Burundi news, le 13/04/2008

Encore des dérapages du CNDD FDD…

Par The Leadership Institute

 

Permettez-nous de partager avec vous, encore une fois, quelques analyses sur quelques sujets d’actualité :

La Filière Café : Il y a quelques jours, nous avions signalé que le Gouvernement, sous la houlette du Président de la République lui-même se préparait à signer un nouveau contrat pour le courtage du café burundais comme cela s’est fait l’année dernière. Un américain introduit par un ami personnel du Chef de l’Etat, un certain MURARA, a du passer 3 jours à NGOZI pour se voir attribuer ce nouveau contrat. Rappelons qu’à la suite de notre mise en garde, un article signé Samson KWIZERA (Daniel KABUTO de son vrai nom, porte parole du IIème Vice-président) était apparu sur le site web du CNDD FDD pour contredire nos informations et nous assurer que ce type de contrat n’allait plus voir le jour, et ce dans les termes suivants :

« La filière café :

Depuis que le Burundi est indépendant, le café du Burundi profite aux courtiers, aux intermédiaires et jamais aux paysans producteurs. Le FMI et la Banque Mondiale ont exigé que le financement des campagnes et la commercialisation du café se fassent dans le respect des règles de la concurrence. Sous le règne de l’UPRONA et du FRODEBU, le café a été vendu selon un système flou qui cachait trop de magouilles. Le Président Pierre Nkurunziza a pris la décision d’exiger que le paysan puisse recevoir la part la plus importante du prix de vente. Mais le système hérité des régimes passés a tout fait pour saboter cette mesure. Dans le cadre de la mise en exécution des conditionnalités de l’annulation de la dette, un calendrier vient maintenant d’être mis en place au niveau du comité de pilotage des réformes de la filière café et d’ici mai 2008, le café burundais sera vendu selon les règles de la concurrence et en suivant les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale. Comme le Deuxième Vice-Président de la République l’a dit lors de sa récente descente au ministère de l’agriculture, il faut que les Burundais se préparent à acheter les stations de lavage, qu’ils se préparent à ouvrir des usines de traitement du thé. Adieu donc les monopoles des courtiers ! »

En toute objectivité, nous avions salué cette position et en étions rassurés. Cependant, nous avons le regret de vous dire que le contrat a bel et bien été signé.  Au moment où nous écrivons ces lignes, ledit contrat a dû être annulé au courant de la semaine passée sur ordre du Deuxième Vice-Président au Ministre de l’Agriculture, sur pression des autorités de Bretton Woods, car rappelons-le, la Ministre des Finances se trouve actuellement à Washington pour la session du printemps de la BM et du FMI. C’est aussi à ce titre que le Deuxième Vice-Président vient d’effectuer une visite à NGOZI au courant de la semaine pour s’entretenir avec les caféiculteurs et tenter de colmater les brèches dans la position gouvernementale. En clair, il s’agit de mettre de l’eau sur le feu allumé par notre cher Président Commissionnaire et son ami MURARA. C’est à croire que le Président soit devenu le torpilleur de l’action gouvernementale dans son ensemble pour ses propres intérêts pécuniaires. 

Nous vous livrerons, dans nos écrits ultérieurs plus de détails sur cette affaire. Cependant, nous profitons de la présente pour attirer l’attention de nos parlementaires, de la société civile et de la communauté des bailleurs sur les magouilles en cours, au niveau de la Présidence de la République, pour la vente de certaines entreprises publiques. Vous aurez remarqué que pour défendre ses positions pour le moins douteuses sur le programme DDR, le Président a invoqué « les exigences de la Banque Mondiale », mais pour le café, il en a fait fi.

Demain, nous parions qu’il va invoquer « les exigences de la Banque Mondiale » pour la privatisation ou plutôt le bradage de nos entreprises publiques. Nous reconnaissons la nécessité du programme de privatisation mais UNE PRIVATISATION DANS LA TRANSPARENCE TOTALE. C’est à ce titre que nous interpellons le Parlement, le Sénat, la société civile et nos partenaires du développement pour veiller à l’application de règles de transparence dans la conduite de notre politique de privatisation.

