LES ERREURS STRATEGIQUES DU PRESIDENT NKURUNZIZA

Burundi news, le 17/04/2011

Par Gratien Rukindikiza

Après les tricheries aux élections communales de 2010, le processus électoral a été une simple formalité du parti au pouvoir mais avec moins de 40 % de la population. Le Président Nkurunziza a été réélu par la CENI qui l'a confirmé au pouvoir et a validé les tricheries électorales. Le Président Nkurunziza a su que son parti n'a eu un score égal au score du MSD, de loin celui du FNL de Rwasa. Cela fait partie du rapport qu'il a reçu de ses services. Au lieu d'en tenir compte pour la suite des évènements, il en a fait une vengeance au peuple burundais du genre "Vous n'avez pas voté pour moi, je reste au pouvoir et vous verrez".

Tolérance de la corruption à 100 %

Nkurunziza sait que son pouvoir a déçu surtout en matière de lutte contre la corruption. Son deuxième mandat est un mandat d'excellence dans la corruption. Dans tous les secteurs, c'est la corruption. Elle se généralise et le Président devient un spécialiste qui goûte à tous les dossiers importants.

Si le Président avait engagé une lutte contre la corruption avec le nouveau mandat, au moins, le peuple aurait dit qu'il a servi à quelque chose. A la déception des urnes, il ajoute la déception du peuple. A la tricherie, il met le sel de la corruption; un mépris au peuple burundais.

La démocratie enterrée, vive le parti unique!

Quand on est un bon joueur, après avoir truqué un match, on ne démantèle pas les équipes de la division. Nkurunziza joue au football. A moins qu'il ne comprenne pas ce que signifie l'esprit sportif. Comment se peut-il qu'un homme normal puisse penser que pour exister il doit éliminer les autres? Aujourd'hui, seul le parti CNDD-FDD est autorisé à organiser ses activités politiques. Les autres partis tolérés sont les seuls partis satellites du CNDD-FDD, y compris l'Uprona qui traîne dans les pattes du CNDD-FDD pour avoir le poste de la 1 ère Vice-Présidence.

La stupidité du pouvoir n'a pas de limite. Ce pouvoir prépare une loi pour demander aux partis politiques de considérer qu'ils n'existent pas pour aller se faire agréer de nouveau. C'est comme si on disait à un Burundais de 40 ans ou 10 ans de considérer qu'il est mort et qu'il vient de renaître. On lui demanderait alors d'aller se faire inscrire à l'état civil dans le registre de naissance. Ainsi, il perdrait tout son passé. Il fallait y penser. Bravo l'intelligence des stratèges du CNDD-FDD. Penser à cela donne les explications de la descente aux enfers du pays.

Demain, Nkurunziza va changer la constitution pour lui permettre d'être Président à vie. Au nom de son "Dieu" qui l'a investi! Sauf que ce Dieu ne peut en aucun cas remplacer le peuple burundais, seul souverain sur son territoire. Karl Marx avait écrit de son temps que la religion est l'opium du peuple. D'autres ont su l'appliquer.

Qui ne m'aime pas regrettera, théorie du pouvoir

Les tueries dans Bujumbura rural organisées par la police et la Documentation nationale sont devenues de vraies massacres généralisés recevables à la cour internationale. Ces tueries sont planifiées contre un groupe de gens des partis de l'opposition. Les responsables de la police qui les organisent sont connues et sont couverts par le Président Nkurunziza. Le peuple est en train de payer son refus de voter pour Nkurunziza; un véritable bras de fer. Saura-t-il se défendre? Wait and see.

Aujourd'hui, le peuple souffre. Les jeunes qui terminent les écoles n'ont pas de travail. Seuls les membres du parti CNDD-FDD sont embauchés dans le secteur public. Ils doivent aussi s'engager à verser 10 % du salaire au parti CNDD-FDD ou aux responsables de ce parti.

Les hommes d'affaires sont étranglés. Ils doivent affronter cinq commerçants qui sont alliés avec les dignitaires au pouvoir. Ces commerçants ne paient pas les  taxes de douanes. Le climat des affaires est malsain. L'Etat paie les factures aux fournisseurs au plus corrompant.

Remboursez Monsieur le Président les 2 milliards aux caisses de l'Etat

Pendant la campagne électorale, le ministère des finances a débloqué 2 milliards de francs bu d'une façon illégale. L'argent devait transiter par la caisse noire de la Documentation pour entrer dans la caisse du parti CNDD-FDD. Le circuit a été autre. Le Président Nkurunziza n'a pas permis que cet argent se volatilise dans les dépenses du parti. Il l'a tout simplement mis dans ses poches. Après le retrait des partis politiques de l'opposition, Nkurunziza est resté seul candidat. Il a jugé bon de garder pour lui cet argent, à défaut de l'utiliser dans la campagne.

Les généraux issus du CNDD-FDD ont piqué une colère car ils n'avaient pas eu des parts sur ce gâteaux de 2 milliards de francs bu. Le Président Nkurunziza a répondu qu'ils ont placé leurs femmes au Parlement ou ailleurs; donc qu'ils ne devaient pas s'intéresser à ces deux milliards.

Les choses se gâtent pour Nkurunziza. La ministre des finances n'a aucun document justificatif de ces deux milliards. Soit, il faut les rembourser; soit il faut produire une facture d'un fournisseur. Aux dernières nouvelles venant du ministère des finances, ces factures manquent toujours. Au ministère, ils se demandent s'il y aura un commerçant qui osera se mettre une corde au cou en facturant une prestation fictive de ce montant. Une chose est sûre, la facture fictive ne restera pas cachée si elle est produite. Tout commerçant qui la produira devra répondre à la justice tôt ou tard.

Allez dans le sens du peuple,  Monsieur Nkurunziza

Si le Président Nkurunziza suit l'actualité, il devra comprendre que l'ancien Président ivoirien n'a pas été honoré par son attitude. Le pouvoir est comme la drogue. On ne sait pas si on prend trop pour arrêter. Il faut savoir se retirer quand on comprend que les moments changent. La situation est grave au Burundi. Le Président Nkurunziza n'a pas besoin de sauver le Burundi. Il sauve son pouvoir.

Aujourd'hui, le fruit est mûr et il est aussi pourri. Il peut tomber d'un moment à l'autre. A quoi bon de tenir sur l'arbre un fruit mûr. Il faut qu'il tombe au moment où il sert encore à quelque chose plutôt que de tomber au moment où le pourrissement a atteint toutes les parties du fruit. 

Le pouvoir de Nkurunziza a perdu la légitimité avec les urnes par le biais des tricheries. Il perd la légitimité aussi avec le mépris du peuple. Moubarak, ancien Président d'Egypte avait été élu lors des élections qu'il avait trichées. Le peuple l'a chassé.

Le Président Nkurunziza a manqué de conseillers, capables de lui dire la vérité. Il s'entête dans ses erreurs qui ne font que précipiter son pouvoir dans un gouffre. Est-ce que le peuple le suivra dans ses erreurs destructrices de la nation burundaise? Qu'est-ce qui peut changer au Burundi?

A suivre.