L’ENFER SOMALIEN

 Burundi news, le 31 mars 2007

Par Gratien Rukindikiza

Les conflits en Afrique durent longtemps et finissent par inciter la communauté internationale à tenter des résolutions. Le conflit somalien date de la chute du général Siad Barré. Après sa chute, aucune personnalité n’a pu récupérer le pouvoir. Les Américains ont tenté de ramener de l’ordre sans succès. Le Burundi a accepté la demande de la communauté internationale, surtout de l’Union africaine et des Américains d’y envoyer les troupes.

La Somalie est une terre inconnue pour les Burundais. Elle ressemble au Burundi mais  avec un intégrisme renforcé.

La Somalie, pays des mille divisions

En Somalie, deux grands clans composent le paysage politique. Ils se disputent le pouvoir depuis la chute de Siad Barré. Ce sont des Hawiye et des Darod. Les deux clans s’affrontent et rivalisent. Le sang a déjà coulé surtout quand les Darod, venus des provinces, ont conquis la capitale. Les Hawiye, surtout le sous clan des Habergadir, ont le réflexe d’auto défense face aux Darod. Mogadiscio est considéré comme leur ville. L’entrée des Darod dans Mogadiscio est comme une provocation. Un sous clan des Habergabir nommé Ayr est réputé très guerrier. Il tente de contrôler le pouvoir.

Comme les islamistes sont surtout des Habergabir, la chasse des islamistes de Mogadiscio par les Ethiopiens et l’installation du pouvoir dirigé par un Darod dans Mogadiscio a soudé les Habergabir. Ce pouvoir a une armée composée des milices Darod. Ainsi, les Hawiye en général, considèrent qu’ils ont été attaqués. Une nouvelle alliance vient de se créer. Les Ayr, un sous clan du sous clan des Hawiye vient de s’allier avec les islamistes et des hommes d’affaires pour chasser le pouvoir d’un Darod et les troupes étrangères. 

Un pacte secret des Ougandais en Somalie

L’Ouganda a envoyé 1 800 militaires à Mogadiscio pour aider le pouvoir à ramener le calme. A leur descente d’avion, ils ont subi des attaques considérées comme  le baptême de feu. Depuis, les Ougandais ne sont plus attaqués. Ils restent cantonnés et ne participent pas aux combats. Les Ougandais ont été réalistes. Ils ont compris qu’ils sont entrés dans un véritable bourbier. Pour gagner du temps sans perdre la face, ils ont négocié avec les islamistes et les clans concernés un accord de non agression. Ils vont encaisser l’argent de la communauté internationale sans participer aux combats. Les Ethiopiens et les Darod devront se débrouiller seuls.

Et les Burundais ? Vont-ils se battre ou négocier comme les Ougandais ?

Soutiens inattendus des islamistes Somaliens de plus en plus forts

Les islamistes n’ont pas en réalité quitté Mogadiscio. Certains éléments ont fait un repli tactique pour se ravitailler et chercher de nouvelles armes adaptées aux nouvelles conditions de guerre depuis l’entrée à Mogadiscio des Ethiopiens.

L’armement des islamistes est impressionnant. D’où viennent les armes et les financements ?

Ce sont les pays arabes du golfe qui financent les islamistes. La logique voudrait qu’ils financent le gouvernement de transition. Ces monarchies sont en alerte permanente pour contrer les attentats des islamistes de Ben Laden. Pourtant, ils financent d’autres islamistes.

La raison se trouve dans l’islamisme des Somaliens. Ils sont moins radicaux que Ben Laden et les monarchies les financent pour bloquer les relations entre ces islamistes Somaliens et Al Quida. Ils savent que celui qui contrôle la corne de l’Afrique contrôle aussi la route du pétrole.

Le rapport des forces change sur le terrain avant l’arrivée des militaires du Burundi

La guerre vient de franchir un cap avec un hélicoptère éthiopien abattu dans la zone où se trouve les Ougandais. Les Ethiopiens perdent la maîtrise du ciel. Ils auront peur de ces nouvelles armes. Les islamistes et les Ayr se battent désormais avec des missiles, des armes antichars derniers cris. Les kalachnikov et les lances roquettes RP7 sont des dotations de chaque famille dans Mogadiscio. Ils sont devenus comme des lances et des machettes au Burundi.

La nouvelle offensive contre les forces étrangères et les milices des Darod inquiète les Ougandais qui ont déjà demandé des renforts même s’ils ne participent pas dans les combats. Entre temps, les militaires Burundais se préparent. Si les Burundais ne sont pas inquiets de cette nouvelle évolution du conflit somalien, c’est sûrement qu’ils leur manquent des informations.

Les Ougandais et les Ethiopiens aimeraient sortir de Mogadiscio alors que les Burundais veulent y entrer.

Mieux vaut jamais que tard, tous les prétextes seront bons pour ne pas y aller. L’enfer somalien sera le Vietnam de ceux qui voudront jouer le rôle des Américains à Saigon au Vietnam.