La Visite du Président en Irlande du Nord : Dans ce que le communiqué de la Présidence a appelé « visite officielle » en Irlande du Nord, nous avons assisté à la télévision burundaise, à un discours sur la Foi de notre Cher Président s’adressant à un auditoire irlandais varié. Notre question est la suivante : depuis quand la FOI du Président NKURUNZIZA constitue un élément de notre politique extérieure ou de la politique de communication du Chef de l’Etat ? Le Burundi est un Etat laïc comme le stipule la Constitution. C’est vraiment HORS SUJET de faire la publicité de sa propre FOI lors d’une visite officielle.

 Si le discours fut prononcé dans un contexte privé, c’est aussi HORS SUJET de le montrer à la télévision burundaise. Les questions de religion et de conduite des affaires de l’Etat doivent être séparées. C’est, à la limite, contre le prescrit de notre Constitution. Nous avons dans ce pays plusieurs confessions religieuses et plusieurs FOI qui relèvent de la vie privée de tout citoyen. Les services de la Présidence ne ratent aucune occasion de nous rappeler que le Président est une « institution » mais apparemment c’est au Président lui-même qu’il faudrait le rappeler. Une autre question qui subsiste lors de cette visite est de savoir en quelle qualité Monsieur Salvator NIZIGIYIMANA est parti avec le Président : en qualité de Directeur Général de l’ONATEL ou en qualité de Président de la Fondation UBUNTU de l’épouse du Chef de l’Etat.

 En effet, on a remarqué que les visites « officielles » du Président NKURUNZIZA servent à faire du « fund raising » pour la fondation UBUNTU qu’à stimuler l’aide au développement du Burundi. En effet, c’est intéressant de voir comment le Président continue à faire du marketing pour des investisseurs au Burundi, alors que le pays ne dispose pas d’un Code des Investissements et que par ailleurs il ne fait rien pour promouvoir le secteur privé burundais, bien au contraire. Cela confirme qu’il agit non pas en tant que Président Entrepreneur, mais assurément en tant que Président Commissionnaire.

Affaire Falcon : Nous attendons toujours de savoir si le Président NKURUNZIZA va enfin recevoir la Commission d’Enquête Parlementaire sur cette affaire. Nous restons convaincus que ladite Commission ne pourra conclure dans la vérité et l’objectivité sans recevoir la version du Président de la République dans cette affaire. En effet, toute cette affaire tourne comme nous l’avons toujours dit, sur le Chef de l’Etat. Est-ce la peur des conclusions de la Commission d’enquête qui fait que le CNDD FDD semble vouloir saboter le fonctionnement de nos institutions ? Affaire à suivre.

Le Frodebu et l’Uprona : Nous nous réjouissons de la lettre au Président de l’Assemblée Nationale des groupes influents au sein du Parlement. Cependant, nous nous inquiétons du manque de cohérence de ces deux partis (Uprona et Frodebu) dans ses positions, contrairement au groupe Epris du Respect de la Loi, qui jusqu’à maintenant se distingue par la cohérence de ses positions et de son idéologie, ainsi que de sa propre cohésion interne. En effet, ce groupe qui est aussi qualifié de pro-RADJABU brille par sa cohésion interne et sa détermination malgré l’exclusion de ses membres de tous avantages au Parlement (missions à l’étranger…), les licenciements de leurs supporters et les manipulations de tous genres (corruptions, …). On ne peut qu’espérer que si tous les groupes travaillaient main dans la main, ils seraient capables d’imposer le respect de la Loi et de l’ordre constitutionnel dans nos institutions.

