vous respectez les valeurs qui ont marqué le pays de ns ancêtres. Ubuntu, ubupfasoni, ubuvyeyi, amahoro, ubutungane, ne sont pas de vains mots chez vous. Je cris, j’appelle, j’ordonne les jeunes de ma génération à marcher dans vos pas, à boire à la source de la sagesse où vous avez bu, ainsi le pays de paix et de prospérité, de lait et de miel ne sera plus seulement un rêve, mais une réalité.  

L'espoir fait vivre. Heureux ceux qui, par leur vie ou leur œuvre inspirent l’espoir, ils seront aussi récompensés, dans ce monde ou dans l’autre. Je pense à tous ceux qui se battent pour contribuer à la construction d’un Burundi meilleur. Et vous, madame Ntahe, vous donnez un espoir réel. Vous redonnez la raison de vivre à ceux qui en avaient perdu. Vous méritez cet honneur.