Les magouilles à la Police Nationale : A ce sujet, nos interrogations vont sur le sort réservé à certains officiers de la Police Nationale comme le Colonel David NIKIZA. Ce dernier, qui était pressenti à la démobilisation du fait de son handicap physique, vient de se voir confirmé et même promu. Raison : il fait partie du dispositif de répression de l’opposition politique, avec le Directeur Adjoint de la Police Gervais, le surnommé NDAKUGARIKA, ces deux hommes ne rendent compte qu’au tristement célèbre Adolphe NSHIMIRIMANA, patron des services de renseignement (SNR) du Burundi, coordinateur principal de la machine de répression du pouvoir NKURUNZIZA. Rappelons que Gervais, le surnommé « NDAKUGARIKA » a occupé le poste de Directeur Adjoint des SNR avant d’être nommé numéro deux à la Police Nationale. C’est à ces deux hommes qu’incombe la mission de répression de l’opposition politique et de la population. On ne peut s’empêcher de se demander le rôle que joue le Directeur Général de la Police, quand on voit ces deux hommes travailler exclusivement sous les ordres d’Adolphe NSHIMIRIMANA. Une marionnette ou une couverture pour le patron des SNR ? Affaire à suivre.

Affaire MUYINGA : Certaines sources font état de l’imminence de poursuites judiciaires internationales dans le cadre de la Cour Pénale Internationale pour toutes les hautes personnalités impliquées dans ce dossier d’assassinats froids de plus de 30 personnes par la machine à tuer de l’Etat. Le Président NKURUNZIZA serait aussi appelé à comparaitre en qualité  de Commandant Suprême et Magistrat Suprême de la République du Burundi. On verra s’il va encore invoquer les autres affaires non élucidées de notre pays (assassinats de NDADAYE, tueries de 1972, etc…) qui attendent toujours la Commission Vérité Réconciliation. Affaire à suivre.

Complot pour assassiner l’Honorable Hussein RADJABU : Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les locataires de la prison de MPIMBA ont assisté à un renforcement de la sécurité autour de la prison, pour le moins suspect. En effet, le motif officiel donné à la garde normale de la prison était qu’ils redoutaient une tentative d’évasion de l’Honorable Hussein RADJABU. Absurdes raisons qui portent plutôt à croire que le pouvoir serait en train de planifier son assassinat en fomentant un montage sur son évasion. C’est fort possible surtout que le nommé GAHUNGU Bertin, un des artisans du montage sur l’emprisonnement de l’Honorable Prisonnier Politique, est aujourd’hui Commissaire Adjoint des Affaires Pénitentiaires. Selon toute analyse politique sérieuse, l’Honorable Hussein RADJABU n’a pas intérêt à s’évader. Au contraire, il a intérêt à se battre sur le plan purement politique car aujourd’hui tout le monde s’accorde pour dire qu’il est victime d’un complot politique. S’évader ferait le jeu du pouvoir qui le présenterait comme un vulgaire criminel alors que pour le moment son aura politique reste intacte.

Les démarches de NGENDAKUMANA Jérémie et NSESEMA Jean Marie Pascal : Voilà deux leaders du CNDD FDD qui se distinguent par leurs démarches de rançonnements et de chantage envers les cadres du secteur public membres ou pas du CNDD FDD. Pour un oui ou pour un non, ils accusent les cadres d’être pro-RADJABU en les menaçant de licenciements s’ils ne font pas un geste pour le parti (en réalité pour eux-mêmes). Ainsi, on les voit souvent dans les coulisses et les ascenseurs des services publics pour quémander telle ou telle faveur. Ce chantage touche même les directeurs provinciaux de l’Education à l’intérieur du pays, sans oublier les dirigeants du secteur privé qui ont aussi font l’objet de telles démarches. Est-ce de ce CNDD FDD fort dont parlent NSESEMA et Onésime NDUWIMANA ? Sûrement, car en confondant le fruit de ses rançons, l’Honorable NSESEMA ne peut que VANTER le CNDD FDD qui lui permet aujourd’hui de jouir d’un standing de vie jamais rêvé dans sa vie. Cependant, le vrai CNDD FDD dont il parle est en train de descendre à des niveaux de popularité tellement bas qu’il est dur de l’appeler PARTI AU POUVOIR. Les historiens et les politologues y trouvent là matière à des recherches plus poussées pour expliquer une telle décadence politique. La grogne de la plupart des cadres fait mal car ils n’ont d’autre choix que de se livrer à des malversations économiques pour honorer les appétits de ces leaders du CNDD FDD.